Synopsis : Palme d’or du Festival de Cannes avec L’Éternité et un jour en 1998, Théo Angelopoulos est le plus important cinéaste grec. Marqué dans sa jeunesse par la guerre et les conflits politiques, attaché à filmer l’histoire des hommes et le temps qui passe, il a considéré le cinéma comme un acte de résistance à la perte d’utopie, un moyen de garder un œil neuf sur le désenchantement du monde. Publiés pour la première fois, ces échanges sont le reflet d’une parole aussi rare que précieuse. L’auteur du Pas suspendu de la cigogne (1991) et du Regard d’Ulysse (1995) y montre un visage nouveau et inattendu.
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Retranscription des cinq entretiens diffusés dans l’émission de France Culture À voix nue en 2012, cet ouvrage se présente comme un moyen de reconsidérer l’originalité du cinéma de Théo Angelopoulos. Coordonnées par Yorgos Archimandritis, écrivain, auteur de documentaires radiophoniques, biographe et journaliste, ces discussions s’adressent d’abord aux amateurs du réalisateur grec. Car Angelopoulos et son interlocuteur entrent immédiatement dans le vif du sujet. Les origines personnelles du réalisateur éclairent son rapport à l’Histoire dont la formation est moins envisagée comme une linéarité que comme une circularité. De fait, les temporalités qui constituent son cours ne se succèdent pas mais se rencontrent, particularité qui explique l’importance jouée par la mémoire dans l’œuvre du réalisateur. Cette dimension mémorielle se décline selon deux acceptations : le singulier et le collectif. Angelopoulos revient ainsi sur le motif du groupe qui traverse l’ensemble de son œuvre, de La Reconstitution (1970), son premier long métrage, à La Poussière du temps (2008) qui précède l’inachevé L’Autre mer (2012), en passant par Le Voyage des comédiens (1975). Ces problématiques en lien avec les thématiques et les réflexions développées par le cinéaste dans ses films se prolongent à travers un retour plus concret sur certains points méthodologiques. Archimandritis interroge ainsi Angelopoulos sur ses collaborations avec ses compositeurs, ses scénaristes ou ses acteurs. Évoquant son travail avec Harvey Keitel pour Le Regard d’Ulysse (1995), le cinéaste souligne son intérêt pour la valeur comportementale de ses personnages, un goût pour l’instinct qui explicite par ailleurs sa propension aux improvisations en cours de tournage. Non moins intéressants sont les propos de Angelopoulos sur la littérature ou la peinture, lui permettant de revenir sur certains aspects formels de son cinéma (le rapport à la couleur notamment). Si l’on regrette que l’ouvrage ne présente aucun appendice à l’exception d’une filmographie, il faut souligner l’indéniable intérêt de cette synthèse qui invite à redécouvrir l’œuvre magistrale d’un des plus grands réalisateurs du XXe siècle.
- THÉO ANGELOPOULOS. LE TEMPS SUSPENDU
- Auteur : Yorgos Archimandritis
- Éditions : Institut Lumière / Actes Sud
- Date de parution : 5 mai 2021
- Langues : Français uniquement
- Format : 80 pages
- Tarifs : 12 €