Synopsis : Monsieur Link est une créature surprenante, étonnamment intelligente et surtout incroyablement attachante. Dernier vestige de l’évolution humaine et unique représentant de son espèce, Monsieur Link se sent seul. Pour l’aider à retrouver ses parents éloignés, il approche l’explorateur Sir Lionel Frost, le plus grand spécialiste des mystères et des mythes. Accompagnés par l’aventurière Adelina Fortnight qui possède l’unique carte qui leur permettra d’atteindre leur destination secrète, ils se lancent dans une odyssée à travers le monde.
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Au XIXème siècle, un aventurier anglais aide un Sasquatch de l’Amérique, considéré par la science comme le chaînon manquant, à retrouver ses semblables, les Yétis de l’Himalaya. Chris Butler (L’Étrange pouvoir de Norman, Kubo et l’Armure magique) s’adresse ici aux amoureux des monstres attachants et nous conte l’histoire de Monsieur Link, sorte de singe immense parti à la recherche des siens. Avec ses deux mètres quarante et ses trois cent kilos au compteur, l’attachante et naïve montagne de poils aux allures de Yéti roux se sent bien seule. Accompagné de l’illustre et so british explorateur Sir Lionel Frost —sur la piste du Sasquatch—, cet étrange mammifère se lance alors dans un trépidant périple pour essayer de retrouver des membres de son espèce disparue. Adelina, beauté exotique, possède quant à elle la carte qui permettra aux deux héros d’atteindre leur destination secrète. Cette fable burlesque, désopilante et techniquement irréprochable, portée en VF par les voix d’Éric Judor (le mélancolique Link) et de Thierry Lhermitte (l’infatigable Frost, obsédé par les mythes et les légendes fantastiques), aborde notamment les thèmes de la tolérance et de la confiance en soi. L’animation en stop-motion dans le style de Coraline, Les Boxtrolls ou encore Kubo et l’Armure magique est un pur délice. Malgré quelques défauts concernant le scénario, dont une intrigue convenue, un récit plutôt linéaire dans le déploiement classique des péripéties et un épilogue rocambolesque et un méchant assez caricatural (Lord Piggot-Dunceby), on apprécie la fantaisie, la chatoyante palette de couleurs, la beauté des paysages et des décors, ainsi que la dynamique insufflée par Monsieur Link tout en regrettant que Chris Butler n’ait pu creuser davantage les sentiments de ses protagonistes.
L’aventure —qui au passage séduira les plus jeunes— située à l’époque victorienne, est donc moins poétique, moins inventive qu’à l’accoutumée. Pourtant, tout au long de cette expédition à la Jules Verne mise en musique par Carter Burwell (Ave César !, Le Fondateur, 3 Billboards – Les Panneaux de la vengeance), le spectateur, amusé, est amené à réfléchir sur cette mise en abyme de la chasse et la cruauté de l’homme à l’égard du Sasquatch. Les clins d’œil ne manquent pas et enrichissent agréablement le récit : il reconnaîtra notamment le monstre du Loch Ness, La création d’Adam de Michel-Ange —détail du plafond de la Chapelle Sixtine—, ou les répliques de Thierry Lhermitte dans Le Père Noël est une ordure (« C’est cela oui ») et d’Éric Judor (« C’est de toute beauté ») dans La Tour Montparnasse infernale.
On se réjouit des bonnes idées qui jalonnent ce Monsieur Link telles que la parodie du monde civilisé, s’opposant à l’harmonie de la nature, qui tourne ici au western, le pastiche du traditionnel film d’aventures, la touche d’humour (Adeline refusant le baiser hollywoodien final, par exemple) ou encore le message environnemental. La différence contribue à la beauté du monde comme l’illustre cette nouvelle production des studios Laika. Une odyssée familiale colorée, rythmée, cosmopolite, drôle et touchante. Un bon divertissement.
- MONSIEUR LINK (Missing Link)
- Sortie : 17 avril 2019
- Réalisation : Chris Butler
- Avec les voix américaines : Hugh Jackman, Zach Galifianakis, Zoe Saldana, Emma Thompson, Timothy Olyphant, David Walliams, Stephen Fry, Matt Lucas, Amrita Acharia, Ching Valdés-Aran
- Scénario : Chris Butler
- Production : Arianne Sutner, Travis Knight
- Photographie : Chris Peterson
- Montage : Stephen Perkins
- Décors : Nelson Lowry
- Costumes : Deborah Cook
- Musique : Carter Burwell
- Distribution : Metropolitan FilmExport
- Durée : 1h32