Synopsis : Delphine est l’auteur d’un roman intime et consacré à sa mère devenu best-seller. Déjà éreintée par les sollicitations multiples et fragilisée par le souvenir, Delphine est bientôt tourmentée par des lettres anonymes l’accusant d’avoir livré sa famille en pâture au public. La romancière est en panne, tétanisée à l’idée de devoir se remettre à écrire. Son chemin croise alors celui d’Elle. La jeune femme est séduisante, intelligente, intuitive. Elle comprend Delphine mieux que personne. Delphine s’attache à Elle, se confie, s’abandonne. Alors qu’Elle s’installe à demeure chez la romancière, leur amitié prend une tournure inquiétante. Est-elle venue combler un vide ou lui voler sa vie ?
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Sélectionné hors compétition au 70e Festival de Cannes, D’après une histoire vraie de Roman Polanski, adapté du roman éponyme de Delphine de Vigan, avait le potentiel pour devenir un excellent thriller psychologique avec deux comédiennes chevronnées qui se livrent à un jeu de séduction, de fascination et de répulsion des plus ambigus, à l’instar par exemple du Passion de De Palma. Avec Olivier Assayas à l’adaptation et Roman Polanski à la réalisation, D’après une histoire vraie détenait des arguments de poids pour relever ce challenge. Sauf que dès la première apparition du personnage d’Elle (Eva Green), le film prend le parti pris de l’absurde et d’une distance ironique face à cette présence bien plus qu’encombrante. Green la joue d’ailleurs dans ce sens en se livrant à un cabotinage en bonne et due forme s’amusant à jouer la « dérangée », toute en sourire hypocrite et sournois, le tout agrémenté de quelques pétages de plomb. En face d’elle, Seigner ne propose aucune alternative viable. Elle semble, à l’image de son personnage, subir les événements et les assauts répétés de Green. Sa perdition en deviendrait presque grotesque. Dans ce jeu un peu vain de « qui piège qui », il y a tout de même une autre histoire, certainement plus sincère, autour de l’écriture. Il y a d’abord cette peur de la « page blanche », du manque d’inspiration qui s’ajoute à la pression des éditeurs voulant à tous prix capitaliser sur le premier succès, mais aussi celle des fans qu’il ne faut jamais décevoir. Il y a aussi cette quête du livre caché, plus intime et plus fort que n’importe quel autre, que l’on peut facilement extrapoler à l’œuvre ultime, tout art confondu dont Polanski se moque d’ailleurs gentiment. Et puis, il y a ce dialogue entre réalité et fiction, trop peu exploité dans le film, car, au cinéma, l’impression de réel possède une valeur bien différente qu’elle ne l’est dans la littérature, si réaliste soit-elle, mais que le film ne cherche jamais à distinguer ou bien à en explorer les limites. Tout cela semble quelque peu bâclé, comme trop vite monté pour être présent sur la croisette, ce qui est d’autant plus surprenant quand on connaît l’éthique de Polanski et d’Assayas, dont les dernières œuvres ont pourtant illuminé le festival.
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- Note de la rédaction cannoise
- Nathalie Dassa ♥♥♥♥♥
- Philippe Descottes ♥♥♥♥♥
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- D’APRÈS UNE HISTOIRE VRAIE
- Sortie salles : 1er novembre 2017
- Réalisation: de Roman Polanski
- Avec : Emmanuelle Seigner, Eva Green, Vincent Perez, Josée Dayan, Camille Chamoux, Dominique Pinon, Brigitte Roüan, Damien Bonnard, Elisabeth Quin…
- Scénario : Olivier Assayas d’après l’œuvre de Delphine De Vigan
- Production : Wassim Béji
- Photographie : Pawel Edelman
- Montage : Margot Meynier
- Décor : Sandrine Jarron
- Musique : Alexandre Desplat
- Distribution : Mars Films
- Durée : 1h50