Queens de Lorene Scafaria : critique

Publié par Erica Farges le 19 octobre 2019

Synopsis : Des stripteaseuses se lient d’amitié et décident de conjuguer leurs talents pour arnaquer et prendre leur revanche sur leurs riches clients de Wall Street. Leur plan fonctionne à merveille, mais argent et vie facile les poussent à prendre de plus en plus de risques…

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Queens - affiche

Queens – affiche

Ces dernières années, le cinéma américain aime inverser les rôles en attribuant à des personnages féminins une place souvent réservée aux hommes, notamment en les mettant au premier plan de films d’arnaque. Dans cette lignée, Lorene Scafaria (Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare, Ma mère et moi) épouse la perspective de celles qui font presque toujours de la figuration en décors de fond : les stripteaseuses. En s’inspirant de l’article The Hustlers at Scores écrit par Jessica Pressler, représentée ici par Elizabeth (Julia Stiles), la cinéaste montre les conséquences de la crise des subprimes de 2008 sur ces femmes qui ont pour clientèle principale des traders de Wall Street. Queens, produit par Will Ferrell, Adam McKay et Jessica Elbaum, présente un scénario classique du genre où l’élévation des personnages par une activité criminelle aboutit à leur chute. Pourtant, cette structure convenue fait passer efficacement un message sur un système social ambigu et met en valeur les personnalités hautes en couleur des membres du gang de danseuses, mené par le duo Ramona (Jennifer Lopez) / Destiny (Constance Wu). Les actrices sont allées à la rencontre des professionnelles dans des clubs pour un entraînement intensif de pole dance ; le travail est minutieux et reconstitue l’ambiance et la mode de cette époque. Le film s’amuse à faire des échos entre la pop culture américaine d’hier et celle d’aujourd’hui. Usher, interprété par lui-même, fait une performance musicale dans le club de striptease et on découvre au passage à la télé les débuts de l’empire Kardashian. Quant aux références actuelles, elles s’expriment surtout à travers le casting. De nombreuses actrices secondaires sont issues de la nouvelle scène musicale (Cardi B, Lizzo, Keke Palmer…) et les traits d’Annabelle (Lili Reinhart) évoquent immédiatement Betty Cooper de la série Riverdale.

 

Queens

Queens

 

Quant à nos deux protagonistes, leur duo est équilibré et complémentaire. Destiny nous guide par son entretien avec Elizabeth, tandis que Ramona instigue le schéma d’escroquerie. Chacune est représentative d’une facette du star system. J-Lo est la plus connue d’entre elles, qui fait un grand retour actuellement, notamment depuis son défilé pour Versace dans la robe verte qu’elle avait portée aux Grammy Awards de 2000. Constance Wu, depuis sa révélation au grand public avec la série Bienvenue chez les Huang et son rôle principal dans Crazy Rich Asians, apparaît comme un espoir pour une communauté asio-américaine encore peu représentée.

 

Du point de la mise en scène, Queens présente des points communs avec The Bling Ring de Sofia Coppola. Les deux films, inspirés d’une histoire vraie, embrassent une esthétique clinquante où le public est pris dans un vertige de matérialisme. On y voit en boucle une même action commise envers une cible de super-riches dans une atmosphère de fête perpétuelle. Mais ici l’absence de culpabilité semble être une conséquence du chamboulement des mentalités, causé par les supprimes qui ont révélé les supercheries et magouilles financières sur lesquels reposaient le rêve américain. Ainsi, c’est tout un système de valeurs qui se modifie radicalement : avoir de l’argent et des accessoires de luxe devient plus important que la manière dont on les obtient. On regrette cependant l’approche empathique de la réalisatrice qui prend une tournure trop édulcorée, alors qu’un regard plus objectif aurait apporté une certaine puissance au film.

 

Queens

Queens

 

Néanmoins, constat assez réussi sur la place de ces danseuses dans le capitalisme sauvage de Wall Street. L’ambigüité de leur situation est annoncée dès la première apparition de J-Lo. Sur scène, Ramona effectue une danse langoureuse qui capte l’attention des clients, laissant une Destiny bouche bée. Sans doute l’une des séquences les plus marquantes, qui détermine le fil conducteur de l’arnaque élaborée : en mettre plein la vue à ceux qui sont au sommet pour faire son accession par l’argent.

 

 

 

  • QUEENS (Hustlers)
  • Sortie salles : 16 octobre 2019
  • Réalisation : Lorene Scafaria
  • Avec : Jennifer Lopez, Constance Wu, Lili Reinhart, Julia Stiles, Cardi B, Keke Palmer, Lizzo, Trace Lysette, Vanessa Aspillaga, Mette Towley, Madeline Brewer, Frank Whaley, Usher
  • Scénario : Lorene Scafaria
  • Production : Jessica Elbaum, Will Ferrell, Adam McKay, Lorene Scafaria
  • Photographie : Todd Banhazl
  • Montage : Kayla Emter
  • Décors : Alexandra Mazur
  • Costumes : Mitchell Travers
  • Musique : Linden Joseph
  • Distribution : Metropolitan FilmExport
  • Durée : 1h47

 

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