Synopsis : Jérémie, la trentaine, peine à faire décoller sa carrière de comédien. Sa vie sentimentale est mise à mal par ses crises de jalousie à répétition et son couple bat de l’aile. Il décide alors de quitter Paris et de se rendre sur sa terre d’origine, le Limousin, où il va tenter de se réparer auprès de sa mère…
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Connu pour ses rôles chez Patrice Chéreau, Yann Gonzales ou encore Noémie Lvovsky, et révélé au grand public dans la série Dix pour cent, Nicolas Maury fait ses débuts derrière la caméra avec Garçon Chiffon, un film très personnel et à fort potentiel. L’intrigue se concentre sur Jérémie, un trentenaire en pleine crise conjugale et professionnelle, incarné par Maury lui-même. Jaloux maladif et rongé par un héritage familial encore bien trop présent, il peine à gérer sa carrière de comédien et sa vie sentimentale. Il entame alors un retour aux sources et passe du temps chez sa mère, dans le Limousin. S’ensuit un déferlement de questions existentielles mis en scène d’un point de vue intimiste. Si Maury s’attache à défendre qu’il ne s’agit pas d’un film autobiographique, le parcours du personnage de Jérémie résonne comme un cheminement familier. Composée par Olivier Marguerit, la musique occupe une place prépondérante, accompagnant les personnages, en osmose avec leurs sentiments. Nathalie Baye est attachante dans son rôle de mère protectrice, toujours endeuillée par la mort de son mari. Face à elle, Arnaud Valois, révélé dans 120 battements par minute, délivre un jeu très juste. Il vient consolider l’ensemble, quelque peu entaché par l’égocentrisme –trop débordant parfois- de Jérémie, qui empiète sur les autres personnages, leur laissant peu de place. La mise en scène loufoque et décalée de Maury insuffle une dimension surréaliste, avec des scènes absurdes où apparaissent inopinément des bonnes sÅ“urs qui détiennent un remède à la jalousie maladive de Jérémie. Mais l’humour et la légèreté, apportés par ces séquences, ont hélas tendance à se noyer dans un montage dense et confus, qui perd le spectateur, brouillant les intentions de Maury. La réalisation reste toutefois osée. Maury mélange agréablement les genres et aborde des thématiques fortes : la peur de l’abandon, ce besoin impérieux d’être aimé, la quête d’identité, la confrontation au rejet -le film s’ouvrant sur la question existentielle « Pourquoi ne veut-on pas de moi ? »- et les difficultés que l’on rencontre pour s’affranchir de son passé. En dépit de cette dimension brouillonne et ce déséquilibre entre les personnages, Garçon Chiffon reste une Å“uvre ambitieuse et touchante, avec des idées de mise en scène brillantes et séduisantes.
Olivia Daëron-Precy
- GARÇON CHIFFON
- Sortie salles : 28 octobre 2020
- Réalisation : Nicolas Maury
- Avec : Nicolas Maury, Nathalie Baye, Arnaud Valois, Théo Christine, Laure Calamy, Jean-Marc Barr, Laëtitia Spigarelli, Dominique Raymond, Pauline Lorillard et Laurent Capelluto
- Scénario : Nicolas Maury, Sophie Fillières, Maud Ameline
- Production :  Charles Gillibert / CG Cinéma
- Image :  Raphaël Vandebussche
- Montage : Â Louise Jaillette
- Décors :  Damien Rondeau
- Costumes :Â Elisa Ingrassia
- Musique : Â Olivier Marguerit
- Distribution : Â Les Films du Losange
- Durée : 1h48