Ghost in the Shell de Rupert Sanders: critique

Publié par Yvan Lozac'hmeur le 28 mars 2017

Synopsis : Dans un futur proche, le Major est unique en son genre: humaine sauvée d’un terrible accident, son corps aux capacités cybernétiques lui permet de lutter contre les plus dangereux criminels. Face à une menace d’un nouveau genre qui permet de pirater et de contrôler les esprits, le Major est la seule à pouvoir la combattre. Alors qu’elle s’apprête à affronter ce nouvel ennemi, elle découvre qu’on lui a menti : sa vie n’a pas été sauvée, on la lui a volée. Rien ne l’arrêtera pour comprendre son passé, trouver les responsables et les empêcher de recommencer avec d’autres.

♥♥♥♥♥

 

Ghost in the Shell - affiche

Ghost in the Shell – affiche

Avec Ghost in the Shell, le réalisateur de Blanche Neige et le Chasseur s’est vu confier la lourde tâche de réadapter le manga de Masamune Shirow paru en 1989, après le long métrage d’animation devenu culte de Mamoru Oshii en 1995. Les commandes du projet lui ont été remises par Steven Spielberg, détenteur des droits. L’animation japonaise laisse ainsi place au live-action d’Hollywood, offrant l’espoir d’une connexion émotionnelle et une fenêtre plus grande sur la réflexion de l’univers. S’il est parfois difficile de transmettre des ressentis sur un dessin au premier regard, le recours à de véritables acteurs offre un moyen d’expression alternatif plus prolixe. Ghost in the Shell peine pourtant à placer l’audience sous son emprise émotionnelle. L’entrée dans la psyché de Major, la célèbre femme-cyborg d’une section d’élite anti-criminelle, est essentielle pour interroger la profondeur de l’œuvre, à savoir la définition de l’Homme et l’effacement progressif des frontières avec la Machine. Mais l’interprétation de Scarlett Johansson ne parvient pas toujours à faire jeu égal avec sa version animée. Exit la polémique qui a agité la toile l’année dernière. Car ici finalement, ce n’est pas tant le choix de la star ou plus exactement le whitewashing hollywoodien qui pêche, mais plutôt la difficulté de Rupert Sanders à générer l’émotion. Froide et distante, cette transposition reste fidèle sans réellement enrichir son modèle. Le regard philosophique de Masamune Shirow se voit ainsi simplifié et réduit à des thématiques occidentales bien trop conventionnelles. Le récit se réinvente mais manque d’originalité.

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Scarlett Johansson - Ghost in the Shell

Scarlett Johansson – Ghost in the Shell

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Pourtant le tandem Scarlett Johansson et le Danois Pilou Asbæk (son coéquipier Batou) fonctionne et la magie opère face à leur complicité émouvante offrant un peu de chaleur à cet univers cybernétique. Juliette Binoche tire également son épingle du jeu incarnant le Dr. Ouelet dont la prestance fait office de figure maternelle pour Major. Déception en revanche pour Michael Pitt dans la peau de Kuze, un présumé terroriste androïde, dont le personnage peine à prendre l’envergure nécessaire. De même pour le grand Beat Takeshi Kitano, ici sous-exploité et réduit à sa stature iconique. Ghost in the Shell se confronte à d’autres inconvénients. Si la serveuse geisha fait forte impression dès l’introduction, la ville futuriste en elle-même, hybride entre New York et Hong-Kong, impose rarement son caractère propre, renvoyant à Blade Runner, Le cinquième élément ou encore plus récemment Les Nouveaux Héros. Idem pour la partition de Clint Mansell qui se contente de composer des intonations cybernétiques de remix dubstep de la bande originale du film d’Oshii. Quant à l’approche technologique, Ghost in the Shell rappelle souvent Matrix, Cloud Atlas ou encore I,Robot. L’aspect cyberpunk de son modèle perd également ses lettres punks pour se plier à certain conformisme hollywoodien. La faute au PG-13 ? Rien n’est moins sûr.

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Les grands atouts du film de Rupert Sanders restent sa photographie et sa fidélité à l’œuvre originale. Le respect des décors, des costumes, de l’apparence des personnages jusqu’au déroulement de certaines séquences est presque poussé au fétichisme sur certains plans que les connaisseurs reconnaîtront immédiatement. L’intrigue prend d’ailleurs quelques libertés apportant un autre regard sur ces mêmes séquences. Quant à l’action, elle s’avère assez maitrisée et techniquement irréprochable. Si Ghost in the Shell ne sort pas des sentiers battus de l’univers conçu par Masamune Shirow et repris brillamment par Mamoru Oshii, cette nouvelle version, regardée indépendamment, se présente néanmoins comme un blockbuster en live-action assez cohérent, appréciable et visuellement efficace.

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  • GHOST IN THE SHELL réalisé par Rupert Sanders en salles le 29 mars 2017.
  • Avec : Scarlett Johansson, Pilou Asbæk, Michael Pitt, Juliette Binoche, Takeshi Kitano, Yutaka Izumihara, Tawanda Manyimo, Lasarus Ratuere…
  • Scénario : Jamie Moss, William Wheeler, Ehren Kruger, d’après l’œuvre de Masamune Shirow
  • Production : Avi Arad, Ari Ard, Michael Costigan, Steven Paul
  • Photographie : Jess Hall
  • Montage : Neil Smith, Billy Rich
  • Décors : Jan Roelfs
  • Costumes : Kurt Swanson, Bart Mueller
  • Musique : Clint Mansell
  • Distribution : Paramount Pictures
  • Durée : 1h47

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