Synopsis : La zone frontalière entre les Etats-Unis et le Mexique est devenue un territoire de non-droit. Kate, une jeune recrue idéaliste du FBI, y est enrôlée pour aider un groupe d’intervention d’élite dirigé par un agent du gouvernement dans la lutte contre le trafic de drogues. Menée par un consultant énigmatique, l’équipe se lance dans un périple clandestin, obligeant Kate à remettre en question ses convictions pour pouvoir survivre.
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Il devient indéniable que le prolifique Denis Villeneuve passe maître aujourd’hui des thrillers sous tension excellemment bien calibrés. Pour son nouveau long métrage, présenté en compétition officielle du 68e Festival de Cannes, le cinéaste canadien atteint encore quelques sommets. Sicario est un thriller sombre, violent et musclé qui fonctionne du point de vue visuel, narratif et sonore. Dès les premières minutes et jusqu’à son dénouement, le récit, écrit par Taylor Sheridan, nous emporte dans cette traque clandestine contre le trafic de drogue, dont les pièces du puzzle se révèlent au fil de l’intrigue. Les points forts sont légions, à commencer par son casting d’envergure constitué de Josh Brolin, Emily Blunt et Benicio del Toro. Leur performance est à l’image de la psychologie de leurs personnages, brillamment développés. Le premier, dans la peau d’un agent du gouvernement américain, garde cette habituelle contenance, à la fois virile, ferme et décalée. La seconde continue à se façonner une petite place de choix dans le cinéma d’action, après EDGE OF TOMORROW (notre critique). Cependant, son rôle ici de jeune recrue idéaliste du FBI, évoluant dans un monde d’hommes, fait davantage écho à celui de Jodie Foster dans Le Silence des Agneaux via son cheminement mental. Et le troisième, s’il reste confortablement dans son élément, remporte malgré tout les suffrages. Après Traffic, SAVAGES (notre critique) ou encore plus récemment Paradise Lost, Benicio del Toro se glisse comme dans une seconde peau en tueur à gages impénétrable pour faire tomber les cartels de trafiquants.
Denis Villeneuve parvient ainsi à nous immerger durant deux heures dans une atmosphère anxiogène, dont le rythme effréné bat pleinement la mesure grâce à la bande son imposante du compositeur islandais Johann Johansson. Le score, qui revient comme un leitmotiv dévorant, accentue la tension émotionnelle et la virulence de l’action. Sicario expose toutes les complexités de sa thématique centrale dans le déroulement narratif, avec le renfort stylisé du talentueux directeur de la photographie multirécompensé, Roger Deakins. Collaborateur habituel des frères Coen, que Villeneuve retrouve après PRISONERS (notre critique), il nous livre un visuel esthétique à la fois brut et contrasté d’une profonde intensité. On retient notamment ce plan graphique de coucher de soleil aux couleurs ultra-saturées d’une beauté incommensurable (évoquant quelque peu l’affiche d’Hamburger Hill). Avec Sicario, Denis Villeneuve dresse une peinture tentaculaire sur la guerre contre les narcotrafiquants et les annexions qui en découlent, comme la violence viscérale, les questions éthiques, le dilemme des individus, les limites invisibles entre le bien et le mal dans la façon de combattre les pires criminels et les désillusions.
- SICARIO de Denis Villeneuve en salles le 7 octobre 2015.
- Avec : Emily Blunt, Benicio Del Toro, Josh Brolin, Victor Garber, Jon Bernthal, Daniel Kaluuya, Jefrrey Donovan, Raoul Trujillo, Julio Cesar Cedillo…
- Scénario : Taylor Sheridan
- Production : Basil Iwanyk, Edward L. McDonnell, Molly Smith, Thad Luckinbill, Trent Luckinbill.
- Photohraphie : Roger Deakins
- Décors : Patrice Vermette
- Montage : Joe Walker
- Costumes : Renée April
- Compositeur : Johann Johansson
- Distribution : 2h01
- Durée : Metropolitan FilmExport
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