Résumé : Découvrez les dialogues complets du film culte de Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette, accompagnés d’un appareil critique et enrichis d’illustrations originales d’un des auteurs. Celui qui est vivant. L’autre dessinait mieux, mais il est mort. Monde de merde.
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Depuis sa découverte en 1993 sur la chaîne Canal+ et grâce à sa diffusion sur Internet à partir des années 2000, La Classe Américaine de Michel Hazanavicius et du regretté Dominique Mézerette (disparu en 2016) peut se targuer d’avoir su susciter chez son public (sans cesse renouvelée) un plaisir multiple. D’abord, celui de goûter à un humour rendu d’autant plus absurde et corrosif que prêté aux visages iconiques du cinéma américain (de John Wayne à Robert Redford en passant par Paul Newman, Dustin Hoffman, Lauren Bacall, James Stewart, Henry Fonda…). Ensuite, d’avoir permis de (re)découvrir certains grands films du répertoire hollywoodien. Car assister à ce « grand détournement », c’est aussi se prêter à un jeu de repérage et d’identification que permet la structure de l’anthologie. Devant l’écran de son salon ou de son ordinateur, le cinéphile rit doublement. Voir ces héros de l’écran désacralisés par l’adoption d’une gouaille gauloise est aussi jouissif que de prendre conscience du travail de découpage et de montage à l’œuvre. Derrière son côté film foutraque, La Classe Américaine est une authentique leçon (historique et technique) de cinéma. Voir aujourd’hui publiés les dialogues du film, c’est goûter à nouveau à la truculence corrosive des ses auteurs. À l’image de ses héros de celluloïd, le texte n’a pas pris une ride et atteste de la pérennité de son excellence à l’ère où le parodique est devenu le registre-phare de la comédie (au cinéma comme sur la toile). Façon « Les Classiques Larousse » ou « Bibliothèque de la Pléiade », l’ouvrage bénéficie d’un long préambule signé sous le couvert de pseudonymes. Par le biais du pastiche, La Classe Américaine se voit alors auréolé d’une prestigieuse filiation au situationnisme de Guy Debord. Sans doute faut-il ici voir les traces d’un hommage réel que prolonge les références à la fois incongrues et pertinentes à la grande littérature de l’absurde incarnée par les œuvres de Beckett et Ionesco. Cette volonté de travailler le texte se retrouve encore à travers les nombreuses notes disséminées à chaque page du livre. L’humour s’instille alors entre les lignes et assure la prédominance du second degré. Hazanivicius révèle quant à lui un authentique talent de dessinateur, agrémentant l’ouvrage de croquis tirés d’images du film. On remarquera encore l’excellence de l’appareil critique qui clôture le livre. Le parodique s’inscrit ici dans la reprise des grands traits de penseurs, écrivains et théoriciens (Gide, Barthes, Sainte-Beuve…) dont le style est admirablement décalqué. Preuve que La Classe Américaine survit encore et toujours dans l’esprit vif et habile de son co-auteur orphelin.
- LA CLASSE AMÉRICAINE
- Auteurs : Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette
- Éditions : Allary
- Date de parution : 28 mai 2020
- Langues : Français uniquement
- Format : 160 pages
- Tarif : 10 € (print) – 8,99 € (numérique)