Pourquoi j’ai pas mangé mon père de Jamel Debbouze: critique

Publié par Yvan Lozac'hmeur le 6 avril 2015

Synopsis : L’histoire trépidante d’Édouard, fils aîné du roi des simiens, qui, considéré à sa naissance comme trop malingre, est rejeté par sa tribu. Il grandit loin d’eux, auprès de son ami Ian, et, incroyablement ingénieux, il découvre le feu, la chasse, l’habitat moderne, l’amour et même… l’espoir. Généreux, il veut tout partager, révolutionne l’ordre établi, et mène son peuple avec éclat et humour vers la véritable humanité… celle où on ne mange pas son père.

 

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Pourquoi jai pas mange mon pere - affiche film

Pourquoi j’ai pas mangé mon pere – affiche film

Grande première pour Jamel Debbouze qui s’empare ici du poste de réalisateur pour son premier long métrage. Initialement intégré en tant que doubleur d’Edouard, personnage simiesque central, Jamel a repris les rênes du projet abandonné à l’état de scénario. Pourquoi j’ai pas mangé mon père est l’adaptation du roman à succès homonyme de Roy Lewis. De ce projet de base, Jamel avoue n’avoir conservé que le tandem des frères Edouard et Vania, à ceci près qu’ils deviennent jumeaux dans le film. Tout en conservant le ton du livre, il en adapte les dialogues, préférant un langage plus moderne, terrain de jeu de prédilection du comique. Les fans de ses néologismes abracadabrants et de sa gestuelle exacerbée ne seront pas déçus. Jamel réalisateur, mais aussi scénariste et directeur d’acteurs, impose dès lors fortement sa patte personnelle. Pourquoi j’ai pas mangé mon père espère ainsi faire rire les amateurs des vannes du comique depuis Astérix Mission Cléopâtre ou la série H de Canal +, comme leurs enfants venus voir ce dessin animé avec leurs parents. Jamel emploie aussi le comique de situation, déclinant des scènes de vie quotidienne dans leur version préhistorique. On découvre ainsi un sport entre football et Quidditch, comment draguer façon « paléoli-street », ou encore la rencontre du portugais préhistorique et son indéfectible passion pour la maçonnerie. Il rend également un hommage à Louis de Funès pour les séances de rire en famille qu’il lui ont été prodiguées durant sa jeunesse. Ainsi est né le personnage de Vladimir, fruit d’un travail en partenariat avec Olivier de Funès, son fils. Si on retrouve l’essence du génie, l’interprétation diffère forcément. On apprécie ici sa simple imitation basée sur les mimiques célèbres de l’immense comédien et sur ses phonèmes prononcés, compilés puis triangulés par un logiciel pour reconstituer sa voix légendaire.

 

Pourquoi jai pas mange mon pere de Jamel Debbouze

Pourquoi j’ai pas mangé mon père de Jamel Debbouze

 

La motion capture, popularisée par Peter Jackson et James Cameron, ont rendu possible la retranscription de toutes les pitreries de Jamel, comme s’il apparaissait en personne à l’écran. Cela n’a toutefois pas été une mince affaire. Faire le singe impose d’être à quatre pattes de longues heures durant, de grimper partout, d’être agile et libre de ses mouvements, ce qui constitue déjà un défi en soi pour les acteurs. Un défi relevé de prime abord grâce à une technologie américaine très contraignante, notamment concernant le poids du casque pesant à lui seul 7 kilos. Il a donc fallu un an à l’équipe pour trouver des solutions et arriver au résultat impressionnant d’un casque passant de 7 kilos à 400 grammes. Pourquoi j’ai pas mangé mon père a aussi été tourné dans le plus grand studio de motion capture d’Europe situé en Seine Saint Denis, où le plateau de 1000m2 bardé de 70 caméras disposées sur 360° pouvait accueillir jusqu’à 15 acteurs à la fois. Une prouesse face aux anglo-saxons dépassant rarement les 4-5 acteurs.

