Résumé : Dans un style simple et vif, l’auteur nous immerge au coeur des films de Woody Allen avec un point de vue strictement existentiel. Loin d’être un ouvrage théorique, ce livre revisite la filmographie du célèbre cinéaste new-yorkais avec l’ambition de lui rendre sa réelle ampleur. Avec un grand luxe de détails, l’auteur indique comment le cinéaste interroge toutes les illusions qu’entretient soigneusement l’être humain sur lui-même et sur le monde (sur son identité, sur l’amour, sur la rationalité…) et parvient à en saisir les subtilités en s’appuyant concrètement sur de nombreuses scènes et des dialogues-clefs.
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Cette étude consacrée à Woody Allen affiche une ambition d’exhaustivité tout a fait enthousiasmante. Du général au particulier, Yannick Rolandeau, enseignant, scénariste, réalisateur de courts métrages et déjà auteur d’ouvrages consacrés à Quentin Tarantino ou à la Nouvelle Vague, propose un large panorama d’une œuvre dont la prolixité continue d’étonner, année après année, film après film. En structurant son ouvrage en deux parties distinctes (l’esthétique et les thématiques, précédé d’un court chapitre consacré à l’approche idéologique d’Allen), l’auteur affirme un désir de clarté et de cohérence tout à fait louables. De fait, l’ensemble de la filmographie du cinéaste se retrouve ici analysée dans le détail par un découpage film par film ou par le biais de pistes de lecture transversales. New York, le jazz, le couple, ou des problématiques plus générales comme la mort, l’art, la religion et la politique assurent à l’ouvrage un certain éclectisme qui vise une représentation globale de son objet d’étude. Le propos oscille quant à lui entre objectivité critique et subjectivité cinéphile. Mu par un certain engagement, Rolandeau revient sur l’actualité entourant la figure de l’individu Allen tout en s’attardant ponctuellement sur les raccourcis dont ont souvent fait les frais les films du Allen cinéaste (jugés « bavards » ou trop « intellectuels » par une certaine frange de la presse internationale). Outre l’exploration biographique proposée en première partie, Rolandeau cherche à développer une métaphysique allenienne qui se développe à travers une analyse relativement poussée de sa mise en scène (entre nature et artifices, hasard et coïncidence, réel et mimétisme) qui rejoint des préoccupations plus concrètes (la direction d’acteur, les modalités techniques du tournage ou de l’écriture des scénarios). À ces différentes réussites répondent quelques points négatifs. On regrettera par exemple la présence peu importante d’analyses de séquence, ainsi que l’absence de captures d’écran qui auraient pourtant permis d’appuyer les propos de l’auteur et d’enrichir ses arguments. Par ailleurs, si une filmographie très complète conclue l’ouvrage, la bibliographie proposée accuse certains manques majeurs. Ainsi de la non présence du livre d’entretiens de Michel Ciment (Le cinéma en partage, Rivages, 2014) qui contient pourtant un instructif dialogue avec le réalisateur, ou du collectif Woody Allen dirigé par Gregory Valens (Scope, 2008). Ces éléments mis à part, l’ouvrage de Rolandeau se présente comme une somme qui répondra aux attentes des cinéphiles les plus pointus comme à celles des simples amateurs du cinéma allenien.
- LE CINÉMA DE WOODY ALLEN
- Auteur : Yannick Rolandeau
- Éditions : L’Harmattan
- Date de parution : 2 novembre 2018
- Format : 392 pages
- Tarif : 30 € (papier) – 23,99 € (numérique)