Résumé : À l’occasion des quarante ans de sa sortie en salle, ce court livre propose de revenir sur le processus collaboratif qui donna naissance à Elephant Man : du travail scénaristique jusqu’au montage sonore en passant par les repérages, le tournage, la confection du visage de John Merrick ou le formidable travail sur la photographie du film. Où l’on découvre un Lynch trentenaire, à la fois humble et décidé, qui ne tardera pas à devenir l’un des plus grands cinéastes de son siècle. Et du suivant.
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Parmi les sorties cinéma de ce mercredi 25 mars 2020, la version restaurée de Elephant Man pour son quarantième anniversaire était particulièrement attendue par les cinéphiles. Épidémie et confinement en ont décidé autrement et la maison Carlotta, à l’origine de cette nouvelle version du film, a repoussé sa sortie à une date indéterminée. Qu’à ne cela ne tienne, les retrouvailles n’en seront que plus grandioses, l’éditeur ayant déjà annoncé que chaque projection serait accompagnée de la remise d’un exemplaire de l’ouvrage Elephant Man. « Tous des monstres » à tous les spectateurs. Loin de n’être qu’une mise en bouche, cette étude signée par Alexandre Prouvèze, journaliste et traducteur, propose un tour d’horizon complet de la production. En adoptant une structure chronologique, l’auteur affirme une volonté de décryptage qui oscille entre approche historique et esthétique. De la rencontre entre Mel Brooks, le producteur, et David Lynch, le réalisateur, au tournage, en passant par le choix des acteurs, la conception du célèbre masque de John Merrick, et les singularités formelles de la production (photographie, montage, choix du noir et blanc, sound design), Prouvèze rappelle l’indéniable intérêt du film tout en explorant ses différentes strates de sens(ations). À partir de différentes sources biographiques et de références littéraires (le Second Manifeste sur surréalisme d’André Breton, l’art poétique de Dostoïevski tel qu’analysé par Mikhaïl Bakhtine), l’auteur situe la relativité comme la dynamique centrale de l’œuvre. Collaborations artistiques, rapports historiques (la mort de Merrick en 1890 précédant de cinq ans la naissance officielle du cinéma), et relations entre l’être et le paraître participent communément à l’originalité de cette production que l’étude n’oublie pas de replacer dans la filmographie de Lynch. Authentique « baptême du feu » pour le jeune cinéaste, Elephant Man se présente à la fois comme une œuvre de transition et de synthèse. Des expérimentations audio-visuelles d’Eraserhead à la super-production Dune, le film sort le réalisateur de sa zone de confort tout en lui permettant de reprendre et de prolonger certains de ses motifs de prédilection. Ce panorama se conclue par la mention d’une série de films entretenant un lien plus ou moins direct avec Elephant Man. Du court Géant et nain des frères Lumière à Vénus noire de Kechiche, l’ouvrage affirme en définitive le réservoir infini de figures et d’approches contenu par l’art de la monstration.
- ELEPHANT MAN. « TOUS DES MONSTRES ». À PROPOS DU FILM DE DAVID LYNCH
- Auteur : Alexandre Prouvèze
- Éditions : Carlotta Films
- Date de parution : à venir
- Langues : Français uniquement
- Format : 54 pages
- Ouvrage offert en lecture pdf et plus tard en print à chaque projection d’Elephant Man en version restaurée (pour les premiers spectateurs ou par jeu concours) et sur le site de Carlotta avec les commandes.