Synopsis : Zurich, 1958. Alors que l’homosexualité est encore condamnée dans de nombreux pays d’Europe, Ernst et Röbi se rencontrent par l’intermédiaire du Cercle, une organisation suisse clandestine, pionnière de l’émancipation homosexuelle. Alors que les deux hommes luttent pour leur amour, ils vivent l’apogée et le déclin du Club, éditeur d’une revue homosexuelle trilingue, la seule alors autorisée dans le monde.
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Lauréat du Prix du Public et du Teddy Awards au 64e festival de Berlin, Le Cercle retranscrit à l’écran une page méconnue de l’Histoire de la communauté LGBT en Suisse, tout en y mêlant une histoire d’amour universelle. Le réalisateur Stefan Haupt (Gaudi – Le Mystère de la Sagrada Familia) décide ici de retracer ce récit véridique sous forme de docu-fiction. Le résultat est magnifique, notamment grâce aux performances très convaincantes des deux interprètes principaux (Matthias Hungerbühler et Sven Schelker). De plus, les véritables personnes concernées ont participé activement au projet, apportant les costumes d’époque et leur aide dans l’écriture du scénario. Le Cercle entremêle ainsi scènes de fiction et images d’archives dont l’équilibre gagne en efficacité à travers son montage. Cependant, certaines transitions entre le réel et la fiction sont parfois maladroites, empêchant le spectateur de pleinement se plonger dans ces histoires incroyables. Le premier arc narratif met ainsi en exergue la lutte des individus pour l’émancipation des homosexuels, à travers la publication clandestine du trimestriel Le Cercle et ses bals militants, jusqu’à son déclin vers la fin des années 1960 par les attaques répétées de la police zurichoise. Le second se concentre sur leurs existences personnelles avec leurs familles, et les difficultés qu’ils rencontrent au quotidien, au travail comme en privé. Par le prisme de tous ces points de vue, le réalisateur nous dresse un panorama large et rend compte de l’ampleur de l’histoire, en intégrant l’interview du couple Ernst et Röbi, qui restera la mémoire vivante et précurseur du mouvement gay et de la libération culturelle et sexuelle en Suisse alémanique.
Si Harvey Milk de Gus Van Sant, récipiendaire des Oscars du meilleur scénario et du meilleur acteur pour Sean Penn, reste le premier film hollywoodien grand public, il existe bien sûr de nombreuses œuvres militantes pour les droits homosexuels. Le Cercle va complètement dans ce sens avec cette volonté particulière de souligner l’importance du mouvement dans les réunions intimistes de la rédaction du Cercle. Ne cédant jamais aux sirènes du spectaculaire, ce docu-fiction trouve ainsi son rythme qui s’équilibre grâce à certaines ellipses temporelles nécessaires afin de pouvoir poser un regard sur une période de 20 ans, de 1950 à 1970. Stefan Haupt maîtrise bien des points. D’abord, sa mise en scène en livrant quelques plans magnifiques de Zurich reconstituée, qui nous immerge dans des paysages méconnus de la Suisse. Il évite ensuite soigneusement l’écueil du mélodrame et des clichés inhérents au genre qui appuieraient inutilement sur l’aspect efféminé et maniéré des personnages. Il fait aussi abstraction de scènes érotiques. Le Cercle porte en lui une problématique à résonance mondiale, malgré la distance temporelle qui sépare le récit des événements actuels. Cependant, il s’agit surtout d’amour et de la liberté d’aimer. Car si l’on peut reprocher paradoxalement le manque de prise de position ferme de la part de Stefan Haupt, le message d’amour et de tolérance parvient à nous émouvoir et à montrer que le combat pour l’égalité, loin d’être achevée, reste encore à mener.
- LE CERCLE (Der Kreis) réalisé par Stefan Haupt en salles le 4 Mars 2015.
- Avec : Matthias Hungerbühler, Sven Schelker, Peter Jecklin, Ueli Jäggi, Sebastian Ledesma, Marie Leuenberger, Matthias Meier, Markus Merz, Antoine Monot Jr., Ruth Schwegler, Maja Stolle, Marianne Sägebrecht, Anatole Taubman, Stefan Witschi
- Scénario : Stefan Haupt
- Production : Urs Frey, Ivan Madeo
- Photographie : Tobias Dengler
- Montage : Christoph Menzi
- Décors : Karin Giezendanner
- Costumes : Catherine Schneider
- Musique : Federico Bettini
- Distribution : Outplay
- Durée : 1h42
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