Synopsis : À Détroit, dans les années 80, au plus fort de la guerre contre l’épidémie de crack, voici l’histoire vraie d’un père d’origine modeste, Richard Wershe, et de son fils, Rick Jr., un adolescent qui fut informateur pour le compte du FBI, avant de devenir lui-même trafiquant de drogue, et qui, abandonné par ceux qui l’avaient utilisé, fut condamné à finir ses jours en prison.
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Après l’hilarante série télévisée Dead Set et le bouleversant ’71, Yann Demange quitte le Royaume-Uni, son pays d’adoption, pour s’aventurer dans les rues déshéritées du Detroit des années 1980. Le cinéaste réalise une nouvelle œuvre inspirée de la vie de Richard Wershe Jr., aka « White Boy Rick », adolescent qui défraya la chronique en 1987 pour un important trafic de drogue, alors qu’il avait été introduit dans ce milieu quelques années plus tôt en devenant le plus jeune informateur du FBI à l’âge de seulement quatorze ans. Parmi les nombreux biopics sur les célèbres narco-trafiquants sortis ces dernières années, Undercover : Une histoire vraie interpelle, en partie, à cause de la jeunesse du héros initialement banal, gamin quelconque propulsé dans la criminalité par les autorités policières. Le destin extraordinaire de ce caïd en herbe, qui a également fait l’objet d’un documentaire réalisé par Shawn Rech (A Murder in the Park), prêtait bien à un traitement cinématographique sensationnaliste. Pourtant, il est appréciable de voir que cette facilité est évitée grâce à une mise en scène plutôt simple dégageant une perspective qui tend vers un réalisme. La véracité de l’immersion sur la vie de ce dealer malgré lui entre 1984 et 1987, est étayée par une reconstitution fidèle de l’ambiance des États-Unis sous la présidence de Reagan et surtout de la capitale du Michigan post-effondrement de l’industrie automobile. Le rendu brut de l’image de Tat Radcliffe, déjà directeur photo de Demange pour ’71, apporte une authenticité opposée à la grandiosité clinquante habituelle des drames policiers hollywoodien inspirés de faits réels.
Histoire vraie revisitée à travers un polar mettant la structure familiale au cœur du récit, Undercover : Une histoire vraie est extrêmement bien porté par son casting. Aux côtés de Matthew McConaughey qui joue son père, l’acteur non-professionnel Richie Merritt révèle avec ce premier rôle à l’écran son talent exceptionnel. En plus de cette relation père-fils omniprésente, le script co-écrit par les jumeaux Miller (Shérif Jackson) et Andy Weiss laisse une place primordiale aux liens de famille. Que ce soit à travers les grands-parents (Piper Laurie et Bruce Dern) qui tentent d’apporter le plus grand soutien possible malgré une tendance à ignorer ce qui se passe juste sous leur nez, l’absence de la mère, la grande sœur (Bel Powley) qui s’autodétruit avec ses diverses dépendances ou encore le jeune protagoniste qui découvre lui-même très tôt la paternité, la transmission héréditaire est explorée profondément. Ainsi, le biopic épouse le point de vue du garçon né dans une famille dysfonctionnelle pour devenir indic, puis trafiquant, de manière poignante et émouvante sans pour autant basculer vers le mélodrame surjoué, créant une empathie totale avec le personnage principal.
De la précarité à la ségrégation raciale tacite, en passant par l’impact du trafic de stupéfiants et d’armes sur la population, le long-métrage dépeint habilement une fresque sociale en partant du portrait de son protagoniste. Bien que Undercover : Une histoire vraie mette en scène des faits qui se sont déroulés il y a plus de trente ans, il traite pertinemment des thématiques qui restent toujours d’actualité.
- UNDERCOVER : UNE HISTOIRE VRAIE (White Boy Rick)
- Sortie salles : 2 janvier 2019
- Réalisation : Yann Demange
- Avec : Matthew McConaughey, Richie Merritt, Bel Powley, Jennifer Jason Leigh, Bryan Tyree Henry, Rory Cochrane, RJ Cyler, Jonathan Majors, Eddie Marsan, Taylour Paige, Bruce Dern, Piper Laurie
- Scénario : Logan Miller, Noah Miller, Andy Weiss
- Production : John Lesher, Julie Yorn, Scott Franklin, Darren Aronofsky, Jeffrey Robinov
- Photographie : Tat Radcliffe
- Montage : Chris Wyatt
- Décors : Stefania Cella
- Costumes : Amy Westcott
- Musique : Max Richter
- Distribution : Sony Pictures Releasing France
- Durée : 1h51