Loin des hommes de David Oelhoffen: critique

Publié par Julie Braun le 13 janvier 2015

Synopsis : 1954. Alors que la rébellion gronde dans la vallée, deux hommes, que tout oppose, sont contraints de fuir à travers les crêtes de l’Atlas algérien. Au cœur d’un hiver glacial, Daru, instituteur reclus, doit escorter Mohamed, un paysan accusé du meurtre de son cousin. Poursuivis par des villageois réclamant la loi du sang et par des colons revanchards, les deux hommes se révoltent. Ensemble, ils vont lutter pour retrouver leur liberté.

 

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Loin des Hommes - affiche

Loin des Hommes – affiche

C’est dans l’Atlas algérien que nous plonge Loin des Hommes, deuxième long métrage du cinéaste français David Oelhoffen. Il est adapté d’une nouvelle d’Albert Camus, L’Hôte, tirée du recueil L’Exil et le Royaume. Alors que Gianno Amelio décrivait une Algérie au cœur du conflit dans Le premier homme, adapté du roman autobiographique du même auteur, le film de David Oelhoffen se déroule en 1954 en marge de l’affrontement. On se retrouve ainsi dans un désert de cailloux, cerné par d’arides montagnes. A cet endroit se trouve une école. L’instituteur Daru (Viggo Mortensen) et une vingtaine d’élèves sont les seuls témoins d’une quelconque civilisation. Mais lorsque Daru se voit contraint d’accompagner Mohamed (Reda Kateb) à la prison de Tinguit afin qu’il y soit jugé pour un crime de sang, on s’éloigne de ce lieu d’apprentissage pour s’aventurer sur les plateaux hostiles. Le réalisateur nous dévoile ainsi des paysages désolés et inhospitaliers mais assez poétiques grâce à la photographie de Guillaume Deffontaines sous forme d’images de carte postale. Le jeu d’ombre et de lumière nous transporte dans un monde à la fois réaliste et onirique. Loin des Hommes nous rappelle même par moments le parcours du Petit Prince de Saint-Exupéry, notamment lorsque Daru parvient en haut d’une montagne à la nuit tombée.

 

Viggo Mortensen dans Loin des Hommes de David Oelhoffen

Viggo Mortensen dans Loin des Hommes de David Oelhoffen

 

Viggo Mortensen incarne avec toujours autant de justesse cet homme instruit, né en Algérie, qui essaie coûte que coûte d’enseigner aux enfants dans des conditions difficiles. L’excellent Réda Kateb, remarqué dans Un Prophète et vu récemment dans HIPPOCRATE (notre critique), lui prête admirablement main forte. Le duo fonctionne à merveille et se donne la réplique dans un mélange d’arabe et de français qui façonne cette amitié profonde, en dépit d’origines sociales différentes. Pour Daru, l’arme ultime est, et restera toujours, la connaissance alors que Mohamed, fils de berger, ne s’appuie que sur les lois de la famille. Le périple de ces compagnons d’infortune se révèle dès lors libérateur, leurs entraves morales et psychologiques se défont progressivement. La musique de Nick Cave et Warren Ellis les accompagne avec douceur et sérénité dans cette quête.

 

Reda Kateb et Viggo Mortensen dans Loin des Hommes de David Oelhoffen

Reda Kateb et Viggo Mortensen dans Loin des Hommes de David Oelhoffen

 

Par la mise en valeur des dialogues entre les deux personnages lors des séquences fortes filmées en gros plans, David Oelhoffen apporte une réelle dimension philosophique, propre à la pensée d’Albert Camus. Il s’immisce dans leurs conflits intérieurs. Les nombreux plans fixes de paysages, tournés entre chien et loup, balayés par le vent de l’hiver algérien, présentent les codes d’un western classique et offrent au récit un troisième personnage : l’Atlas, cette chaîne de montagnes sauvage et grandiose. Le réalisateur sublime cette nature que l’homme a laissée intacte. Et c’est sans doute par ce parti pris que David Oelhoffen nous bouleverse, dépeignant un Daru, alter-ego de Camus, partagé entre l’Algérie et la France, aux prises avec des choix cornéliens. Sept ans après son premier long métrage, Nos retrouvailles, le réalisateur confirme ici ses talents et nous invite subtilement à une réflexion dramatique sur la condition humaine.

 

 Julie Braun

 

 

 

  • LOIN DES HOMMES de David Oelhoffen en salles le 14 Janvier 2015.
  • Avec : Viggo Mortensen, Reda Kateb, Djemel Barek, Vincent Martin, Nicolas Giraud, Jean-Jérôme Esposito, Yann Goven, Antoine Régent…
  • Scénario : David Oelhoffen, d’après la nouvelle L’Hôte d’Albert Camus
  • Production : Marc du Pontavice, Matthew Gledhill
  • Photographie : Guillaume Deffontaines
  • Montage : Juliette Welfling
  • Décors : Stéphane Taillasson
  • Costumes :Khadija Zeggaï
  • Musique : Nick Cave, Warren Ellis
  • Distribution : Pathé
  • Durée : 1h41

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