Série The River : critique

Publié par Philippe Tessier le 3 mai 2012

Emmet Cole, célèbre aventurier et star d’une émission de télévision, disparaît lors d’un voyage en Amazonie. Plusieurs mois plus tard, sa balise de détresse s’active. La chaîne pour laquelle il travaillait décide alors de financer une opération de sauvetage avec sa femme et son fils à la condition que l’expédition soit intégralement filmée. L’équipe embarque à bord d’un bateau et remonte l’Amazone sans se douter qu’elle va se heurter à des forces terrifiantes…

 

 

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The River, diffusée sur ABC en Février 2012, est une série de 8 épisodes de 43 minutes créée par Oren Peli et Michael R. Perry. Depuis La Bombe de Peter Watkins, les films tournés comme s’il s’agissait de documentaires ne manquent pas. Du fameux Blair witch à Troll Hunter en passant par Paranormal activity (dont Oren Pelli est le scénariste et le réalisateur d’ailleurs), cette technique donne des résultats plus ou moins convaincants. Appliquée à la série télévisée, le résultat est pour le moins mitigé. Si l’idée semble séduisante sur le papier, elle l’est un peu moins à l’écran et il arrive assez souvent au cours des premiers épisodes de regretter un tournage plus conventionnel. Le procédé marche bien quand la caméra est fixe et que l’on guette l’événement surnaturel mais il est beaucoup moins convaincant quand on veut s’intéresser aux membres d’équipage de ce navire. Mais le plus gros problème de The River provient certainement de la crédibilité des situations. Que ce soit pour une série ou pour un film, le point fondamental est de parvenir à pousser le spectateur à accepter les principes de base du récit qui lui est proposé même si ces principes sont totalement fantastiques. C’est vrai pour une série conventionnelle, ça l’est encore plus avec ce procédé documentaire censé ancrer l’aventure dans une sorte de téléréalité. Or, dans The river, on a du mal à adhérer à la base même du récit. Les personnages dans leur ensemble sont peu intéressants et, franchement, leur destin nous laisse de marbre. Les seuls qui suscitent un quelconque intérêt sont Emmet Cole (Bruce Greenwood), qu’on ne voit pourtant qu’à travers des documentaires pendant la majeure partie de la série, et le mercenaire accompagnant l’équipe, Kurt Brynildson (Thomas Kretschmann).

 

 

Mais le plus gênant est certainement la manière dont ces personnages réagissent face à l’inconnu et au surnaturel. Parfois il peut être assez difficile d’accepter qu’un individu confronté à une horreur indicible ou à une mort assez atroce (ce qui est souvent le cas dans ce genre de séries/films) puisse songer à garder sa caméra à l’épaule… dès le premier épisode, les héros ne semblent pas plus ébranlés que ça par ce à quoi ils ont assisté. Et pourtant, ce n’est pas anodin et on tape directement dans le répertoire des esprits vengeurs et autres démons des basses fosses. Confrontés à des choses qui feraient fuir en hurlant (et en jetant la caméra sur lesdites choses) la plupart des mortels normalement constitués, les personnages trouvent presque toujours une solution assez rapidement avec un sens de la déduction qui ferait pâlir Colombo. L’une des héroïnes, la fille du mécanicien du bateau, est assez caricaturale dans ce domaine. Elle ne doit pas avoir plus de vingt ans et pourtant ses connaissances concernant les esprits qui hantent l’Amazone impressionneraient certainement tous les sorciers du coin. La série aurait gagné en intérêt si la peur avait été omniprésente et que, par exemple, le cliffhanger final avait été utilisé presque dès le début pour expliquer qu’ils n’aient pas le choix. A propos de l’Amazone d’ailleurs, il est à regretter que le milieu hostile dans lequel l’équipe évolue ne soit pas mieux rendu. Les expéditions à terre ressemblent plus à des promenades en forêt. On est très loin de l’ambiance inquiétante suscitée par la forêt de Blair Witch.

 

Et pourtant, cette série reste attachante et suscite un certain intérêt. Tout d’abord pour son intrigue de fond, la Source, qui n’est pas sans rappeler un des éléments de Lost. Si le Professeur Emmet Cole a disparu, c’est qu’il était parti à la recherche de cette fameuse source qui serait à l’origine de tous les phénomènes paranormaux. Et il n’est pas le seul qu’elle intéresse comme on le découvre très rapidement à travers un des personnages, Kurt Brynildson. Normalement chargé d’assurer la sécurité de l’expédition, ce dernier s’avère travailler pour de mystérieux individus qui ne veulent pas qu’on découvre la Source. C’est bien évidemment le point qu’on voudrait voir développé et qui ne l’est que très peu dans cette première saison. Ensuite, certains épisodes sont assez réussis et on se laisse parfois captiver par les mystères de l’Amazone et par les esprits invisibles qui y règnent. En fait, ce qu’on regrette profondément après avoir vu cette série, c’est qu’elle a un très fort potentiel qui n’est malheureusement pas exploité. Chaque intrigue développée dans chaque épisode est intéressante en soit mais trop survolée. Il aurait été certainement préférable de faire des doubles épisodes permettant de mieux approfondir tel ou tel sujet (notamment le laboratoire abandonné). Avec un scénario solide et des personnages travaillés et attachants, cette odyssée sur l’Amazone aurait peut-être pu susciter la peur… ce qui n’est malheureusement pas le cas.

 

Philippe Tessier

 

 

 

Série américaine THE RIVER créée par Oren Peli et Michael R. Perry de 8 épisodes de 43 minutes et diffusée sur ABC à partir du 7 Février 2012, avec Bruce Greenwood, Joe Anderson, Leslie Hope, Eloise Mumford, Paul Blackthorne, Thomas Kretschmann, Daniel Zacapa, Shaun Parkes, Paulina Gaitan.

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Source: CBO Box office

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