Résumé : Retour sur le succès de ce genre cinématographique à partir de la fin des années 1970. Sa dimension symbolique, le progressisme de ses personnages féminins ainsi que sa place dans la culture populaire sont notamment étudiés.
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Alors que l’année 2022 devrait à la fois accueillir le cinquième épisode de la saga Scream et le bien nommé Halloween Ends, dernier opus de la trilogie Halloween réalisée par David Gordon Green, la fin de la bataille juridique entre le réalisateur Sean S. Cunningham et le scénariste Victor Miller laisse espérer l’annonce d’un nouveau Vendredi 13. Autant de signes de la bonne santé du slasher, sous-genre longtemps cantonné aux marges de la série B (ou Z) mais dont les codes ont désormais contaminé l’ensemble du cinéma d’horreur contemporain. Pour les amateurs et les inconditionnels des tueurs masqués, final girls et autres scream queens, la parution de ce beau livre concocté par Marie Casabonne, Claude Gaillard, Fred Pizzoferato et Guillaume Le Disez, quatre spécialistes du cinéma et des analyses de biais, ne peut que réjouir. Les auteurs ont en effet visé l’exhaustivité, tandis que la maison Vents d’Ouest a prêté à leur projet les larges dimensions que celui-ci méritait, redoublant l’intérêt des commentaires par la présence d’une belle iconographie mêlant affiches et images de films. Histoire, économie, codes, archétypes, évolutions et constances du slasher sont communément étudiés à travers de nombreux exemples riches de découvertes inattendues. Car si les grands noms répondent à l’appel (les susmentionnées franchises emblématiques auxquelles s’ajoutent Souviens-toi… l’été dernier, Urban Legend, et les opus peut-être moins connus de Sleepaway camp, Silent Night, Deadly Night et Hatchet), l’ouvrage prend soin de rappeler que le slasher ne saurait se réduire à un contexte unique.
Au-delà de l’âge d’or des années 1980 et du revival des années 1990, par-delà le seul cinéma américain, le slasher a su envahir le Vieux Continent, s’adapter et muter pour mieux affronter les années. Le norvégien Cold Prey, l’allemand Swimming Pool ou le français Promenons-nous dans les bois (film mal-aimé et à partir duquel les auteurs cherchent à comprendre la difficile intégration du slasher au sein du cinéma hexagonal) le prouvent, de même que le récent succès des séries Scream Queens, Slashers, Dead of Summer et American Horror Story 1984.
Ces réussites auprès du public est-il seulement dû à un attachement nostalgique ? L’entretien avec Natasha Kermani, réalisatrice de Lucky, prouve que le slasher pose des problématiques complexes et dont le traitement n’a pas pour seul but d’assurer sa survie mais bien de l’enrichir de nouveaux enjeux aptes à en revivifier le(s) sens.
Cette volonté de creuser à fond son sujet touche aussi l’approche historique de l’ouvrage. À la mention des matrices bien connues (Psychose de Hitchcock, Le Voyeur de Powell, Terreur sur la ligne de Walton) s’ajoute la présence et l’étude de titres plus obscures (Sisters of Death de Joseph Mazzuca, The Intruder de David Paulsen, Toolbox Murders de Dennis Donnelly) qui donnent réellement envie de repartir à la découverte du genre en compagnie de ce guide aussi érudit qu’accessible.
- SLASHERS. ATTENTION, ÇA VA COUPER…
- Auteurs : Marie Casabonne, Claude Gaillard, Fred Pizzoferato et Guillaume Le Disez
- Date de parution : 24 novembre 2021
- Éditions : Vents d’Ouest / Glénat
- Langues : Français uniquement
- Format : 256 pages
- Tarifs : 35 €