La présidente Jane Campion accompagnée de son jury, a dévoilé les récipiendaires de cette 67e édition du festival de Cannes ce samedi 24 mai 2014 dans le Théâtre Lumière, animé par le maître de cérémonie Lambert Wilson.
Le verdict a déjoué les pronostics. Si l’on est ravis pour certains et déçus pour d’autres, le palmarès de cette 67e édition, présidée par la Néo-Zélandaise Jane Campion, est à l’image d’une sélection 2014 en demi-teinte, sans réelle énergie, ni coup de coeur ni effervescence. Dans la salle de presse du Palais envahie de journalistes, les silences de l’attente, les applaudissements et les sifflets se sont mélangés. Ainsi la Palme d’or, remise par Quentin Tarantino et Uma Thurman, est revenue au film turc contemplatif de 3h16, Sommeil d’Hiver (Winter Sleep) de Nuri Bilge Ceylan, qui succède à LA VIE D’ADÈLE de Kéchiche (notre critique) de même durée. Le cinéaste, habitué du festival pour avoir remporté plusieurs récompenses, a déclaré : « C’est une très grande surprise pour moi, je ne m’y attendais pas. Je ne sais pas quoi dire. Cette année est la 100e du cinéma turc, c’est donc une heureuse coïncidence. Je remercie le Festival de Cannes d’avoir soutenu ce long projet. » .
La soirée s’est cependant ouverte sur Gilles Jacob, venu tirer sa révérence après avoir brillamment servi pendant près de quarante ans de Délégué Général à Président du festival (1977-2014), en remettant la Caméra d’or à Party Girl dans la section Un Certain Regard, avant de recevoir une standing ovation. On retiendra également que les Dardenne sont repartis pour la première fois bredouilles avec DEUX JOURS, UNE NUIT (notre critique) et avec, son actrice principale Marion Cotillard, dont le prix d’interprétation féminine lui échappe pour la troisième fois.
On reste cependant enthousiastes de voir au palmarès Julianne Moore, qui incarne une actrice déchue enviant une jeune actrice montante dans Maps to the Stars de David Cronenberg. On est également extrêmement ravis pour Timothy Spall dans MR TURNER de Mike Leigh (notre critique), qui trace le portrait de l’artiste J.M.W Turner durant ses 25 dernières années. L’acteur britannique est en effet totalement habité pour son rôle à la fois monolithe, rugueux et taciturne, qui dessine l’évolution personnelle, le poids et l’affect de cet artiste bourru.
Si néanmoins on aurait souhaité voir Steve Carell rafler la récompense pour son rôle fulgurant et méconnaissable de John E. du Pont dans FOXCATCHER (notre critique), on est toutefois enchantés pour Bennett Miller, lauréat du prix de la Mise en Scène. Il signe une œuvre tentaculaire et d’une noirceur manifeste, entièrement axée sur des personnages dans toutes leurs intériorités et complexités émotionnelles.
Le palmarès n’a pas remporté l’adhésion générale, mais on soulignera quand même le Prix du Jury ex-aequo à deux longs métrages mettant en exergue deux cinéastes, l’un en devenir et l’autre d’une Nouvelle Vague passé. MOMMY de Xavier Dolan (notre critique), qui ne nous a pas convaincus, explore les troubles ravageurs d’un adolescent dont la mère désaxée et veuve tente de gérer les situations face aux comportements violents de son enfant. Adieu au Langage de Jean-Luc Godard est quant à lui aussi déconcertant dans son message que pétillant dans son utilisation de la 3D. Au final, si cette 67e édition a proposé une sélection en manque d’intensité et de vibration, elle a tout de même révélé certaines oeuvres émouvantes sur fond de mise en abime, d’introspection ou encore de portraits prenants de personnalités et ce, toujours nourris par énormément d’humour…
Découvrez le palmarès complet de cette 67e édition du festival de Cannes…