Résumé : Michael Mann est incontournable à Hollywood. Auteur de succès planétaires, ses partis pris formels et thématiques, d’une singularité extrême, tranchent avec l’uniformité des productions actuelles. Son cinéma est total : souvent accessible et grand public, mais toujours traversé d’un sous-texte existentialiste ; le personnage « mannien », héros tragique éperdu de liberté, reste aliéné quoi qu’il fasse par une société avec laquelle il n’est pas en phase. Films d’époque, thrillers, histoires d’amour impossible… S’inspirer de codes et structures classiques tout en développant de nouvelles voies d’expression, pour composer un tableau de l’homme dans le monde : voilà qui pourrait constituer l’horizon de Michael Mann.
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Six ans après Public Enemies, HACKER (notre critique) marque le grand retour de Michael Mann au cinéma ; prétexte comme un autre pour (re)découvrir la filmographie du cinéaste et prendre conscience de son indéniable homogénéité. L’œuvre de Mann s’inscrit dans le meilleur d’une certaine tradition hollywoodienne qui a toujours su s’attirer les faveurs du public et de la critique. Ses films oscillent sans cesse entre effets populaires et recherches formelles, un partage qui fonde la singularité d’un réalisateur-auteur à part entière. Fort de ces constats, l’essai d’Axel Cadieux, journaliste chez So Film, auteur et coauteur respectivement de Une Série de tueurs et de Contes de l’au-delà, le cinéma de M.Night Shyamalan, propose ici l’analyse d’un horizon unique mais non univoque. Tout à fait opérante, l’étude thématique permet la multiplicité des approches. Caractérisation des personnages, structures narratives, configurations scénographiques et méthodologies professionnelles concourent à l’écriture d’une synthèse éclairante et complète qui n’exclue pas les parallèles (Alfred Hitchcock, Sam Peckinpah). Aux films s’ajoutent aussi les séries et téléfilms conçus ou réalisés par Mann. Aux références bibliographiques, certes limitées (Jean Baudrillard, Robert Warshow ou encore Merleau-Ponty, grand absent, auraient pu être convoqués), Axel Cadieux préfère l’exemple concret des films. Tel plan se prolonge de film en film, tandis qu’un dialogue dépasse la simple citation pour faire entendre son écho sur l’ensemble de l’œuvre du cinéaste. On peut néanmoins regretter que l’approche esthétique reste une fois ici, limitée. Le rapport à David Fincher et la question du numérique, pourtant primordiale lorsque l’on s’intéresse à Mann, demeurent en suspens. Un manque d’autant plus regrettable que ce dernier aurait pu approfondir la problématique du rapport de l’individu à son environnement, point nodal de la réflexion de l’auteur. Si les annexes, malgré la présence d’une filmographie détaillée, ne comportent aucun index, l’entretien de Cadieux avec Mann en bonus permet de goûter la faconde du réalisateur, peu avare de mots lorsqu’il s’agit d’aborder des questions de mise en scène.
- L’HORIZON DE MICHAEL MANN écrit par Axel Cadieux, disponible en librairie le 3 septembre 2015 via Playlist Society, Collection « Essai/Cinéma ».
- 128 pages
- Tarif version papier : 14 €
- Tarif version numérique : 7 €