Vivarium de Lorcan Finnegan : critique

Publié par Erica Farges le 12 mars 2020

Synopsis : À la recherche de leur première maison, un jeune couple effectue une visite en compagnie d’un mystérieux agent immobilier et se retrouve pris au piège dans un étrange lotissement…

♥♥♥♥

 

Vivarium - affiche

Vivarium – affiche

Ambiance à la Black Mirror pour ce deuxième long-métrage, mais premier à être distribué dans les salles françaises, du réalisateur irlandais Lorcan Finnegan. Après plusieurs courts et un long qui s’attaquaient déjà à des thématiques similaires, le thriller dystopique déborde d’imagination pour aller encore plus loin dans la dénonciation d’un système de consumérisme effréné. Ici, l’aspiration sociale d’accéder à la propriété et l’idéal de la vie en banlieue pavillonnaire sont déconstruits à travers le registre de l’horreur fantastique. Ce dispositif, tel un miroir grossissant, augmente la portée de la critique sur une Irlande post-crise où la population est toujours incitée à se sacrifier financièrement et personnellement pour réaliser le rêve publicitaire de devenir propriétaire. L’absurdité du piège auquel sont pris à vie de nombreux ménages se retrouve amplifiée par l’introduction d’éléments surréalistes dans la banalité du quotidien, un peu à la façon d’une œuvre de David Lynch. De plus, l’adoption d’un format de film à suspense qui présente plusieurs énigmes, nous tient également en haleine, malgré les répétitions pour signifier la routine dans laquelle se sont enfermés Tom et Gemma. Respectivement interprétés par Jesse Eisenberg et Imogen Poots, ces deux acteurs phares du cinéma anglo-saxon indépendant offrent une performance réussie du jeune couple, à la fois standard et attachant, auquel on peut très aisément s’identifier.

 

Vivarium

Vivarium

 

Outre ce duo, l’étrangeté qui s’incruste dans un décor ordinaire permet d’attiser la curiosité des spectateurs en les déconcertant. Graphiste en design de formation, le cinéaste exploite son savoir-faire dans ce domaine pour créer une esthétique particulière et transformer ce lotissement sorti d’un panneau publicitaire en huis clos maudit labyrinthique. Dans ces images parfaites, qui semblent paradoxalement défectueuses, inspirées des peintures de Magritte, les codes de plusieurs genres cinématographiques s’imbriquent entre eux. Ce choix artistique magistralement exécuté donne lieu à un film hybride ultra-esthétisé où l’angoisse monte crescendo, à mesure qu’on se détache de la réalité.

 

Ainsi, on est inévitablement attirés par ce qui se passe à l’écran et, à l’instar des personnages, on finit presque englouti par cet amas hypnotisant d’habitations uniformes. L’ensemble résidentiel nommé Yonder (pouvant se traduire par là-bas en français), avec ses pavillons identiques et peints du même vert clair artificiel, évoque une série de cages où se propage un poison. Lorsqu’ils y pénètrent pour une simple visite immobilière, les futurs propriétaires signent en fait un aller définitif vers l’Enfer. En dépit de leur apparence de jouets inoffensifs, les prises de vues aériennes et autres travellings sur le quartier résidentiel mettent en évidence l’aspect « maisons de poupées macabres » disposées sur un plateau de jeu géant où les acheteurs se font manipuler comme des pions par les promoteurs immobiliers.

 

Vivarium

Vivarium

 

Vivarium offre aux spectateurs français l’occasion de découvrir un nouveau talent du cinéma de science-fiction. L’expérience unique que nous fait vivre le cinéaste à travers l’écran afin d’exposer son point de vue sur le marché de l’immobilier, nous attise pour la suite. Car selon Finnegan, il s’agit d’un autre thriller surnaturel sur l’exploitation dans la fast fashion.

 

 

 

  • VIVARIUM
  • Sortie salles : 11 mars 2020
  • Réalisation : Lorcan Finnegan
  • Avec : Jesse Eisenberg, Imogen Poots, Jonathan Aris, Eanna Hardwicke, Danielle Ryan, Olga Wehrly, Molly McCann, Shana Hart, Senan Jennings, Lilith Fury…
  • Scénario : Garret Shanley
  • Production : Brendan McCarthy, John McDonnell, Jean-Yves Roubin, Alexander Brøndsted, Antonio Tublen
  • Photographie : MacGregor
  • Montage : Tony Cranstoun
  • Décors : Julia Davin-Power
  • Costumes : Catherine Marchand
  • Musique : Kristian Eidnes Andersen
  • Distribution : Les Bookmakers / The Jokers
  • Durée : 1h38

 

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