The Pale Blue Eye de Scott Cooper : critique

Publié par CineChronicle le 9 janvier 2023

Synopsis : Un commissaire à la retraite recrute un brillant cadet de West Point appelé Edgar Allan Poe pour qu’il l’aide à résoudre un meurtre atroce à l’Académie militaire américaine.

♥♥♥♥♥

 

The Pale Blue Eye - affiche

The Pale Blue Eye – affiche

Six ans après la sortie du remarqué Hostile, Christian Bale retrouve Scott Cooper pour un film dont l’intrigue place à nouveau ses personnages à l’écart de la société, au sein de l’Académie Militaire de West Point. L’acteur incarne le commissaire Landor, un veuf alcoolique appelé à résoudre une série de meurtres mystérieux. Fidèle au roman de Louis Bayard, le film instaure efficacement une atmosphère glaçante. De l’austère école militaire au cottage de Landor, en passant par le cimetière désolé et la forêt aux arbres nus, les paysages enneigés se font le terrain de rencontres insolites. Telle une rude avancée à travers la poudreuse, l’enquête de Landor piétine. Elle prend lieu le plus souvent en plein jour, dans une clarté outrancièrement relevée par la blancheur de l’hiver. Tout est là, clair, visible, et pourtant interdit à notre compréhension – à l’image des cadavres pendus, dont les mutilations invitent à fantasmer des rituels obscurs. Fantasmes rehaussés par la figure du poète, Edgar Allan Poe lui-même. Élève de l’Académie, le jeune lettré devient à la fois le protégé et le complice infiltré de Landor. Au centre du film, la relation entre les deux hommes se tisse avec subtilité et émotion. Chacun devient pour l’autre une sorte de substitut familial et participe à résoudre leurs deuils mutuels. Landor s’avère vite très protecteur envers le jeune Edgar qui, pour sa part, ne manque pas une occasion de l’impressionner, soit en développant des théories sur les motivations du meurtrier, soit en pénétrant le cercle d’amis des victimes.

 

Christian Bale - The Pale Blue Eye

Christian Bale – The Pale Blue Eye de Scott Cooper – Crédit Netflix

 

D’abord rustre et hardi, le personnage de Christian Bale s’efface progressivement, tout en sobriété, pour laisser se déployer le charisme inattendu d’Harry Melling, qui interprète ici un Edgar Poe plein de tics et de jugeote. Il ne cède ni à la caricature glamour et torturée du poète romantique ni à celle du paria. Le vilain cousin d’Harry Potter se métamorphose ici en un jeune homme nerveux, rêveur, sincère, parfois séducteur mais jamais grandiloquent. Il oscille perpétuellement entre suspect et enquêteur, et intrigue toujours sans vraiment inquiéter.

 

La première heure du film introduit efficacement tous les protagonistes et distille à bon rythme les pistes qui, tôt ou tard, doivent mener au coupable. Trop tard, malheureusement. Après avoir pris le temps de composer une atmosphère saisissante, Scott Cooper semble irrémédiablement rattrapé par la nécessité de conclure. La deuxième moitié de The Pale Blue Eye s’égare donc en dialogues et en confrontations qui mettent à jour un crime trop peu crédible. Si le film jusqu’alors entretenait des motifs fantastiques sans en abuser, la résolution de l’enquête de Landor y plonge presque tête la première et en devient burlesque. Tout s’enchaîne de façon chaotique sans plus vraiment chercher à créer ni surprise ni tension.

 

Christian Bale et Harry Melling - The Pale Blue Eye de Scott Cooper - Credit Netflix

Christian Bale et Harry Melling – The Pale Blue Eye de Scott Cooper – Crédit Netflix

 

Les vingt dernières minutes et les retrouvailles finales sauvent les meubles. Bien que l’on puisse regretter un recours aux flashbacks un peu systématique et facile, on assiste à une relecture de l’enquête prévisible mais rondement menée. Si l’on peut en déplorer la mise en scène verbeuse et un peu trop explicative, on apprécie en revanche la relation complexe qui s’étoffe dès lors entre Landor et Poe, teintée de complicité et d’amertume. L’œil bleu pâle du titre réinterprète sans trop le commenter le rapport obsessionnel de l’auteur à la mort. Quant à la mystérieuse nouvelle du Cottage de Landor, le scénario l’extrapole jusqu’à faire du personnage de Christian Bale lui-même un archétype poësque. On retiendra surtout du film un égard manifeste pour l’œuvre du poète et l’interprétation pleine de justesse d’Harry Melling.

 

Aésane Geeraert

 

 

 

  • THE PALE BLUE EYE
  • Sortie : Depuis le 6 janvier 2023
  • Chaîne / Plateforme : Netflix
  • Réalisation : Scott Cooper
  • Avec : Christian Bale, Harry melling, Gillian Anderson, Fred Hechinger, Lucy Boynton, Robert Duvall, Toby Jones, Charlotte Gainsbourg, Timothy Spall, Charlie Tahan, Simon McBurney, Hadley Robinson, Harry Lawtey, Gideon Glick, Brennan Keel Cook, Joey Brooks, Steven Maier, Matt Helm
  • Scénario : Scott Cooper
  • Production : Christian Bale, Scott Cooper, John Lesher, Tyler Thompson, Louis Bayard, Tracey Landon, Buddy Patrick, Emily Hunter Salveson, Dylan Weathered
  • Photographie : Masanobu Takayanagi
  • Montage : Dylan Tichenor
  • Décors : Gretchen Gattuso, Jane Madden
  • Costumes : Kasia Walicka Maimone
  • Musique : Howard Shore
  • Durée : 2 h 10

 

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