Résumé : Un soir, Sarah, une adolescente férue de contes de fées, doit garder son jeune demi-frère Toby. Tandis qu’elle essaie de calmer ses pleurs, elle prononce une phrase qui emporte le bébé dans un monde peuplé de créatures inquiétantes, gouverné par Jareth, l’androgyne et mystérieux roi des Gobelins. Plusieurs documents préparatoires du film éponyme sont reproduits dans l’ouvrage.
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Labyrinthe fait partie de ces films dont l’association de chaque élément offre le condensé d’un succès appelé à vaincre le poids des années. Un réalisateur à l’esprit débridé (Jim Henson), un coproducteur couronné de succès (George Lucas), un production designer de talent (Brian Found), une bande musicale entraînante signée par une super-vedette dont la personnalité semble appartenir à l’univers de la production (David Bowie). Mais si Labyrinthe continue de faire briller les yeux des cinéphiles, c’est sans doute d’abord pour son récit oscillant entre horreur et merveilleux, une association qui fait le prix des meilleurs contes comme des plus beaux cauchemars. Habitué de ce type de projet de novélisation, le romancier britannique A.C.H. Smith (déjà connu pour sa mise en roman de The Dark Crystal, le précédent film de Henson, et dont les éditions Ynnis ont proposé une traduction française en 2019), offre d’enrichir le scénario du film en le transfigurant en roman. De l’autre côté de l’Atlantique, celui-ci connut un certain succès lors de sa parution immédiatement successive à la sortie du film, mais est resté inédit en France jusqu’ici. Les éditions Ynnis ont donc décidé de combler ce manque, avec quelques bonus non négligeables. À l’excellente traduction d’Isabelle Pernot s’ajoute en effet la reproduction de croquis inédits de Brian Found, sortis des archives de Jim Henson qui a lui-même mis la main à la pâte pour ravir les fanatiques du film. Soyons honnêtes, l’écriture de Smith est d’abord celle d’un solide artisan. Nulle fioriture ou envolée lyrique ici, mais un style quelque peu épuré qui parvient habilement à capter et à retranscrire l’imaginaire véhiculé par la production.
L’essentiel est sauf donc. Cette efficacité narrative prouve d’abord la solidité du récit d’origine qui ne cède rien aux exigences de ce nouveau format. Mais par ailleurs, le roman permet d’envisager la production selon un nouveau regard. Certes, on peut regretter que certains personnages (et surtout le si charismatique Jareth) perdent au change, les descriptions n’étant pas à la hauteur de l’impact visuel produit par les représentations du film, mais les choses peuvent aussi être prises à rebours. Les plus jeunes lecteurs (ou ceux qui ne connaissent pas encore le film) auront ainsi plaisir à lire les aventures de la jeune Sarah avant de partir à la découverte de sa forme originelle.
Labyrinthe version roman se présente comme un récit de fantasy tout droit échappé de l’âge d’or du genre (les années 1970-1980). La maison Ynnis l’a bien compris, proposant une couverture qui semble directement rendre hommage à cette période clé pour tout amateur de magie et de gobelins. Inutile donc de bouder son plaisir : lire Labyrinthe permet de mieux revenir au film, ce qui constitue en définitive le principal objectif de ce type de parution.
- LABYRINTHE
- Auteurs : A.C.H. Smith, Jim Henson (archives), Brian Found (illustrations)
- Traduction : Isabelle Pernot
- Éditions : Ynnis
- Collection : Roman
- Date de parution : 10 juin 2020
- Format : 352 pages
- Langues : Français et Anglais (chez Henry Holt, sous le titre Labyrinth paru le 1 juin 1986)
- Réédition en 2014 aux éditions Archaia sous le titre Jim Henson’s Labyrinth : The Novelization
- Tarif : 14,95 €