Musique/ Lost Themes de John Carpenter: critique

Publié par Arnold Petit le 10 février 2015

Mot de l’éditeur : A l’issue du tournage d’une nouvelle œuvre fantasmagorique (Inland Empire), David Lynch délaissait le cinéma, lui préférant la composition musicale et les arts plastiques. Son initiative aurait nourri l’inspiration d’un cinéaste aux obsessions et aux projets analogues : John Carpenter s’apprête ainsi à dévoiler Lost Themes, un premier album solo (et non la bande originale d’un nouvel objet cinématographique), accueilli – à l’instar de David Lynch – par Sacred Bones Records.

 

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Lost Themes de John Carpenter - pochette

Lost Themes de John Carpenter – pochette

On l’appelle de bien des façons : Le Maître de l’Horreur, Big John ou encore le Prince des Ténèbres. Le monde du cinéma lui a fait porter plusieurs étiquettes, de scénariste à producteur, la plus prestigieuse étant bien sûr celle de réalisateur, résultante d’une carrière sans pareille. Halloween, The Thing, New York 1997, The Fog ou encore Christine et Vampires, autant de titres qui font partie des plus beaux fleurons du cinéma fantastique. John Carpenter reste une référence. Il est même la référence de tout un pan du cinéma de genre et d’auteurs confondus, dont le talent reste encore inégalé aujourd’hui. Si bien des choses ont été formulées sur ce cinéaste légendaire, il en reste encore une. Car ces dernières années, ce grand manitou incontesté de l’épouvante de 67 ans était devenu plutôt avare en objet cinématographique, en témoigne The Ward (2010). Mais ce début d’année 2015 voit sortir une pépite inattendue : Lost Themes, son premier album musical composé avec l’aide de son fils, Cody Carpenter, également musicien, et Daniel Davies. Bien qu’incapable de décrypter une partition, il a toujours su tirer profit d’un bon synthétiseur et en jouant à l’instinct, à concevoir des bandes originales en parfaite adéquation avec son atmosphère cinématographique. Pour preuves, les beats angoissants de la bande originale de Christine, le thème culte en 5/4 d’Halloween ou encore le piano quasi gothique présent sur tout le score de The Fog. Toutefois, si John Carpenter s’est toujours inspiré de ses films pour composer une bande originale, l’effet inverse, inédit, se produit avec Lost Themes, compilation de neuf titres dont les atmosphères pourraient encore influencer de nombreux cinéastes.

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L’album dévoile un John Carpenter toujours aussi inspiré, dédiant un magnifique hommage à la grande époque de ses chefs-d’œuvre. Il privilégie ici une instrumentation épurée, plus volontiers orientée synthétiseurs à l’ancienne et guitares électriques qu’un son dépouillé et simple. C’est le cas du sublime Wraith composé d’une simple boucle électro et d’un solo de guitare épique et groovy. Le titre d’ouverture Vortex n’est pas sans rappeler les thèmes principaux de New York 1997 et de Vampires, grâce à ses sonorités proches du 16 bit et ses chœurs éthérés. Quasi génie du minimaliste (mais pas autant qu’un Philip Glass), Carpenter parvient à se montrer aussi varié que surprenant et ce, dès la seconde piste avec l’excellent Obsidian, véritable voyage électro-rock progressif qui fait la part belle au son Midi (Musical Instrument Digital Interface), typique des années 80.

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D’autres titres, plus épiques, rappellent également les mystérieuses pistes élaborées par le géant du jeu vidéo japonais, Nobuo Uematsu, connu pour les scores dantesques de la série multi générationnelle Final Fantasy. Un feeling que l’on retrouve clairement dans le quatrième morceau Domain ou dans le sombre et inquiétant Mystery. L’album suit ainsi une véritable logique de composition et chaque titre possède son lot de surprises et de rebondissements, à l’instar d’une vraie Suite musicale. C’est le cas du très électro Fallen, véritable cœur de ces Lost Themes. Il incarne toute la quintessence du ‘son Carpenter’, passant de sonorités gothiques inquiétantes à un rock quasi symphonique en seulement cinq minutes de musique. A ce titre, pas de surenchère dans les acoustiques des Lost Themes, et l’atmosphère pure se fait sentir via des pads inventifs et des orgues rétros, grâce au lumineux Abyss. Il contrebalance ainsi la simplicité affichée des deux dernières pistes Purgatory et Night, nous entraînant dans la noirceur la plus assumée de l’artiste.


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Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Lost Themes est une pépite de nostalgie résurgente. Le genre d’essai sonore qui plonge le mélomane et cinéphile au cœur de ses premières bandes de vidéoclub, quand le cinéma d’épouvante était à son apogée et la création musicale, une griffe identifiable entre toutes. A l’heure où la musique de films tend à se standardiser – voire même à se ‘zimmeriser’ selon certains -, il n’est pas étonnant que les compositeurs sincères et aptes à l’Art pour l’Art comme Carpenter parviennent à inspirer de futurs grands noms dans le domaine. Et ce n’est pas Rob, à l’origine des partitions du remake de MANIAC de Franck Khalfoun (notre critique) et de HORNS d’Alexandre Aja (notre critique), qui dira le contraire. Espérons maintenant que Lost Themes soit le premier bébé solo du Prince des Ténèbres et qu’à défaut de nous livrer un nouveau long métrage, il se complaira à la composition d’un second album, aussi sincère et racé que ce premier bijou.

 

Arnold Petit

 

 

  • LOST THEMES de John Carpenter est disponible dans les bacs depuis le 3 Février 2015 chez Sacred Bones Records.
  • CD : 14,99 €
  • Vinyle : 27,99 €

 

 

Lost Themes de John Carpenter - pochette

Lost Themes de John Carpenter – pochette

Lost Themes de John Carpenter

  1. Vortex
  2. Obsidian
  3. Fallen
  4. Domain
  5. Mystery
  6. Abyss
  7. Wraith
  8. Purgatory
  9. Night

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