Synopsis : Dans les années 1950, Ray Kroc, prospecteur en constante recherche d’innovation rencontre les frères McDonald, propriétaires d’un petit restaurant de burgers en Californie. Bluffé par leur concept, Ray leur propose de franchiser la marque et va s’en emparer petit à petit pour bâtir l’empire McDonald’s que l’on connaît aujourd’hui.
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En cette fin d’année 2016, la nourriture est décidément à l’honneur au cinéma. Après les aventures irrévérencieuses des aliments de Sausage Party, c’est au tour de la malbouffe de McDonald’s d’avoir droit à son biopic. Basé sur l’histoire vraie de cette modeste chaîne de fast-food devenue empire de la restauration rapide, le scénario de Robert D. Siegel, boudé depuis plus de deux ans par les studios, a enfin trouvé preneur en la personne de John Lee Hancock, réalisateur entre autres de The Blind Side et Dans l’ombre de Mary. Représentant ultime de la globalisation à outrance, il était assez étrange que la multinationale McDonald’s, qui nourrit chaque jour plus d’1% de la population mondiale, n’ait pas fait avant l’objet d’une adaptation au cinéma. Avec Le Fondateur, c’est désormais chose faite. Le film raconte l’ascension fulgurante de cette petite entreprise américaine fondée par les frères McDonald en 1937. Souhaitant réduire au maximum le temps d’attente imposé à leur clientèle, Richard et Maurice McDonald mettent au point un concept de préparation révolutionnaire, le « Speedee Service System ». Les deux frères voient grand, mais soucieux de la qualité des produits qu’ils vendent, ils s’interdisent d’élargir leur chaîne de restaurant au-delà de l’État de Californie, pour ainsi garder une mainmise totale sur leur société. C’est alors que Ray Kroc, vendeur itinérant de turbo-mixer, croise sur sa route les frères McDonald. Charmé par le modèle exceptionnel et le succès de leur bicoque, ce dernier les convainc de franchiser à travers le pays. Les frères finissent par accepter, sans se douter qu’ils vont être mangés tout cru par un homme plus gros et plus ambitieux qu’eux.
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À l’instar d’un hamburger estampillé McDonald’s, Le Fondateur de John Lee Hancock est bon, plaisant à consommer, tout en restant malgré tout assez académique, avec une mise en scène « ping-pong » qui peut parfois manquer de jus. L’atout majeur repose essentiellement sur le remarquable trio d’acteurs que forment Michael Keaton, Nick Hofferman et John Caroll Lynch. Réanimé cinématographiquement depuis sa performance de haut vol dans Birdman, Keaton enfile à merveille le costume du parfait salaud. Construisant un personnage complexe, l’acteur a par ailleurs à son crédit quelques belles saillies verbales, dont sa longue tirade sur le secret du succès de McDonald’s. Nick Hofferman et John Caroll Lynch prouvent ici qu’ils peuvent toujours prétendre à largement plus que des rôles de seconds couteaux. On peut cependant regretter le sort réservé à Laura Dern, incarnant l’épouse de Ray Kroc, qui se retrouve dans le rôle d’une femme au foyer, seule et isolée dans sa maison de l’Illinois, ce qui ne lui donne malheureusement aucun poids dans le récit. Les décors sont également les autres piliers du Fondateur. Avec sa reconstitution d’époque crédible, le film nous renvoie avec réussite, sans trop en faire, dans les délicieux clichés de l’Amérique des années 1950 et 1960. De la mascotte « Speedee » au futur Ronald McDonald, des petits points de vente aux bâtiments clinquants, arborant fièrement leurs « arches dorées » lumineuses, le spectateur se rend compte, à travers l’évolution de l’architecture des restaurants, de la transformation progressive de McDonald’s en géant incontesté du fast-food et de l’immobilier.
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Par ce biopic, les thèmes du capitalisme et l’impérialisme américain ne pouvaient être mieux abordés. La référence au fordisme dans un des dialogues est assez pertinente. McDonald’s est une société qui a radicalement bouleversé les modes de fabrication et de consommation alimentaires du monde entier. Ce qui fait de Ray Kroc, l’un des personnages les plus influents, et pourtant l’un des plus méconnus, de la deuxième moitié du XXème siècle. Implanté en 1979 en France sous sa forme moderne, la vraie histoire de McDonald’s a été soigneusement cachée et arrangée pour le marché international, en proclamant Ray Kroc fondateur exclusif de l’entreprise McDonald’s Corporation. Le film de John Lee Hancock a le mérite de réparer cette injustice en éclaircissant les zones d’ombres d’une histoire tronquée aux spectateurs, tous consommateurs potentiels de la chaîne, et en redonnant aux frères McDonald la paternité de la marque la plus célèbre et identifiable du monde. Le Fondateur ouvre la brèche du « fast-food biopic ». Bientôt un film sur le Colonel Sanders de KFC ?
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- LE FONDATEUR (The Founder) réalisé par John Lee Hancock en salles le 28 décembre 2016.
- Avec : Michael Keaton, Laura Dern, Nick Hofferman, John Caroll Lynch, Linda Cardellini, Patrick Wilson, B.J. Novak, Griff Furst…
- Scénario : Robert D. Siegel
- Production : Don Handfield, Jeremy Renner, Aaron Ryder
- Photographie : John Schwartzman
- Montage : Robert Frazen
- Décors : Michael Corenblith
- Costumes : Daniel Orlandi
- Musique : Carter Burwell
- Distributeur : EuropaCorp
- Durée : 1h55
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