Synopsis : Un employé de banque, découvrant un jour qu’il n’est en fait qu’un personnage d’arrière-plan dans un jeu vidéo en ligne, décide de devenir le héros de sa propre histoire, quitte à la réécrire.
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Un peu à la manière de Palm Springs (2020) de Matthew Compton, Free Guy reprend d’abord à son compte la répétition comique du paradoxe temporel qui avait fait le prix de l’inégalable Un jour sans fin (Harold Ramis, 1993). La nouveauté scénaristique se trouve ici du côté de l’origine du héros qui se trouve être un PNJ (personnage non jouable) d’un jeu vidéo ultra-violent. Prenant soudain conscience de sa condition, cet employé de banque un peu falot décide de profiter d’une faille pour échapper à son quotidien aliénant et rejoindre le monde réel. Le réalisateur Shawn Levy (principalement connu pour avoir mis en scène les deux premiers opus de La Nuit au musée) et ses deux scénaristes, Matt Lieberman et Zak Penn, cherchent alors à croiser deux récits. Ceux de L’Incroyable Destin d’Harold Crick (Marc Forster, 2006), dans lequel un inspecteur des impôts comprenait être le protagoniste d’un roman, et du dessin animé Les Mondes de Ralph (Rich Moore, 2012) qui mettait joyeusement en scène les infortunes d’un méchant de jeu vidéo. À première vue, ce mélange réussit assez bien et parvient à prolonger la réussite de ses modèles en filant sans complexe son humour référentiel. Mais si son versant comique séduit franchement, on aurait souhaité que le film prenne parfois son sujet plus au sérieux. Le postulat de base avait de quoi se prêter à une réflexion sur les relations entre virtuel et réel et pousser son ironie au profit d’un sous-discours apte à creuser la trame du scénario.
Un peu léger, le déroulement laisse au spectateur un goût d’inachevé que ne parvient qu’en partie à pallier la présence de gags le plus souvent réussis. Parmi les comédies américaines contemporaines, Free Guy peine donc à convaincre totalement de son originalité. L’autoréflexivité du film oublie son premier objet : lui-même. La mécanique bien huilée du concept aurait dû se prolonger à travers des variations tonales différentes, quitte à risquer d’oublier le rire pour motiver pleinement les capacités de raisonnement du public. À ce stade, malheureusement, Free Guy a les allures d’un Truman Show (Peter Weir, 1998) en manque de poésie. Si les potentialités dramatiques du récit ne sont pas pleinement exploitées, l’acteur Ryan Reynolds s’en donne, de son côté, à cœur joie.
Retrouvant l’esprit méta qui lui avait permis de donner un second souffle à sa carrière, la star de Deadpool semble profiter de la nature de son rôle pour consolider sa persona comique. S’impliquant autant dans les séquences d’action que dans l’interprétation d’un second degré qui lui va comme un gant, Reynolds apparaît comme la vraie réussite du film.
- FREE GUY
- Date de sortie : 11 août 2021
- Réalisation : Shawn Levy
- Avec : Ryan Reynolds, Jodie Comer, Joe Keery, Lil Rey Howery, Utkarsh Ambudkar, Taika Waititi, Camille Kotsek, Channing Tatum
- Scénario : Matt Lieberman et Zack Penn
- Production : Greg Berlanti, Adam Kolbrenner, Shawn Levy, Ryan Reynolds, Sarah Schechter
- Photographie : George Richmond
- Montage : Dean Zimmerman
- Musique : Christophe Beck
- Décors : Ethan Tobman
- Costumes : Marlene Stewart
- Distribution : 20th Century Studio
- Durée : 115 minutes