Résumé : Réalisateur culte depuis une vingtaine d’années, on lui doit des films qui ont marqué l’histoire du cinéma comme Halloween, The Thing, Escape from New York et Dark Star. Cet ouvrage revient sur la création de tous ses films et livre tous les secrets de tournage du réalisateur. L’œuvre de John Carpenter. Les masques du maître de l’horreur retrace les 40 ans de carrière de “Big John” et aborde même sa carrière de compositeur.
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Près de deux décennies après les parutions des excellents ouvrages de Jean-Baptiste Thoret et Luc Lagier (Mythes et Masques. Les fantômes de John Carpenter, Dreamland, 1998) et d’Hélène Frappat (John Carpenter, Éditions des Cahiers du cinéma / Canal +, 2003), les admirateurs francophones de John Carpenter peuvent se réjouir de voir à nouveau publié un ouvrage de réelle envergure consacrée à (toute) son œuvre. Cette parenthèse a toute son importance. Limitée à ses plus grands succès (Assaut, Halloween, The Thing, New York 1997, Christine…) l’appréciation critique de sa filmographie s’arrête trop souvent à la lisière des années 1990. Aux dires du plus grand nombre, cette décennie marquerait la fin d’une carrière désormais tournée vers sa splendeur passée. L’ouvrage de Stéphane Bouley, producteur de l’émission 24 FPS et coresponsable du podcast Super Ciné Battle, permet donc dans un premier temps de rassembler l’ensemble de l’œuvre de Carpenter et de réhabiliter ses productions les plus mésestimées. Ce souci de légitimité passe d’abord par une attention accrue aux qualités de la mise en scène du réalisateur. De fait, dès son second chapitre, l’auteur s’emploie à repérer les différentes problématiques formelles à l’origine de son style. Point de vue, structure du plan, mouvements de caméra et montage sont étudiés dans le détail à travers différentes analyses de séquences ou d’images. Sans jamais privilégier un film ou un pan de filmographie par rapport à un autre, Bouley propose une vision synthétique et syncrétique de l’œuvre de Carpenter. Une perspective pluridisciplinaire anime en effet la réflexion de l’ouvrage. L’influence exercée par les films du réalisateur dans les domaines de la bande dessinée, de la musique ou du jeu vidéo permet ainsi d’élargir le propos de l’auteur et de dépasser le seul cadre du cinéma. Cette ambition d’exhaustivité touche l’ensemble des aspects de ses films : scénarios, personnages, thématiques de prédilection, références cinématographiques (Alfred Hitchcock, Roger Corman, Clint Eastwood…) ou littéraires (Edgar Allan Poe, H.P. Lovecraft…). Consignés dans un premier chapitre, les éléments biographiques éclairent les enjeux des obsessions visuelles et narratives du réalisateur, tout en permettant à Bouley de distinguer ses héritiers (Quentin Tarantino, Jordan Peele, Alex Garland…). Authentique somme, l’ouvrage aménage une place de choix aux collaborateurs de création. Scénaristes, monteurs, responsables des effets spéciaux, maquilleurs, production designers, producteurs, chef-opérateurs, actrices et acteurs sont présentés à l’intérieur d’encarts clôturant chaque chapitre. Les annexes permettent quant à elles de revenir sur les nombreux matériaux employés par l’auteur : ouvrages et articles, mais aussi documentaires et boni DVD. Seul regret, l’absence d’illustrations, un manque en partie pallié par la présence de pictogrammes qui accompagnent la précision des analyses de Bouley dont le style direct et sans emphase assure la clarté d’une argumentation en tout point convaincante.
- L’OEUVRE DE JOHN CARPENTER. UN RÉALISATEUR AUX MULTIPLES FACETTES
- Auteur : Stéphane Bouley
- Editions : Third
- Collection : Force
- Date de parution : 12 septembre 2019
- Format : 343 pages
- Tarif : 29,90 €