Synopsis : Sur un campus universitaire, lors des vacances de Noël, des filles de la confrérie sont les proies d’un tueur en série.
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Blumhouse Productions revient avec un nouveau long-métrage tiré d’un classique du cinéma d’horreur via un remake de Black Christmas, qui avait déjà eu droit à une reprise en 2006. Le smasher original est sorti en 1974 réalisé par Bob Clark (Le Mort-vivant, Meurtre par décret). Malgré une réception mitigée due à sa violence, le film a définitivement marqué le genre, allant jusqu’à être une source d’inspiration pour John Carpenter lorsqu’il réalisa Halloween. Quarante-cinq ans plus tard, il s’agit d’une réitération du point de vue féminin des membres d’une sororité et d’une réactualisation des problématiques auxquelles font face de nombreuses étudiantes au cours de leur carrière universitaire. C’est Sophia Takal qui endosse la casquette de réalisatrice, avec en vedette Imogen Poots (Knight of Cups, Green Room, V pour Vendetta). Son message à portée féministe se retrouve ainsi amplifié et les enjeux modernisés. Là où la réalisation de Bob Clarke abordait la pression sociale sur les jeunes filles pour qu’elles délaissent les études au profit du mariage et de la maternité, ainsi que l’avortement, Sophia Takal soulève des sujets qui étaient encore tabous il y a quelques années avant l’éclosion du mouvement #MeToo. Dans la même veine que Assassination Nation de Sam Levinson, également créateur de la série à succès Euphoria, la cinéaste met en scène le soulèvement d’un groupe de jeunes femmes face à la brutalité de la dominance masculine. Certes, ce Black Christmas réactualisé est bien moins percutant et incisif que le teensploitation de Levinson, mais dans l’ensemble il reprend de façon intéressante les codes de l’horreur afin d’aborder la culture du viol sur les campus. Pourtant, s’attaquer à ce problème, et à tous ceux qu’il englobe (misogynie, slut-shaming, objectification des femmes, effet de groupe…), à travers le slasher est assez périlleux. Alors que le film de Bob Clark était novateur et bénéficiait d’une plus grande liberté pour dépeindre cette traque aux étudiantes, on ressent l’influence des clichés qui sont toujours associés au genre. Par sa présentation caractéristique des personnages, comme simples pions à tuer ou assassins potentiels, le film peine à créer de l’empathie avec les protagonistes et a tendance à minimiser l’importance de ce qui se passe à l’écran. L’ensemble est néanmoins compensé par des héroïnes qui ne sont pas dans une position de passivité, étant capables de se défendre face à leurs agresseurs. Par sa modernisation de la version de 1974 plutôt osée, son décor de fêtes de fin d’année et sa pointe d’humour noir, cette nouvelle version de Black Christmas est l’antidote aux films de Noël trop gentillets.
- BLACK CHRISTMAS
- Sortie salles : 11 décembre 2019
- Réalisation : Sophia Takal
- Avec : Imogen Poots, Aleyse Shannon, Lily Donoghue, Brittany O’Grady, Caleb Eberhardt, Cary Elwes, Simon Mead, Madeleine Adams, Zoe Robins, Mark Neilson, Lucy Currey
- Scénario : Sophia Takal et April Wolfe
- Production : Jason Blum, Ben Cosgrove, Adam Hendricks, Brigitte Berman
- Photographie : Mark Schwartzbard
- Montage : Ben Baudhuin et Jeff Betancourt
- Décors : Candice Cardasis
- Costumes : Jaindra Watson
- Musique : Will Blair et Brooke Blair
- Distribution : Universal Pictures International France
- Durée : 1h33