L’acteur américain, principalement connu pour son rôle de John Shaft, était l’une des grandes figures incontournables de la blaxploitation des années 70.
La carrière de Richard Roundtree est résolument liée à l’existence du célèbre inspecteur de police. Tiré du roman éponyme, Shaft sorti en 1971 (sous le titre Les Nuits rouges de Harlem en France) est un véritable phénomène de société outre-Atlantique.
En mettant en scène John Shaft, un agent de police afro-américain qui tente de déjouer les prémices d’une guerre raciale entre gangs, le réalisateur Gordon Parks crée une icône, entraînant une véritable vague culturelle, renforcée par le theme révolutionnaire d’Isaac Hayes.
Le film est l’un des chefs de file du courant blaxploitation dans la représentation des Afro-Américains à l’écran. Loin d’un rôle de faire-valoir, Shaft est un véritable héros, et Richard Roundtree irradie l’écran de son charisme brut. Le film connaît un succès colossal, dépassant à l’époque la barre des dix millions de dollars de recettes pour seulement 500 000 de budget.
Suivent deux suites, Les Nouveaux Exploits de Shaft (1972) et Shaft contre les trafiquants d’hommes (1973). Bien moins abouties que le premier opus, elles permettent néanmoins à Roundtree de se forger une image solide auprès du grand public. Si ce rôle iconique lui colle à la peau au crépuscule de la blaxploitation, l’acteur parvient à poursuivre une jolie carrière.
Dès 1973, il tient le rôle-titre dans le western Charley le Borgne, réalisé par Don Chaffey, éternel cinéaste de Jason et les Argonautes et de Un million d’années avant J.C. Roundtree y campe un soldat américain déserteur, qui se lie d’amitié avec un indien et doit faire face à un chasseur de primes raciste. À travers cette amitié fraternelle entre laissés-pour-compte de l’Amérique, Charley le Borgne s’inscrit dans les thématiques sociales de Shaft.
Le reste de sa filmographie est plutôt constitué de seconds rôles. Il apparaît dans l’impressionnant casting choral du film catastrophe Tremblement de Terre (1974) de Mark Robson, aux côtés de Charlton Heston et Ava Gardner. On le retrouve également aux côtés de Robert Shaw dans le film de braquage Un coup de deux milliards de dollars (1975), réalisé par le fameux producteur et réalisateur israélien Menahem Golan.
Mais l’une des véritables pépites de la carrière de Richard Roundtree survient trois ans plus tard, avec Épouvante sur New York (1982). Dans cette excellente série B, un gigantesque serpent ailé ayant élu domicile dans l’une des tours de la ville, sème la terreur et la mort sur Big Apple.
Il y incarne le sergent Powell, enquêtant sur les méfaits du serpent géant, avec l’inspecteur Shepard, campé par David Carradine. Bénéficiant de tout le savoir-faire du réalisateur Larry Cohen, Épouvante sur New York reste encore aujourd’hui l’un des meilleurs films de monstres des années 80.
Richard Roundtree apparaît également dans Maniac Cop de William Lustig en 1988, autre artisan majeur de la série B et autre film à succès. Si l’acteur joue ici les seconds rôles, son personnage clin d’œil de commissaire de police continue de faire sourire les fans de Shaft.
Dans les années 90, on le voit dans Seven de David Fincher (1995) ou encore dans Speed Racer des Wachowski (2008). Mais c’est à son rôle inaugural que Roundtree doit sa fin de carrière. En 2000, alors que la mode des remakes et des réadaptations bat son plein, un nouvel opus de Shaft sort sur les écrans de cinéma en 2019. Si le détective est incarné par Samuel L. Jackson, Richard Roundtree yest de la partie. Une occasion pour l’acteur de renfiler les habits de l’inspecteur John Shaft, puisque son personnage des années 70 n’est autre que l’oncle de celui incarné par Jackson.
En 2023, l’acteur américain s’est éteint le 25 octobre à l’âge de 81 ans des suites d’un cancer du pancréas, laissant derrière lui un personnage emblématique du cinéma d’exploitation en héritage.
Timothée Giret