 

L’étape de post-production s’est déroulée ensuite dans les studios indiens, en charge entre autres de L’Odyssée de Pi. Au terme de cette gestation, le rendu visuel est agréable à l’œil, les décors sont denses et riches en mouvements, les animaux qui le peuplent sont graphiquement réussis, formant des chimères enfantines issues d’un croisement entre la faune actuelle et leurs ancêtres paléolithiques. On s’amuse avec ces drôles de bestioles aux doux noms de lapinosaure ou encore de tortrûche, dans un univers visuel à la croisée entre L’Âge de Glace et le Tarzan des studios Disney. Bien qu’innovant, le système technique reste à perfectionner sur le plan des expressions faciales. D’une part, les caméras-visage, dont les optiques sont de moindre qualité dans l’équipement français, n’exploitent pas pleinement le potentiel de la motion capture. L’ensemble, forcément loin des standards actuels comme les primates de La Planète des Singes (nos critiques LES ORIGINES, L’AFFRONTEMENT) ou Smaug du Hobbit, ne nuit cependant pas à la qualité de l’œuvre, si tant est que l’apparence anthropomorphique des singes ne rebute pas.

 

Pourquoi jai pas mange mon pere de Jamel Debbouze

Pourquoi j’ai pas mangé mon père de Jamel Debbouze

 

Bien qu’il s’adresse à un public jeune, Pourquoi j’ai pas mangé mon père aborde habilement et avec humour des thèmes et des problèmes d’adultes. Jamel y développe ses sujets de prédilection comme l’exclusion, le rejet des individus hors-normes et la peur du chômage, moteur de plusieurs personnages. Le récit arbore aussi un discours écologique, renvoyant à Avatar et son colossal arbre-maison riche en symboles, et la lutte entre nature respectée et soif de profits. Les problèmes sociaux sont exposés aux enfants de manière simple, enrobés par les vannes d’Edouard à l’élocution si particulière. Le dessin animé invite ainsi à revisiter les premières grandes découvertes et inventions de l’Homme au fil des déboires de cet héritier insoupçonné du trône de Roi des Singes. Il se bat constamment contre les conventions établies au moyen de ses innovations, comme son « nouveau concept de moyen de locomotion reposant sur la bipédie debout » ou encore l’ « attrape-touche », qui sert donc à attraper tout ce que ça touche.

 

Quant à la bande son entre musiques du monde et sonorités de la jungle, elle s’harmonise avec la chanson Get up et fais ton truc, qui amusera les enfants. Elle sait rester discrète et sert le film dans ses oscillations émotionnelles, avec des titres de Nina Simone, Barry White, Stevie Wonder ou encore Aretha Franklin. Un registre résolument soul et tendre qui place l’amour comme thème central. Ainsi, entre projet très personnel et gestation de 7 ans, ce film se révèle quasi métaphorique du parcours de Jamel, avec un personnage clamant que l’on ne doit pas oublier d’où l’on vient, ni les promesses faites. Pourquoi j’ai pas mangé mon père tient ainsi sa promesse tout en faisant passer un bon moment en famille où à ceux ayant ri devant Astérix : Mission Cléopâtre et même La Folie des Grandeurs.

 

 

 

 

  • POUR J’AI PAS MANGÉ MON PÈRE réalisé par Jamel Debbouze en salles le 8 avril 2015
  • Avec les voix : Jamel Debbouze, Mélissa Theuriau, Arié Elmaleh, Patrice Thibaud, Christian Hecq, Diouc Koma, Georgette Kala-Lobé, Youssef Hajdi…
  • Scénario : Jamel Debbouze, Frédéric Fougea, Jean-Luc Fromental d’après l’oeuvre homonyme de Roy Lewis
  • Production : Frédéric Fougea, Romain Le Grand
  • Directeur artistique : Jamel Debbouze, Jérôme Grillon
  • Superviseur des effets visuels : Jola Kudela
  • Montage : Dorian Rigal-Ansous
  • Son : Jean Goudier, Jean-Paul Hurier, Johann Nallet
  • Effets Visuels : Jola Kudela
  • Musique : Laurent Perez Del Mar
  • Distribution : Pathé Films
  • Durée : 1h35


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