Court métrage / The Letter Room d’Elvira Lind : critique

Publié par Jacques Demange le 16 avril 2021

Synopsis : Lorsqu’un agent pénitentiaire est transféré dans la salle des courriers, il se retrouve rapidement mêlé à la vie privée d’un prisonnier.

♥♥♥♥♥

 

The Letter room

The Letter room – affiche

Nommé aux Oscars dans la catégorie du meilleur court métrage de fiction, The Letter Room (2020) permet de découvrir le nom de la réalisatrice danoise Elvira Lind. Déjà auteure de deux documentaires (Songs for Alexis [2014] ; Bobbi Jene [2017]), d’un précédent court (Trentemoller : Gravity [2014]) et d’une minisérie (Twiz and Tuck [2017]), Lind signe ici un scénario qui lui permet d’adapter visuellement la thématique de l’isolement. Car c’est bien celui-ci qui définit le mieux le territoire de sa fiction. Situant sa caméra dans une prison et plus particulièrement dans le quartier des condamnés à mort, la cinéaste se focalise sur le parcours de Richard, gardien en charge du courrier destiné aux détenus. Sans fioritures aucune, l’image exprime les caractéristiques de cette fonction. Le recours quasi-constant au plan rapproché ou au gros plan valorisent le sentiment d’enfermement et l’instabilité propre à l’environnement carcéral. Mais en reprenant ces composantes pour traduire le quotidien de Richard, Lind souligne leur persistance et leur prolongement hors des murs de la prison. De fait, Richard se présente comme le lien entre deux espaces, l’extérieur et l’intérieur, et deux valeurs, la privation et la liberté. Ce rôle le situe dans un intervalle, idée assez formidable que redouble et illustre le cadre du film sans cesse agité de micro-mouvements qui attestent de la possibilité d’un basculement. Loin de se limiter à une simple mise en images de son scénario, Lind parvient à réfléchir les qualités inhérentes à la nature du messager et à discuter de la complexité de sa tâche. C’est ici qu’intervient le talent d’Oscar Isaac. Avec sa moustache et son ventre bedonnant, l’acteur s’épanouit dans un rôle de composition qui le voit mobiliser ses principaux attributs de jeu et en premier lieu son regard.

 

Oscar Isaac - The Letter room

Oscar Isaac – The Letter room

 

Sombre et déterminé, celui-ci renvoie d’abord à l’inflexibilité propre à sa fonction de gardien. Mais dès l’introduction du court métrage, Isaac confère une douceur à l’attitude de son personnage. Sa démarche pesante et sa gestuelle marquée confèrent communément une dimension affective à son rôle que renforcent encore certaines postures (son corps affaissé dans son fauteuil).

 

Si cela fait plusieurs années que l’acteur a su affirmer l’originalité de son style de jeu, The Letter Room lui permet d’approfondir ses réussites passées et le place dans la lignée de certains grands interprètes du cinéma américain. On songe notamment à Rod Steiger avec lequel Isaac partage un goût pour une expressivité à la discrétion relative. Le plus souvent mutique, l’acteur parvient à communiquer par la seule grâce de ses yeux, d’un geste, d’un accessoire ou d’un élément de maquillage.

 

The Letter Room se présente donc comme une franche réussite et peut nous faire espérer que Elvira Lind saura prolonger son inspiration auprès du format long.

 

 

 

  • THE LETTER ROOM
  • Diffusion : du 15 avril 2021 au 10 novembre 2021
  • Plateforme / Chaîne : Arte.tv
  • Réalisation et Scénario  : Elvira Lind
  • Avec : Oscar Isaac, Alia Shawkat, Brian Petsos, Tony Gillan, Michael Hernandez, Eileen Galindo
  • Productrice : Sofia Sondervan
  • Photographie : Sam Chase
  • Montage : Adam Nielsen
  • Durée : 30 minutes 

 

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