Synopsis : Dans la forêt d’Aokigahara, au pied du Mont Fuji, Arthur Brennan est venu mettre fin à ses jours, comme beaucoup avant lui en ces lieux. Alors qu’il a trouvé l’endroit qui lui semble idéal, il aperçoit soudain un homme blessé et perdu. Assailli par un sentiment d’humanité irrépressible, Arthur se porte à son secours. Alors qu’il s’était décidé à mourir, il va devoir aider un homme à survivre.
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La Forêt des Songes (The Sea of Trees) de Gus Van Sant, rebaptisé Nos Souvenirs, faisait sans doute partie de l’une des œuvres les plus attendues de la compétition officielle du 68e Festival de Cannes. Hélas, le cinéaste américain, lauréat de la Palme d’or à Cannes pour Elephant en 2003, a raté son postulat de départ, intrigant et alléchant, et s’est égaré bel et bien dans les méandres de cette forêt des suicides, située au pied du Mont Fuji au Japon. Ce fiasco visuel et narratif, hué lors des deux premières projections cannoises, ne provient pas tant de la mise en scène, relativement quelconque de Gus Van Sant, que dans le propos ténu et diffus, développé par le scénariste Chris Sparling (Buried). Dans cette fable existentielle, il est en effet question de la quête initiatique d’un Américain suicidaire et d’explorer les thèmes de la mort, de la raison de vivre, du bonheur, de l’amour, du pardon et de la rédemption. Nos Souvenirs, dont la date de sortie en salles fut repoussée de huit mois par SND, se concentre ainsi Matthew McConaughey, qui se lie d’amitié avec un Japonais, campé par Ken Watanabe, dans cet environnement hostile, réputé pour les âmes désespérées du monde entier de mettre fin à leurs jours. Le récit alterne alors passé et présent pour nous immerger dans le cheminement psychologique et mental de cet Américain afin de comprendre les tenants et les aboutissants. Le décor de cette fameuse forêt dense et brumeuse avait tout le potentiel pour jouer sur l’étrangeté et l’onirisme. Mais le déroulement de l’intrigue finit progressivement par laisser place à des longs dialogues obscurs, des errances laborieuses, un instinct de survie peu crédible et des gémissements souvent pathétiques.
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Le tout est parsemé de flashbacks sur sa relation chaotique avec sa compagne alcoolique (Naomi Watts), atteinte aussi d’une tumeur au cerveau, qui lui reproche entre autres de ne pas être assez solvable et de fantasmer une carrière d’écrivain qu’il ne concrétisera jamais. On se demande encore l’intérêt dramaturgique de cette intrigue parallèle, cause directe de sa présence en ce lieu, de son introspection et de sa volonté de mourir à l’aide de médicaments. Si Gus Van Sant se montre ici expérimental, mystique et poétique, l’attrait de l’œuvre s’exprime finalement via la photographie bichromie de Kasper Tuxen Andersen au ton bleu-gris, qui tente justement de susciter le surnaturel et jouer sur les nuances de lumière au cœur de cette mer d’arbres. Car même la caractérisation des deux personnages principaux, se rencontrant pour les mêmes raisons funestes, n’atteint pas des sommets d’écriture, en particulier pour celui de Ken Watanabe, dénué de consistante et de clarté. Quant à Matthew McConaughey, ce rôle n’est malheureusement pas non plus à marquer d’une pierre blanche dans sa seconde partie de carrière impressionnante. Nos Souvenirs devient ainsi une sorte de ‘survival’ spirituel lent, tortueux et embrumé, qui largue le spectateur dans ce purgatoire verdoyant, avec ou sans fil d’Ariane. Dommage.
- NOS SOUVENIRS (anciennement La Forêt des Songes ; The Sea of Trees) réalisé par Gus Van Sant en salles le 27 avril 2016.
- Avec : Matthew McConaughey, Ken Watanabe, Naomi Watts, Gariella Laforte, Jordan Gavaris, James Saito, Ami Haruna…
- Scénario : Chris Sparling
- Production : E. Bruan Dobbins, F. Gary Gray
- Photographie : Kasper Tuxen Andersen
- Décors : Alex DiGerlando
- Costumes : Danny Glicker
- Montage : Pietro Scalia
- Compositeur : Mason Bates
- Distribution : SND
- Durée : 1h50
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