Synopsis : Chernobyl retrace l’histoire vraie de l’une des pires catastrophes causées par l’homme. La minisérie est centrée sur le déroulement et l’ampleur de la catastrophe nucléaire survenue en avril 1986 dans l’Ukraine soviétique. Elle relate le destin d’individus s’étant sacrifiés pour sauver l’Europe d’un désastre inimaginable.
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À la fin de Game of Thrones, beaucoup se demandaient comment HBO allait rebondir. À présent que l’histoire de Westeros a cessé d’être, la chaîne a dû se triturer le cerveau pour repartir du bon pied face à la concurrence ; Disney+ préparant The Mandalorian, Amazon Le Seigneur des Anneaux et Netflix sa flotte de séries. Mais le network américain n’a bien sûr pas dit son dernier mot. Alors que la planète retenait son souffle en attendant les aventures de Jon Snow et de Danaerys Targaryen, Chernobyl se frayait tout doucement son chemin grâce au bouche à oreille. Qui aurait misé un kopeck sur une mini-série de cinq épisodes se plongeant dans la très complexe histoire de l’accident nucléaire du 26 avril 1986 ? Son showrunner, Craig Mazin, n’a à son actif que des films très oubliables comme Scary Movie 4 ou Very Bad Trip 2 ; Johan Renck, réalisateur des cinq épisodes, n’est connu que pour des clips ou des épisodes de Breaking Bad, Walking Dead et Vikings. Le casting compte certes des pointures, comme Jared Harris, l’inoubliable Lane Pryce de Mad Men, cantonné au petit écran (The Terror, The Crown) et Stellan Skarsgard, acteur fétiche de Lars Von Trier (Melancholia, Nymphomaniac), hélas second couteau à Hollywood (Thor, Pirate des Caraïbes) qui retrouve sa comparse de Breaking the Waves, la trop absente Emily Watson. Cette équipe est aussi incongrue que celle qui tenta de sauver la situation à Tchernobyl, et comme elle, elle a pourtant réussi.
Pas de fanfare ni d’épopée dans Chernobyl, la palette de couleurs de la série est froide, autant que peut l’être un réacteur nucléaire au fin fond de la campagne ukrainienne, sous l’Union soviétique finissante. Mais l’ennemi est aussi redoutable et mortel que les pires monstres de l’imagination humaine, parce qu’il est réel. Les radiations nucléaires, plus invisibles qu’un virus zombie, que l’on voit dès le premier épisode brûler jusqu’à l’os les sauveteurs et devenir d’autant plus dangereuses que les autorités refusent de croire à une explosion. La série retrace l’équipe formée par Valeri Legassov, un scientifique morne, Boris Chtcherbina, un apparatchik obséquieux, et Ouliana Khomyuk, une physicienne nucléaire déterminée, qui se lance dans une course contre la montre pour stopper la catastrophe et surtout, en découvrir les causes…
En tant que série historique, Chernobyl prend le parti du réalisme. Bien sûr, certaines licences ont été prises. Par exemple, Khomyuk n’a jamais existé mais représente tous les scientifiques mobilisés à Tchernobyl, certains évènements ont été aggravés et l’auteur a intelligemment choisi de ne garder en russe non sous-titré que les enregistrements sonores (télévision, alarme, etc.), évitant aux acteurs de se fourvoyer avec un accent russe atroce. Mais l’Union soviétique, la perversion inhérente à sa bureaucratie, le peu de moyens à disposition sont ressuscités, tout comme la ressemblance souvent troublante des interprètes vis-à-vis des protagonistes réels. Et surtout, c’est l’ampleur de la catastrophe, la réalité pure, qui fait s’écrire d’elle-même la série et rendre chaque épisode plus terrifiant et désespéré que le précédent.
À la fois hommage au courage des différents sauveteurs de Tchernobyl et avertissement contre le déni des risques de la science, Chernobyl fera date et devrait être montrée dans les écoles. Ne serait-ce que comme une très grande étape de l’histoire de la série télévisée.
Arthur de Boutiny
- CHERNOBYL
- Chaîne/Plateforme : HBO (États-Unis) – Sky Atlantic (Royaume-Uni) – OCS (France)
- Créateur : Craig Mazin
- Avec : Jared Harris, Stellan Skarsgard, Emily Watson, Jessie Buckley, Adam Nataitis, Paul Ritter, Sam Troughton, Robert Emms, Adam Lundgren, Adrian Rawlins, Com O’Neill, Barry Keoghan, Ralph Ineson, Mark Lewis Jones, David Dencik
- Format épisodes : 5 x 60-72 minutes
- Diffusion : du 6 mai au 3 juin 2019