Synopsis : Paris 13e, quartier des Olympiades. Émilie rencontre Camille qui est attiré par Nora qui elle-même croise le chemin de Amber. Trois filles et un garçon. Ils sont amis, parfois amants, souvent les deux.
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Le réalisateur multirécompensé Jacques Audiard nous fait découvrir le quartier des Olympiades, nommé ainsi en souvenir des JO de Grenoble en 1968. Dans cet ensemble de tours du 13e arrondissement de Paris, chaque immeuble porte le nom d’une ville ayant accueillie cet événement sportif majeur, chaque rue porte le nom d’une discipline. Les protagonistes s’y croisent pour un marathon amoureux, une quête de soi et de l’autre tout en sensualité et en sexualité. Ils tâtonnent, tantôt franchissent la ligne d’arrivée, tantôt échouent… mais l’important, c’est de participer. Après Dheepan (2015), qui racontait l’arrivée d’un réfugié tamoul en France, cette histoire de trentenaires qui se cherchent est un peu plus légère. Mais elle n’en reste pas moins importante. Le réalisateur évoque à travers ses personnages des questions existentielles. Comment aimer ? Qui ? Que faire des sentiments une fois qu’on a perdu sa virginité et que l’on choisit d’avoir des rapports avant d’aimer ? Émilie, jeune chinoise isolée dans sa tour, se replie et s’émancipe au gré de sa sexualité. Amoureuse unilatéralement de Camille, son coloc, elle va se heurter à un refus d’amour de sa part. Cette déconvenue sentimentale la pousse paradoxalement à s’ouvrir. Une histoire d’amour intense et pourtant tout en nuances. Leur relation se fait, se défait et se refait. Camille rencontre ensuite Nora et en tombe amoureux. Problème, Nora ne sait pas qui elle est ni ce qu’elle aime. Elle se cherche et se trouve progressivement suite à un malentendu.
Le réalisateur trouve, avec l’histoire de Nora puis d’Amber Sweet, une façon astucieuse de parler de l’amour et de l’attirance au temps des réseaux sociaux. Les Olympiades, coécrit également avec Céline Sciamma et Léa Mysius (Ava), décompose les codes de cette tranche d’âge avec poésie. Car si les jeunes générations sont ouvertes, et celles précédentes plus traditionnelles, voire même les baby-boomers, où se situent les millénials d’aujourd’hui ? Entre questions de genres et d’orientations sexuelles, la vie est loin d’être un long fleuve tranquille pour ces personnages en quête d’amour, et surtout, en quête de soi. Ou comment redéfinir les codes par rapport à ces désirs profonds. On se laisse bercer par ces histoires en noir et blanc sur une bande son de Rone, palme de la meilleure musique au dernier festival de Cannes.
Une musique ultra stylée, des images très stylisées pour un film des plus actuels, modernes et intemporels. À la fois léger et profond, ce récit choral, tiré de trois nouvelles graphiques de l’auteur américain Adrian Tomine, pourrait bien obtenir une place de choix dans la bibliothèque des cinéphiles trentenaires et des cinéphiles tout court.
Raphaëla Louy
- LES OLYMPIADES
- Sortie salles : 3 novembre 2021
- Réalisation : Jacques Audiard
- Avec : Lucie Zhang, Makita Samba, Noémie Merlant, Jehnny Beth, Camille Léon-Fucien, Océane Cairaty, Anaïde Rozam, Pol White, Geneviève Doang…
- Scénario : Céline Sciamma, Léa Mysius et Jacques Audiard d’après les nouvelles Amber Sweet, Tuer et mourir, Escapade hawaïenne
- Production : Valérie Schermann
- Photographie : Paul Guilhaume
- Montage : Juliette Welfling
- Décors : Mila Preli
- Musique : Rone
- Distribution : Memento
- Durée : 1 h 45