Synopsis : Dix ans après l’effondrement de l’économie occidentale, les mines australiennes sont encore en activité, et cette industrie attire les hommes les plus désespérés et les plus dangereux. Là -bas, dans une société moribonde où survivre est un combat de chaque jour, plus aucune loi n’existe. Eric a tout laissé derrière lui. Ce n’est plus qu’un vagabond, un homme froid rempli de colère. Lorsqu’il se fait voler la seule chose qu’il possédait encore, sa voiture, par un gang, il se lance à leur poursuite. Son unique chance de les retrouver est Rey, un des membres de la bande, abandonné par les siens après avoir été blessé. Contraints et forcés, les deux hommes vont faire équipe pour un périple dont ils n’imaginent pas l’issue…
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Après Animal Kingdom, drame de gangsters familial récompensé aux festivals de Sundance et de Beaune en 2010, David Michôd revient avec The Rover, un western moderne dystopique en mode Mad Max, dénué ici de toute excentricité visuelle, dans lequel se mêle le road-movie âpre et prenant. Présenté en séances de minuit au 67e festival de Cannes, ce deuxième long métrage minimaliste ne doit pas tant sa réussite à  son scénario relativement basique, mais bien à  son atmosphère de chaos, sa bande sonore anxiogène, sa photographie saturée, ses décors sauvages, arides et rudes de l’outback australien et surtout à  ses deux acteurs principaux. A commencer par Guy Pearce. L’acteur australien d’origine britannique, qui retrouve le cinéaste quatre ans plus tard, a souvent été habitué à jouer des rôles de composition. Celui-ci s’en approche quelque peu. Monolithique, introspectif et taiseux, il incarne un vagabond solitaire d’une quarantaine d’années, misanthrope, aigri et tourné sur lui-même, dont on ne sait rien de prime abord si ce n’est que le seul bien qu’il possède encore, dix ans après avoir assisté à l’effondrement de l’économie occidentale, est sa voiture. Si son existence semble être totalement anéantie, la séquence d’ouverture au rythme lent, plongée dans un désert austral post-apocalyptique accablé par le soleil et la chaleur étouffante, donne d’emblée le ton et dessine le portrait opaque et opiniâtre de ce personnage impénétrable.
Alors qu’il est en train de boire un verre dans le bar d’un coin isolé et insalubre, l’instant comme figé dans l’air est interrompu au second plan par une voiture-truck fonçant à toute vitesse sur la route marquant ainsi une rupture brutale de rythme assez drôle. Si le bruit le fait enfin sortir de sa léthargie, il s’aperçoit trop tard que trois hommes, menés par Scoot McNairy (Monsters), ont déjà volé sa voiture. Dès lors, il entame une course-poursuite non stop pour la récupérer et finit par croiser le jeune frère blessé du leader, incarné par Robert Pattinson. L’acteur anglais de 28 ans continue de son côté à  s’extraire avec intelligence de son image vampirisée par la saga Twilight, après être tombé entre les brillantes mains de Cronenberg. Il livre ici une performance assez poignante au travers de ce jeune personnage simplet, fragile et naïf, avec un accent traînant. Dans ce périple sur asphalte et terre rouge, jonché de cadavres abattus sans aucune pitié ni remord par Guy Pearce, c’est au travers de toute la dissemblance de ce tandem que The Rover parvient à trouver son sens et à s’imposer en dépit de sa lenteur décontenançante. Leur relation devient ainsi le moteur du récit, coécrit par Joel Edgerton et David Michôd, bien plus nihiliste, dépouillé, sec et austère qu’Animal Kingdom, définissant finalement cette brève lueur d’humanité encore possible dans une société moribonde, peuplée de criminels et d’escrocs qui gravitent autour de toute l’industrie minière australienne.
- THE ROVER réalisé par David Michôd en salles le 4 juin 2014.
- Casting : Guy Pearce, Robert Pattinson, Scoot McNairy, David Field, Anthony Hayes, Gillian Jones, Susan Prior, Richard Green, Tawanda Manyimo, James Fallon.
- Scénario : David Michod d’après une histoire de David Michôd et Joel Edgerton.
- Production : Liz Watts, David Linde, David Michôd
- Photographie : Natasha Braier
- Montage : Peter Sciberras
- Décors : Jo Ford
- Musique : Colin Stetson
- Costumes : Cappi Ireland
- Effets Visuels : Dave Morley
- Effets Spéciaux : Angelo Sahin
- Distribution : Metropolitan FilmExport
- Durée : 1h42
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