Synopsis : Lorsque Alita se réveille sans aucun souvenir de qui elle est, dans un futur qu’elle ne reconnaît pas, elle est accueillie par Ido, un médecin qui comprend que derrière ce corps de cyborg abandonné, se cache une jeune femme au passé extraordinaire. Ce n’est que lorsque les forces dangereuses et corrompues qui gèrent la ville d’Iron City se lancent à sa poursuite qu’Alita découvre la clé de son passé – elle a des capacités de combat uniques, que ceux qui détiennent le pouvoir veulent absolument maîtriser. Si elle réussit à leur échapper, elle pourrait sauver ses amis, sa famille, et le monde qu’elle a appris à aimer.
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L’adaptation du célèbre manga japonais Gunnm a dû s’armer de patience pour voir le jour sur nos écrans. Dans les petits papiers de James Cameron depuis les années 2000, le projet n’a cessé d’être repoussé et le réalisateur de Terminator a fini par confier la mise en scène à Robert Rodriguez. Cameron a co-écrit le scénario et produit, mais n’étant pas une machine, il a dû trancher et se consacre désormais à la réalisation des suites d’Avatar. Fort de son budget de quelques 200 millions de dollars, la première chose qui impressionne dans Alita, c’est son univers. Les rues sont foisonnantes, chaque individu qui les arpente semble avoir sa propre histoire et la direction artistique multiplie les influences multi-culturelles. Visuellement, on a affaire à du cyberpunk haut de gamme. Les années de pré-production n’ont pas été vaines et Alita ne ressemble en rien à un film de commande cynique. On retrouve le thème constant chez Cameron de la transformation du corps. Dans Terminator, il s’agissait du corps invincible. À travers Titanic, on constatait à quel point le temps avait marqué le visage angélique de Rose. Puis Avatar abordait la transcendance de l’enveloppe corporelle. Ici, le corps d’Alita représente le prolongement de son être. L’androïde ne pourra retrouver sa véritable identité tant qu’elle ne sera pas en osmose avec son être propre. On peut être dubitatif quant à l’utilisation de la motion capture sur le visage de Rosa Salazar, elle n’en reste pas moins remarquable.
Le personnage d’Alita brille par son humanité. Son émerveillement enfantin à la vue de Iron City se révèle contagieux et comme elle, on est subjugué par cette ville recelant de vie. Mais à l’image d’Alita, notre innocence trouve ses limites à mesure que l’histoire se déroule. Quelques dialogues viennent entacher le tableau. En conteur humaniste, James Cameron a toujours privilégié des messages frontaux et universels dans ses films. L’émotion avait pour habitude de prendre le pas sur la mièvrerie mais ici, certaines scènes fricotent avec les clichés d’un peu trop près. On pense surtout à l’amourette entre Alita et Hugo. Il s’agit là d’une androïde guerrière et d’un loubard des bas-fonds, mais quand ils ne sont pas en train de manger du chocolat ou de faire du roller, on se surprend à prédire certaines de leurs tirades. Leur relation est le fil conducteur de la trame narrative et elle mériterait un peu plus de piquant. Les qualités de la mise en scène de Rodriguez parviennent à refaire surface à travers les scènes de combats, effrénées mais lisibles. Elles réussissent à retranscrire l’énergie des mangas grâce à un découpage ciselé et une caméra virtuelle affranchie de toute contrainte physique.
Néanmoins, comme on pouvait s’y attendre, la violence extrême de l’œuvre originale a été contenue pour entrer dans le carcan PG-13. On comprend qu’avec un tel budget, se couper d’un jeune public représente un manque à gagner colossal, mais certains des thèmes d’Alita sont d’une noirceur telle qu’ils ne devraient pas être traités de façon édulcorée. En dépit d’un casting de haute volée, les antagonistes manquent de férocité, de vilénie. On pense notamment à Mahershala Ali dont on connaît le jeu habituellement contrasté et qui interprète ici un ennemi trop unilatéral pour être mémorable. Le montage trop fonctionnel ne permet pas de mettre en exergue la complexité et les enjeux de tous les personnages. Et ce n’est pas la bande originale de Junkie XL qui va nuancer la dynamique car elle se révèle trop omniprésente. Si les adaptations de mangas cultes par le cinéma américain ont jusqu’ici été très lissées (Ghost in the Shell), on ne boudera toutefois pas notre plaisir avec le fun et les scènes épiques qui affluent. Et à défaut de se hisser vers le Zalem des blockbusters, Alita demeure un réjouissant divertissement.
Robin Plomb
- ALITA : BATTLE ANGEL
- Sortie salles : 13 février 2019
- Réalisation : Robert Rodriguez
- Avec : Rosa Salzar, Christoph Waltz, Jennifer Connelly, Mahershala Ali, Keean Johnson, Ed Skrein, Jackie Earle Haley, Lana Condor, Jorge Lendeborg Jr., Eiza Gonzalez
- Scénario : Robert Rodriguez, James Cameron, Laeta Kalogridis
- Production : James Cameron, Jon Landeau
- Photographie : Bill Pope
- Montage : Stephen E. Rivkin
- Décors : Steve Joyner, Martin Laing
- Costumes : Nina Proctor
- Musique : Junkie XL
- Distribution : 20th Century Fox
- Durée : 2h02
- Site officiel du film