Minisérie/ The Night Of : critique

Publié par CineChronicle le 3 septembre 2016

Synopsis : Au lendemain d’une virée nocturne bien arrosée, le jeune Naz, d’origine Pakistanaise, se réveille aux côtés d’une jeune femme baignant dans son sang. Cette dernière a été poignardée et il ne se souvient de rien. Inculpé pour ce meurtre, il est désormais prisonnier du système judiciaire où, parfois, la vérité passe au second plan. Un avocat bon marché mais tenace se propose de l’aider.

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The Night Of - poster

The Night Of – poster

Avec The Night Of, adaptée de la série britannique Criminal Justice créée par Peter Moffat, HBO avait besoin de relancer la machine cet été après les échecs successifs de VINYL (notre critique), dont la saison 2 n’a pas été reconduite, et de la seconde saison de True Detective. Grâce aux créateurs et scénaristes de talents Richard Price (épisodes de The Wire, La Couleur de l’Argent, Mélodie pour un Meurtre…) et Steven Zaillian (La Liste de Schindler, Gangs of New York, American Gangster…), également à la réalisation, cette série limitée n’a eu de cesse d’augmenter son succès critique et public au fur et à mesure de la diffusion des épisodes depuis le 10 juillet. Sans doute trop cachée derrière les séries phénomènes de Netflix, STRANGER THINGS (notre critique) et THE GET DOWN (notre critique première partie)Pourtant, l’enjeu de The Night Of, comprenant des épisodes longs de 57 et 96 minutes, est tel que l’intrigue nous captive de bout en bout. Nous ne découvrons d’ailleurs véritablement le coupable qu’au dernier épisode. Tout d’abord, le générique, à la noirceur nocturne, et la musique, composée par Jeff Russo (la série FARGO – critique saison 1), nous plongent d’emblée dans un univers sombre. Quelques touches de couleur génèrent le suspense et nous démontrent qu’il s’agit bien d’une série policière : main ensanglantée, bandeau de sécurité d’une scène de crime, etc. Des plans vides et nocturnes de lieux new-yorkais où s’est déplacé Nasir Kahn alias Naz, un chauffeur de taxi d’origine pakistanaise incarné par Riz Ahmed (NIGHT CALL – notre critique), sont montrés dès la scène suivante en plan fixe, comme le gymnase, l’entrée de la maison de ses parents dans le Queens, le commissariat, etc. Ils sont le signe que l’âme innocente et fragile de Naz les a quittés définitivement. Cette minisérie, tournée essentiellement en intérieur et de nuit, utilise des teintes froides dans les bleu-gris. La profondeur de champ nous permet d’assister à des arrière-plans flous où des personnages croisés, lors de la scène précédente, intensifient le suspense et l’angoisse. La plupart d’entre eux sont les témoins du procès.

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Riz Ahmed - The Night Of sur HBO

Riz Ahmed – The Night Of sur HBO

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La mise en scène se veut centrée sur les détails, les personnages et leurs comportements. Elle est stylisée se rapprochant même du documentaire. Elle parvient à capturer cette longue attente lorsque un individu est accusé d’un crime. Les jeux de regard des acteurs sont en permanence traqués. Naz, au parloir, discutant avec ses avocats, surveille la mère d’un autre détenu dont il doit récupérer de la drogue. Il y a ce va-et- vient de regards que ses avocats finissent par suivre. The Night Of s’inscrit dans le climat actuel qui s’est amplifié depuis les attentats du 11 septembre. Le communautarisme existe bel et bien aux États-Unis et les limites de la justice américaine sont pointées du doigt. Les discriminations et les à priori sont confirmés par les preuves qui accablent Naz dès le premier épisode. Facilité religieuse ou raciale, The Night Of n’est cependant pas une série politique. Dans une autre thématique abordée, elle pose également un regard sur ce que la prison peut faire de l’individu tout en soulignant les failles du système judiciaire. Naz est incarcéré à Rikers Island, l’une des plus célèbres et des plus dures des États-Unis. Il va apprendre la survie et, surtout, se découvrir lui-même, à travers ses limites extrêmes. Une survie qui nous plonge rapidement dans la criminalité. Il trouve en Freddy, incarné par Michael Kenneth Williams (BOARDWALK EMPIRE – notre critique, le Omar Little de The Wire), un protecteur qui philosophe en lui disant qu’il a l’odeur d’un innocent. Une expérience inoubliable et qui le marque à jamais.

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Riz Ahmed et John Turturro - The Night Of sur HBO

Riz Ahmed et John Turturro – The Night Of sur HBO

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Dans cette atmosphère pesante, les auteurs injectent un peu de bohème chaleureuse et d’humour à la Columbo, avec l’intervention de Jack Stone, un avocat de la défense miteux et infesté d’eczéma, emmené par un excellent John Turturro. Son humanité apporte un vent de fraîcheur à la série et redonne confiance à Naz et en la vie. À l’origine, le grand James Gandolfini, crédité en tant que producteur délégué, devait incarner ce rôle, mais l’acteur mythique de la série Les Sopranos nous a hélas quitté en juin 2013 à l’âge de 51 ans. Le casting reste en outre parfaitement soigné : Riz Ahmed a cette douceur dans le regard qui révèle sa part d’ombre. Son interprétation timide et bégayante, face à l’imposante Andrea (Sofia Black-Delia), devient méconnaissable quelques semaines après son incarcération. Ce n’est pas seulement dans sa transformation physique (muscles, crâne rasé et tatouages), mais aussi dans son regard et son phrasé, lesquels s’imposent face aux criminels les plus dangereux. Sans oublier, Bill Camp (BIRDMAN – notre critique), le Sergent Fox bientôt en retraite, et Jeannie Berlin (CAFÉ SOCIETY – notre critique), la procureur ; tous deux sont magistraux dans leur façon de trouver et d’inculper un coupable rapidement. Il est fort possible qu’on les croise à nouveau dans leur quête d’une justice équitable. Le dernier épisode, diffusé à la fin du mois d’août, laisse en effet supposer qu’une seconde saison serait toute à fait envisageable… Espérons-le!

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Valérie Vidal

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  • Série américaine THE NIGHT OF diffusée sur HBO et disponible sur OCS City depuis le 10 juillet et en replay jusqu’au 27 septembre 2016.
  • Création et scénario : Richard Price, Steven Zaillian
  • Avec : John Turturro, Riz Ahmed, Bill Camp, Peyman Moaadi, Poorna Jagannathan, Sofia Black-Delia, Jeannie Berlin, Michael Kenneth Williams…
  • Musique : Jeff Russo
  • Une saison de 8 épisodes entre 57 et 96 minutes.

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