Synopsis : Une époque enchantée, où les légendes et la magie ne font qu’un… L’unique guerrier survivant d’un ordre mystique part en quête d’un héros prophétique doté d’incroyables pouvoirs, désigné par la légende comme étant le dernier des Sept Fils. Le jeune héros malgré lui, arraché à la vie tranquille de fermier qu’il menait jusqu’à présent, va tout quitter pour suivre ce nouveau mentor rompu au combat. Ensemble ils tenteront de terrasser une reine d’autant plus maléfique qu’elle a levé contre le royaume une armée d’assassins redoutables aux pouvoirs surnaturels.
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Le cinéaste russe Sergeï Bodrov, principalement connu pour Le Prisonnier du Caucase et Mongol, nommé à l’Oscar du meilleur film étranger, nous présente son nouveau et premier long métrage hollywoodien. Le septième fils est adapté du premier tome d’une série de romans heroic-fantasy du Britannique Joseph Delaney, The Wardstone Chronicles (L’Épouvanteur). Il réunit Julianne Moore et Jeff Bridges qui se retrouvent quinze ans après The Big Lebowski des frères Coen. Désormais rivaux, ils vont se livrer une guerre sans merci puisque l’actrice américano-britannique incarne une sorcière maléfique, implacable et incisive, en rage contre ce chasseur d’impies et de démons, Maître Gregory. Accompagné du jeune septième fils, Tom Ward (Ben Barnes), ce mentor rompu au combat va tenter d’arrêter le projet funeste de Mère Malkin. Le monde du Septième fils, peuplé de créatures qui se sont mélangées, nous plonge dans l’univers de la magie noire, des spectres, des dragons et des monstres redoutables. Les sorcières et les humains, loin de s’être toujours détestés, se sont quelquefois aimés et ont donné naissance à des métamorphes qui rendent compliquée une guerre fratricide. Sergeï Bodrov manie avec brio le genre fantastique et tous les bons ingrédients sont là. Dans ce récit coécrit par Steven Knight (LOCKE – notre critique), Max Borenstein (Godzilla), Charles Leavitt (Blood Diamond) et Matthew Greenberg (Le règne du Feu), l’action permanente est renforcée par une mise en scène aérienne et fluide, entre vues panoramiques et effets de perspectives.
L’ensemble est optimisé par une 3D qui apporte une véritable profondeur aux images augmentant notre impression d’immersion. Les costumes et transformations sont éblouissants. Même constat pour les effets visuels conçus par John Dykstra. Mais le sommet reste sans doute la partition de Marc Beltrami, qui a su instiller toute la force de la narration, nous invitant au centre des ténèbres par l’utilisation fréquente des basses. Le réalisateur russe manipule ainsi tous ces dispositifs artistiques pour toujours servir son récit, qui dépasse cette volonté d’épate visuelle. Par le choix subtil des couleurs soulignant tous ces sentiments contrastés, il démontre l’effet désastreux de l’intolérance et de la stigmatisation, sans jamais porter le masque d’un quelconque moralisateur. Il parsème le tout d’un soupçon d’ironie qui lui confère une réelle dimension agréable. On suit dès lors Jeff Bridges en traqueur de créatures surnaturelles, alcoolique et blasé, prognathe, à la fois agaçant et attachant, alors que Julianne Moore nous expose une effrayante sorcière avec ces fêlures. Quant à Ben Barnes, habitué du genre fantastique (Stardust, le Monde de Narnia), l’acteur britannique incarne avec naturel un jeune apprenti héros prophétique, tout en beauté et en force tranquille. Le Septième fils se révèle donc être un petit bijou du genre, qui se dégage totalement de la comparaison de ses prédécesseurs comme Harry Potter, avec en prime quelques références mythologiques à l’univers de Ray Harryhausen, lui conférant dès lors une belle force d’attraction émotionnelle.
Julie Braun
- LE SEPTIÈME FILS (The Seventh son) de Sergeï Bodrov en salles le 17 Décembre 2014.
- Avec : Jeff Bridges, Ben Barnes, Julianne Moore, Alicia Vikander, Antje Traue, Olivia Williams, John DeSantis, Kit Harington, Djimon Hounsou…
- Scénario : Charles Leavitt, Steven Knight, Max Borenstein et Matthew Greenberg d’après le premier tome L’Apprenti Épouvanteur de Joseph Delaney
- Production : Basil Iwanyk, Thomas Tull, Lionel Wigram
- Photographie : Newton Thomas Sigel
- Montage : Paul Rubell
- Décors : Dante Ferretti
- Costumes : Jacqueline West
- Musique : Marco Beltrami
- Distribution : Universal Pictures
- Durée : 1h42
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