A la tête de l’organisation Torchwood de Cardiff, le capitaine Jack Harkness et son équipe utilisent les technologies extra-terrestres pour venir à bout de problèmes qui dépassent le gouvernement et la police. Unis, ils se battent pour le futur de l’humanité. Car c’est au 21ème siècle que tout va se jouer…

 

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Torchwood est une série atypique à bien des égards. Spinoff du Doctor Who, elle en reprend le fameux Capitaine Jack Harkness interprété avec brio par John Barrowman. Venu du futur, immortel, attiré par tous les sexes connus ou inconnus (bien que préférant nettement les hommes), Jack n’est pas un héros comme les autres. Il est torturé par son passé, par les choix qu’il a dû faire et surtout par les conséquences de ces choix. Il faut dire que les gens qu’ils côtoient ont une fâcheuse tendance à mourir alors qu’il ne peut jamais rien lui arriver. Bien entendu, ça rappelle furieusement le Doctor Who mais avec un concept poussé un cran plus loin. Le Doctor Who ne vieillit pas mais peut être tué, Jack est absolument immortel ; même si le Doctor Who s’entoure de compagnons pour tromper sa solitude, il garde ses distances alors que Jack s’attache et s’éprend souvent de ceux qu’ils croisent. Il est donc constamment déchiré par la perte de ceux qu’il aime sans retenue. Grâce à l’interprétation sans faille de John Barrowman, on découvre un personnage écorché qui sous ses airs désinvoltes laisse en permanence affleurer un sentiment de profonde détresse. Il faut dire que les situations auxquelles il est confronté n’arrangent rien surtout quand c’est lui qui doit prendre des décisions lourdes de conséquences. C’est un individu pragmatique qui fait toujours ce qu’il doit faire même si cela le met au supplice. Mais si cette série est si captivante, ce n’est pas uniquement pour son acteur principal mais aussi pour tous ceux que l’on retrouve au sein de l’équipe Torchwood. A commencer par la ravissante, la délicieuse et sublime Eve Myles qui campe Gwen Cooper. D’origine galloise, comme l’acteur qui interprète son compagnon (Kai Owens), elle en a séduit des téléspectateurs, avec ses dents du bonheur et son accent si particulier (il vaut d’ailleurs mieux privilégier la VO à la VF de cette série puisque le doublage fait disparaître cette particularité). Le reste de la distribution est du même niveau et chaque personnage s’avère attachant.

 

 

Torchwood, ce sont aussi des scénarios d’une très grande qualité qui traitent de sujets graves sans le moindre compromis. Ici, quand il n’y a pas de solution à un problème, il n’y en a vraiment pas et les héros ne risquent pas d’en sortir une de leur chapeau comme par magie (voir l’excellent épisode avec les fées dans la première saison). Tous les sujets sont abordés même les plus tabous, comme le suicide assisté dans un des épisodes de la saison 1 où Jack accompagne un homme jusqu’à son dernier souffle dans une des scènes les plus mémorables de la série. C’est pour cette raison que Torchwood s’adresse résolument à un public adulte et c’est sans doute aussi pour cette raison que son parcours est des plus chaotiques. Après une brillante première saison (2006-2007) de 13 épisodes, elle est renouvelée en 2008 pour une seconde saison un peu moins convaincante. Menacée d’annulation, Torchwood revient en Juillet 2009 sous la forme d’une mini-série coup de poing de 5 épisodes, intitulée Les Enfants de la Terre, qui est un véritable succès (à voir également en VO, la version française n’étant pas à la hauteur de l’intensité de certaines scènes). Il faut dire que les scénaristes vont très loin dans cette troisième saison et explorent leur sujet jusqu’au bout sans épargner leurs personnages dont un malheureux Jack qui est confronté à la pire décision de sa vie. Fort du succès des Enfants de la Terre, la BBC donne son feu vert à une quatrième saison mais sous la forme d’une coproduction avec la chaîne américaine Starz pour tenter de séduire les spectateurs outre Atlantique. Elle est diffusée en Juillet 2011 en Angleterre et aux Etats-Unis et en Décembre 2011 en France sur NRJ12.

