Résumé : Dans les années 1980, le cinéma de guerre et d’action connait un renouveau inattendu. Avec John Rambo, l Amérique de Reagan, mais plus globalement le monde occidental, démocratique et libéral s est trouvé une icône, une vitrine de chair et de muscles, une carte de visite guerrière, tendue à l empire du mal et à un bloc sur le point de fondre dans un verre de Coca-Cola. En deux apparitions cinématographiques seulement, Rambo: First Blood de Ted Kotcheff (1982) puis Rambo: First Blood Part II de George Pan Cosmatos (1985), la machine de guerre est entrée dans l imaginaire collectif, a généré des codes et un décorum que ses clones ne cesseront d observer avec la méticulosité du faussaire. Retour dans l enfer vert de la Rambosploitation en plein âge d or vidéo locatif, où Rambo, ses clones et ses frères d armes livrèrent une bataille sans merci sur fond de guerre froide.
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La récente (re)découverte de certains films longtemps conspués par la critique institutionnelle a permis d’élargir les territoires des genres cinématographiques. Ainsi de la « Rambosploitation » dont Claude Gaillard, déjà auteur chez Huginn & Muninn d’une Histoire de la sharksploitation (2018), trace ici les grandes lignes. De Rambo II à Rambo III, le cinéma de guerre du cinéma bis se dévoile. Au cœur des eighties, en plein néoconservatisme reaganien, l’Amérique cherche à retrouver son innocence perdue dans le bourbier vietnamien. Paradoxalement, ce sera par les armes que cette entreprise de reconquête prendra corps. Aux côtés de Sylvester Stallone, Chuck Norris et Arnold Schwarzenegger, l’Oncle Sam gonfle les muscles et fait le plein de munitions. Les adorateurs de nanars seront aux anges. Kitsch (plus ou moins) délibéré, violence ostentatoire, répliques frisant le ridicule, et autre invraisemblances historiques sont mis à l’honneur à travers une recension pointue qui accueille à la fois productions américaines, italiennes et philippines. Au-delà de la profusion de synopsis qu’agrémente la présence de nombreuses illustrations, Gaillard s’emploie à décrire les grandes figures du sous-genre (Reb Brown, Richard Norton, Mark Gregory…) par le biais d’encarts prenant la forme de notules biographiques. L’idée est intéressante et s’accompagne de quelques anecdotes disséminées ici et là, ainsi que d’un vaste (quoique assez général) retour historique sur l’évolution de ces productions outrancières à souhait. Âge d’or et crépuscule de la rambosploitation encadrent logiquement la structure de l’ouvrage, tandis que l’auteur cherche à prolonger sa réflexion en étudiant les hybridations et écarts (Rambo côté X) naturellement convoqués par son objet d’étude. Si au cours d’un bref mais instructif passage Gaillard propose une description iconographique consacrée aux affiches, on peut regretter que cette approche analytique n’ait pas été plus longuement appliquée aux films eux-mêmes. De fait, la rambosploitation se limite à un vaste amas de métrages dans lequel il aurait convenu de séparer le bon grain de l’ivraie afin d’opérer une distinction qualitative au sein de cette foisonnante filmographie. Reste que cet ouvrage se présente comme une base assez solide pour découvrir un pan cinématographique encore trop méconnu. Dans cette perspective, la présence du DVD de L’Ultime combat apparaît comme un bonus particulièrement enrichissant.
- DANS L’ENFER VERT DE LA RAMBOSPLOITATION
- Auteur : Claude Gaillard
- Édtions : Huginn & Muninn
- Collection : Génération VHS
- Date de parution : 1er novembre 2018
- Format : 160 pages
- Tarif : 24,95 €