Synopsis : En 1984, à Hawkins dans l’Indiana, un an a passé depuis l’attaque du Démogorgon et la disparition d’Onze. Will Byers a des visions du Monde à l’envers et de son maître, une créature gigantesque et tentaculaire. Plusieurs signes indiquent que les monstres vont franchir le portail et revenir sur la ville.
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Après le succès surprise de la première saison de Stranger Things en 2016, Netflix a déroulé un plan marketing millimétré pour la sortie de cette saison 2, entre surexposition publicitaire et sortie internationale pour Halloween. En conséquence, cette nouvelle salve d’épisodes était fermement attendue au tournant. Comment renouveler en effet cette pépite nostalgique ? La réponse des frères Duffer est claire : ne rien changer aux ingrédients de base, mais faire plus grand, plus impressionnant. Cette saison va ainsi au-delà de la nostalgie, car elle s’avère plus réfléchie, plus dure, plus tendue. Elle est aussi plus lente à démarrer, avec comme élément déclencheur les visions de Will (Noah Schnapp, enfin exploité à sa juste valeur), confronté à une nouvelle entité maléfique au design lovecraftien. En revanche, les thématiques restent inchangées. Dans la lignée du cinéma de Spielberg, les frères Duffer placent une confiance absolue en cette bande de gosses, partis en croisade à vélo contre les ténèbres et l’irresponsabilité des adultes (les scientifiques de Hawkins). On retrouve le thème du traumatisme (celui d’Eleven et de Will) qu’il faut surmonter pour finalement grandir. Plus mature, l’action se révèle également plus violente, même si les Duffer se gardent bien de trop en montrer, ce qui leur exilerait une partie du public Netflix. La narration prend le temps de développer la mythologie de la série en diversifiant les intrigues, notamment par le biais de révélations sur le passé d’Eleven (Millie Bobby Brown, nouvelle icône de la pop culture, ici plus redoutable que jamais). Le temps d’un épisode entier, celle-ci nous fait explorer une autre facette de la série, offrant des perspectives réjouissantes pour la suite, en introduisant le personnage de Kali, « sœur » d’Eleven, également dotée de pouvoir psychiques. Cet aparté, évoquant la dualité Charles Xavier/Magneto, les ennemis intimes de X-men, est l’occasion de souligner les différentes façons d’utiliser ce pouvoir psychique ; en succombant à la vengeance ou au contraire en choisissant de l’utiliser par altruisme. On attend de voir ce que cette sœur vengeresse prendra comme ampleur dans la troisième saison.
Elle aussi réussie, l’intrigue de Nancy et Jonathan (Natalia Dyer, Charlie Heaton), cherchant à faire tomber le laboratoire, est révélatrice d’une époque. Celle de l’Amérique reaganienne post-Watergate qui, face à une URSS en déclin, cherche de nouveaux ennemis en son sein. Entre complotisme et écoutes téléphoniques, cet arc évoque la thématique des autorités cachant la présence du surnaturel, sujet qui annonce le succès des séries, comme X-Files, dans les années 90. La relation entre les personnages récurrents (adultes et enfants) est également plus intéressante et surtout plus profonde et émotionnelle. David Harbour est impressionnant et même touchant, en flic hanté à la recherche d’une fille de substitution. En témoignent les conflits entre lui et Eleven. On retient également les seconds couteaux comme Steve Harrington (Joe Keery), ex-petit ami de Nancy reconverti en « baby-sitter » efficace. On est cependant parfois lassé de voir Winona Ryder, cloisonnée dans son jeu erratique. Les ajouts de Sadie Sink (MadMax) et Dacre Montgomery (Billy) amènent un sang neuf appréciable, mais leurs personnages n’apportent pas grand-chose à l’intrigue. Enfin, le personnage de Sean Austin, plaisant à revoir après avoir marqué les esprits dans Les Goonies, reste relativement superflu, ne servant que de prétexte pour relancer la tension dramatique dans le dernier tiers.
L’autre marque de fabrique de la série est bien sûr son catalogue de références. À nouveau, le show a été pensé comme une gourmandise visuelle et narrative, immédiatement gratifiante pour quiconque s’intéresse à la pop culture et qui remarquera les clins d’œil aux films cultes de la décennie 80. Outre Spielberg, les citations, explicites ou non, se multiplient au fil des épisodes, comme Ghostbusters, Les Guerriers de la Nuit, Terminator, Les Dents de la Mer, Stand By Me ou encore Halloween de John Carpenter. Chacun y trouvera sa madeleine de Proust. Les références sont utilisées de manière plus pertinente dans les derniers épisodes. Si la première saison évoquait Alien, dans sa construction horrifique et dans l’unicité de la menace (le Demogorgon), ce deuxième chapitre débouche sur une célébration à Aliens, avec déjà d’une part la présence de Paul Raiser. Les derniers épisodes sont résolument orientés action et voient la multiplication des menaces, conformément à la direction que Cameron avait pris avec la suite. Ainsi, la création du monstre du la saison 1, incarné par un homme en costume, laisse place ici aux effets numériques avec les demodogs, nouveaux avatars du upside down, parfaitement animés, bien que leur design manque d’originalité. Les scènes dans les souterrains vénéneux de la ville et de chasse dans le laboratoire sont autant de citations des péripéties de Ripley dans la colonie.
La bande-son, à nouveau assurée par Kyle Dixon et Michael Stein, flirte encore une fois avec la perfection, entre créations originales aux nappes synthwave et titres des Scorpions, Clash et autres Metallica. L’image en full HD, désormais inhérente aux productions Netflix, est également un élément appréciable, qui vient faire honneur à l’upside down toujours plus inquiétant, organique et grouillant. si cette saison manque parfois de subtilité, elle se regarde avec un réel engouement. Car Stranger Things est bien à l’image d’Halloween, une réjouissance certes commerciale, qui ne fait pas vraiment peur, mais qui promet son avalanche de plaisirs sucrés.
- STRANGER THINGS
- Chaîne / Plateforme : Netflix
- Créateurs : Matt et Ross Duffer
- Avec : Finn Wolfhard, Millie Bobby Brown, Winona Ryder, David Harbour, Noah Schnapp, Caleb McLaughlin, Gaten Matarazzo, Sean Astin, Paul Raiser, Natalia Dyer, Charlie Heaton, Sadie Sink, Joe Keery, Dacre Montgomery, Cara Buono,…
- Format épisodes : 9 x 50 minutes
- Saison 2
- Diffusion : 27 octobre 2017