Eden de Mia Hansen-Løve: critique

Publié par Hélène Sécher le 8 novembre 2014

Synopsis : Au début des années 90, la musique électronique française est en pleine effervescence. Paul, un DJ, fait ses premiers pas dans le milieu de la nuit parisienne et créé avec son meilleur ami le duo «Cheers».
Ils trouveront leur public et joueront dans les plus grands clubs de la capitale. C’est le début pour eux d’une ascension euphorique, vertigineuse, dangereuse et éphémère.
C’est aussi le parcours sentimental d’un jeune homme qui accumule les histoires d’amour et qui n’arrive pas à construire.
Eden tente de faire revivre l’euphorie des années 90 et l’histoire de la French Touch : cette génération d’artistes français qui continue de briller dans le monde entier.

 

♥♥♥♥♥

 

Eden - affiche

Eden – affiche

Réflexion amère sur la jeunesse ou vague nostalgique, les spectateurs jugeront, mais Eden de Mia Hansen-Løve, son quatrième long métrage, est avant tout une rétrospective personnelle. Une sorte de miroir dans lequel le passé de son frère se reflète dans sa propre sensibilité de cinéaste. Car c’est l’histoire de Sven Løve, ancien DJ, qui a directement inspiré celle de Paul (Félix De Givry), un jeune musicien qui va connaître l’effervescence des nuits parisiennes et l’explosion de la musique électro dans les années 90. On est donc plongés dans la folie French Touch, entre Dj set, rencontres phares et scènes d’enregistrement en studio. Les coulisses dominent cependant la scène, et le décor laisse vite place à son envers. Pas de paillettes ou de coupes de champagne à l’horizon. Notre Dj star en devenir échange avec le gratin américain et côtoie les Daft Punk devenus célèbres. Mais les excès en tout genre et les problèmes financiers prennent le pas sur les couleurs et les sons stellaires de la nuit. Le choix audacieux de prendre à contre-pied l’attente des spectateurs, en particulier ceux qui ont connu et grandi avec cette folie musicale, trouve aussi ses limites. Dans leur volonté de transformer leur protagoniste en acteur à part entière, Mia et Sven Løve, qui a également coécrit le scénario, en oublient de le rapprocher du spectateur, en tant qu’observateur de son époque. La dure réalité de son quotidien, entre dettes et rails de coke, ne pouvait être passée sous silence. Mais à trop vouloir baisser les rideaux de la scène, Eden manque de contrastes qui auraient pu rendre cette solitude et ces illusions encore plus marquantes.

 

Eden de Mia Hansen-Love

Félix de Givry dans Eden de Mia Hansen-Love / Ad Vitam

 

Pourtant quelques moments fonctionnent bien, comme celui où les Daft Punk, sous les traits de Vincent Lacoste et Arnaud Azoulay, se voient refoulés à l’entrée d’une boîte pour cause de visages découverts. Les noms importent plus que les visages, rendus anonymes sous les lumières des projecteurs. Le paradoxe vécu par ces DJ stars au sein de leur propre univers a ainsi plus de poids que ce va-et-vient assez répétitif entre scènes nocturnes et lendemains qui déchantent. Sans posséder réellement de scènes fortes, Eden marque ainsi davantage via certains éléments secondaires nous donnant plus d’effets que les principaux. Tel est le cas des personnages de Cyril (Roman Kolinka), jeune dessinateur meurtri, et d’Arnaud (Vincent Macaigne), l’éternel ado aux excès et à l’hypocondrie tragi-comique. En somme, entre mal-être subi et désillusion au second degré, ils symbolisent deux extrêmes, mais aussi deux états d’esprit du personnage central. Mais Paul (Félix de Givry) peut difficilement se rapprocher davantage de la réalisatrice, et surtout de son frère coscénariste. Pourtant, il ne suscite guère une attention constante durant ces deux heures. Eden se montre in fine davantage capable de provoquer l’empathie dans ses derniers retranchements que dans cet univers musical par lequel tout a pourtant commencé. Le constat vient un peu tard mais n’est pas inutile pour se forger son propre jugement. Vrai-faux film sur la French Touch et les années 90, l’œuvre de Mia Hansen-Løve, familiale plus que familière, ne manque pas d’intérêt. Elle invite même à s’interroger sur ses propres passions, sa propre jeunesse. Elle manque simplement de proximité pendant sa découverte et, malgré cette émotion qui nous effleure, de caractère.

 

 

>> LIRE NOTRE INTERVIEW AVEC SVEN ET MIA HANSEN-LOVE <<

 

 

  • EDEN de Mia Hansen-Løve en salles le 19 novembre 2014.
  • Avec : Félix De Givry, Pauline Etienne, Hugo Conzelmann, Roman Kolinka, Vincent Macaigne, Greta Gerwig, Laura Smet, Golshifteh Farahani, Vincent Lacoste, Arnaud Azoulay…
  • Scénario : Mia Hansen-Løve, Sven Løve
  • Producteur : Charles Gillibert.
  • Photographie : Denis Lenoir.
  • Son : Vincent Vatoux.
  • Costumes : Judy Shrewsbury.
  • Décors : Anna Falguères.
  • Montage : Marion Monnier.
  • Distribution : Ad Vitam.
  • Durée : 2h11.

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