Résumé : Dans un futur lointain, une autre galaxie ou un autre espace temps, l’Incal et l’immense pouvoir qu’il confère exacerbent toutes les convoitises. John Difool, minable détective de classe R adepte d’homéoputes et de bon ouisky se retrouve embarqué malgré lui dans cette course à l’Incal. Il aura affaire à des mouettes qui parlent, des extraterrestres idiots, un empire dictatorial ultra violent, des rats de 15 mètres commandés par une déesse nue, une bataille mémorable dans une fourmilière, une secte adepte des trous noirs, et enfin une bataille intersidérale entre le bien et le mal.
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Cinéphiles et bédéphiles peuvent se réjouir : Les Humanoïdes associés continuent la réédition de leurs classiques sous la forme d’intégrales qui permettent de redécouvrir leurs univers autrefois déclinés en série dans Métal hurlant. Au sein de ce riche catalogue, L’Incal (six albums publiés entre 1981 et 1988) occupe une place singulière, marquant la rencontre entre l’inventivité scénaristique de Alejandro Jodorowsky et la fureur visuelle de Jean Giraud aka MÅ“bius. Cette première réussite qui, on le sait, aurait pu se prolonger sur le grand écran avec Dune, le célèbre projet avorté du tandem, pose ici les fondements d’un monde que Jodorowsky retrouvera quelques années plus tard avec La Caste des Métas-Barons (huit albums parus entre 1992 et 2003). Entre la SF et le récit policier, L’Incal c’est l’histoire du privé John Difool embarqué dans une aventure située aux confins de la conscience et des galaxies. La qualité du récit de Jodorowsky est d’être parvenu à développer une authentique réflexion philosophique autour d’un univers fictionnel cohérent et ouvert aux figurations graphiques de MÅ“bius. Car c’est bien cette concordance entre fond et forme qui fait la réussite de L’Incal. Les personnages et lieux imaginés par Jodorowsky prennent leur pleine densité à travers l’art brut et fuyant du dessin. Le style de MÅ“bius se distingue entre mille. Son sens du détail anime les traits des visages et l’architecture des décors, mêle rigueur dans les proportions monstrueuses et liberté du mouvement.
L’intégrale noir et blanc proposée par la maison d’édition amplifie cette mobilité figurative. La maîtrise de MÅ“bius est comme creusée de l’intérieur par une fugacité du tracé propre au travail du croquis. Drôle de radioscopie que voici : c’est moins l’ossature que les entrailles de la création qui se révèlent à nous. Derrière le dessinateur, c’est tout l’esprit des Humanoïdes associés et de Métal hurlant qui se déploie. Le plaisir de la contemplation s’épanouit au gré d’une énergie pop et débridée, les plaisirs profanes et la refonte du sacré. La dynamique de L’Incal est celle d’une géométrie sensible aux variations et fluctuations d’un imaginaire à la croisée de la bande dessinée et du cinéma.
À l’esprit du lecteur les références se multiplient. On songe bien sûr aux productions respectives des deux artistes. Alien, Tron, Abyss et surtout Le Cinquième Élément côté MÅ“bius ; El Topo et La Montagne sacrée côté Jodorowsky. L’Incal réunit et synthétise ces Å“uvres cinétiques, entre perspectives infinies et méditation de l’être au(x) monde(s).
- L’INCAL – INTÉGRALE EN NOIR ET BLANC
- Créateurs : Alejandro Jodorowsky (auteur) et Jean Giraud alias Mœbius (dessinateur)
- Éditions : Les Humanoïdes Associés
- Date de parution : 19 février 2020
- Langues : Français uniquement
- Format : 320 pages
- Tarif : 69,99 €