Résumé : Règne des tueurs psychopathes, des demoiselles en danger, des scènes gores jubilatoires, le Slasher est un sous-genre encore méconnu en France. Et pourtant c’est l’un des plus cools de l’histoire du septième art. Avec des fans comme Quentin Tarantino, Kevin Smith et des réalisateurs vedettes comme John Carpenter, Sean S. Cuningham et Wes Craven, vous allez devenir des experts de ce type de cinéma. Des règles scénaristiques aux styles de mises en scène hallucinants, vous saurez absolument tout sur les « Slashers Movies ». En effet, cet essai transmet la passion absolue d’un véritable fan. Ce regard d’expert est indispensable pour qui veut explorer cet univers parallèle du cinéma.
♥♥♥♥♥
Ce petit essai consacré au slasher se présente comme une solide entrée en matière. À travers différents exemples canoniques (Halloween premier du nom, le second Vendredi 13), matrice attestée (Massacre à la tronçonneuse), et hybridations profanes (Boulevard de la mort, Hostel, Cabine Fever, Wolf Creek, ou encore Destination finale), Jérémy Belando, monteur et réalisateur, propose de diviser son objet d’étude en deux catégories plus ou moins distinctes : les slashers purs (principalement caractérisés par la simplicité de leur narration), et les slashers impurs (décrits comme n’obéissant « à aucune règle » et seulement limités par « l’imagination tordue de leurs scénaristes »). Grâce aux nombreuses analyseS de scénarios et de séquences qui émaillent l’ouvrage, cette structure affirme sa viabilité. L’étude profite ainsi de la relative liberté permise par son approche pour accorder une place importante aux œuvres s’écartant plus ou moins délibérément des codes propres à ce sous-genre ; un ensemble de règles et de principes que Belando prend soin de synthétiser dans son introduction (ainsi des caractéristiques visuelles et dramatiques entourant la représentation du tueur, de l’importance accordée à la figure de la femme, ou de l’association fondamentale du teenage movie et du thriller à l’origine de la singularité du slasher dans le paysage du cinéma d’horreur). Bien que l’auteur justifie avec cohérence son refus de s’attarder sur les nombreuses suites et remakes des films envisagés (pas de Halloween 2 façon Rob Zombie ici, ni de Scream 4 ou de Massacre à la tronçonneuse en 3D), on pourra regretter l’absence d’analyses plus formelles qui auraient permis d’opérer une réelle archéologie du genre en revenant notamment sur ses origines européennes à travers les productions du giallo italien. Par ailleurs, si Belando étudie en profondeur la valeur critique (sociale et civilisationnelle) du slasher, certains propos apparaissent comme des raccourcis un peu faciles (Halloween est en effet sorti en salles à la fin des années soixante-dix et semble moins attaché aux préoccupations politiques de la décennie qu’il annonce les futures problématiques du cinéma d’horreur des années quatre-vingt). À ces manques, qu’on pourra juger mineurs dans le cadre d’une étude de synthèse, s’ajoute la présence d’une bibliographie peu complète privilégiant aux chapitres d’ouvrages scientifiques (à l’image du collectif Cauchemars du cinéma américain dirigé par Frank Lafond qui proposait une étude du caractère grand-guignolesque de la saga des Vendredi 13, ou plus récemment du premier volume de l’anthologie Darkness publiée chez LettMotif et qui consacre un article de fond à la question du slasher), la recension de sites généralistes et spécialisés, et des quelques documentaires (français) portant sur le sujet. Si la valeur introductive de l’ouvrage se doit d’être saluée, il faut donc remarquer qu’il se destine principalement à un lectorat néophyte, les cinéphiles déjà acquis à la cause du slasher risquant de trouver ce tour d’horizon un peu creux.
- LES SLASHERS OU LA PURETÉ CINÉMATOGRAPHIQUE
- Auteur : Jérémy Belando
- Éditions : Ocrée
- Collection : Essai
- Date de parution : 10 octobre 2018
- Format : 146 pages
- Tarif : 18 €