 

Le défi pour les scénaristes est de parvenir à un scénario aussi fort que celui des Enfants de la terre. Ils doivent aussi étendre l’action aux Etats-Unis toujours dans l’optique de conquérir l’audience outre-atlantique. Intitulée Le Jour du Miracle, cette quatrième saison conserve toutes les qualités de la série et les thèmes abordés sont pour le moins dérangeants. Elle s’avère un tout petit peu moins réussie que la précédente mais à ce niveau de qualité ce n’est qu’un détail. A la fin de la troisième saison, Jack avait quitté la Terre écœuré et totalement désespéré. Il y revient contraint et forcé. Il faut dire qu’un phénomène tout à fait inattendu se propage sur terre : plus personne ne meurt. A partir de là, les scénaristes nous entraînent dans une véritable descente aux enfers pour l’humanité, car si les humains ne meurent plus, ils n’en restent pas moins sujets aux maladies, aux blessures, aux handicaps. Dans le premier épisode, on voit ainsi un personnage se faire pulvériser avec une ceinture d’explosifs… ce qui reste de lui continue à vivre.

 

Ce qui apparaît d’abord comme un miracle s’avère être très rapidement une catastrophe d’une ampleur inimaginable. Et avec 500 000 personnes de plus par jour sur la planète, on comprend aisément pourquoi. Ce fait est parfaitement rendu dans la première partie de la série où le scénario aborde tous les problèmes que pourrait poser une telle situation : comment gérer l’augmentation de la population ou que faire de ceux qui souffrent et que la mort ne peut plus libérer, le suicide devient impossible, l’économie commence à vaciller dans tous les pays et la substance la plus précieuse devient désormais les antalgiques que les compagnies pharmaceutiques se mettent à produire en masse. Chaque individu, bien naturellement, voit les choses en fonction de sa situation propre. Gwenn pense avant tout à l’enfant qu’elle vient d’avoir et qui ne connaîtra pas la mort, elle sait aussi que ce « miracle » sauve son père victime d’une crise cardiaque. Un des nouveaux personnages, Rex Matheson (Mekhi Phifer), est un agent de la CIA qui vient de se faire empaler par un tube métallique au cours d’un accident de voiture. Enquêtant sur l’origine de cette soudaine immortalité généralisée, il sait que s’il stoppe le phénomène, il mourra.

 

Il y a aussi ce condamné à mort qu’on ne peut plus exécuter, un pédophile de la pire espèce brillamment interprété par Bill Pullman. Particulièrement pathétique et détestable (« Il fallait qu’elle court plus vite » dit-il en parlant de sa victime), c’est lui qui est le premier miraculé et qui va devenir une sorte de messie pour une partie de la population. Et puis il y a Jack… Jack l’immortel qui redevient… mortel. Le tout est désormais de savoir pourquoi. Une fois le problème posé, les personnages présentés et les enjeux définis, les scénaristes vont s’intéresser aux solutions concoctées par les gouvernements pour régler la crise…. des solutions aussi radicales qu’épouvantables qui nous ramènent à ce qu’il y a de pire dans l’être humain. La seconde partie de la série va s’intéresser un peu plus à l’origine du phénomène et au passé de Jack. C’est peut-être là que Le Jour du Miracle perd un peu en intensité et s’avère moins percutant que les Enfants de la Terre. Malgré tout, les choix que devront faire les différents protagonistes tiennent en haleine jusqu’au dénouement et chaque épisode offre son lot de rebondissements. Il serait difficile dans un seul article de détailler tous les aspects de cette histoire tant ils sont nombreux et intéressants. Une chose est certaine, si vous ne connaissez pas Torchwood, on ne peut que vous recommander de vous précipiter sur cette série à nulle autre pareille. Interprétation brillante, scénarios captivants, personnages passionnants, sujets profonds, on ne peut que regretter qu’après chaque saison la décision de renouveler cette série soit aussi difficile à prendre.

 

Philippe Tessier

 

 

 

 

 

Série anglo-américaine ‘Le jour du Miracle’ (‘Torchwood’ saison 4) créée par Russell T. Davies de 10 épisodes de 52 minutes et diffusée sur la BBC et Starz à partir du 8 Juillet 2011 avec John Barrowman, Eve Myles, Kai Owen, Arlene Tur, Mekhi Phifer, Aklexa Havins, Bill Pullman et Lauren Ambrose. Disponible en France en DVD (avec une interdiction aux moins de douze ans).

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