Par accident de Camille Fontaine: critique

Publié par Laurianne de Casanove le 11 octobre 2015

Synopsis: Une nuit, alors qu’elle rentre de soirée, Amra une jeune Algérienne installée dans le sud-est de la France, renverse un piéton avec sa voiture. L’homme est entre la vie et la mort. Rongée par la peur et la culpabilité, la jeune femme attend son procès, persuadée que cet accident l’empêchera d’obtenir ses papiers français. Mais un miracle se produit. Un témoin vient l’innocenter. C’est Angélique, une jolie rousse aussi délurée qu’Amra est timide. Entre les deux femmes, une amitié va naître. Mais l’attitude d’Angélique devient de plus en plus inquiétante…

 

♥♥♥♥♥

 

Par accident - affiche

Par accident – affiche

Pour son premier long métrage derrière la caméra, Camille Fontaine prend plaisir ici à nous malmener. La scénariste de Coco avant Chanel nous entraîne dans une atmosphère trouble. Par accident oscille entre film social et thriller psychologique. Avant même que le cadre ne s’installe, le récit bascule. Des rires, une soirée, un coup de fil : l’accident. Le spectateur trébuche et tombe. Il bascule dans un trou, un tunnel qui, à l’image du terrier du lapin d’Alice au pays des merveilles, débouche de l’autre côté du miroir. Cette galerie souterraine part de la cellule d’Amra (Hafzia Herzi), serpente le long des couloirs du tribunal et débouche sur la salle d’audience. Dès cette scène d’ouverture, on s’enfonce dans le récit, comme son héroïne s’enfonce dans la peur. La mise en scène et la musique soulignent cette sensation d’étrangeté et d’enfermement. Il y a d’abord un long plan séquence, caméra à l’épaule, qui donne à la scène un cachet réaliste particulièrement étouffant. Il y a ensuite le silence. Alors que l’on devine qu’Amra est jugée pour l’accident qu’elle a provoqué, on n’entend ni dialogue ni bruit de fond, seule la musique compte. Une mélodie mélancolique et inquiétante composée par le chanteur Christophe. La bande originale particulièrement réussie s’avère être un personnage à part entière. Par accident se révèle un mélange de genres que Camille Fontaine investit savamment. On suit d’un côté l’histoire d’Amra et son mari Lyes (Mounir Margoum), immigrés algériens en situation irrégulière, et on découvre de l’autre l’amitié qui unit la jeune femme à Angélique (Emilie Dequenne), pin-up au grand cÅ“ur. La relation, qui lie les deux héroïnes, évoque en creux les amitiés toxiques de JF partagerait appartement ou La main sur le berceau. Elles s’admirent, se complètent et s’envient.

 

Par AccidentPar AccidentPar AccidentPar Accident

 

Camille Fontaine se réapproprie les codes du cinéma à suspense pour les ancrer dans le quotidien et la banalité. Le récit adopte ainsi le point de vue d’Amra, victime réelle ou supposée. Les gros plans sur le visage d’Hafzia Herzi renforcent notre sentiment d’empathie envers elle. Par sa mise en scène, Camille Fontaine parvient à faire jaillir la peur des situations ordinaires, dont le suspense repose sur la psychologie des personnages. Pas de cri ni de violence, juste un vertigineux jeu de dupe qui nous laisse en pleine confusion, ne sachant plus qui croire ni à qui se fier. Ce panachage de sentiments est rendu plus tangible encore grâce aux choix de la réalisatrice en matière de lumière. Par accident est baigné de rouge, de jaune et d’orangé. Le soleil éclate inondant tout sur son passage. Une atmosphère chaude et réconfortante qui contraste avec la noirceur du récit. L’autre atout émane de sa distribution impeccable, avec une mention spéciale à Mounir Margoum. Hafsia Herzi et Émilie Dequenne forment un duo attachant. On sent que les deux actrices viennent d’un cinéma dit « social », celui des Frères Dardenne pour Dequenne (Rosetta) et d’Abdellatif Kechiche pour Herzi (La Graine et le Mulet). Leur jeu tout en nuances évite les clichés. Dès leur première apparition à l’écran, leur côté terriblement humain, terriblement réel, fait que l’on croit en leurs personnages et on les suit sans hésiter dans les méandres de l’âme humaine…

 

Laurianne de Casanove

 

 

  • PAR ACCIDENT écrit et réalisé par Camille Fontaine en salles le 14 octobre 2015.
  • Avec : Hafsia Herzi, Emilie Dequenne, Mounir Margoum, Roméo Escala, Emmanuel Salinger, Thelma Deroche Marc, Béatrice Mendiola, Anne-Claire Carret…
  • Production : Denis Carot et Marie Masmonteil
  • Photographie : Elin Kirschfink
  • Montage : Albertine Lastera et Marion Monnier
  • Décors : Mathieu Menut
  • Costumes : Eve-Marie Arnault
  • Musique : Christophe
  • Distribution France : Ad Vitam
  • Durée : 1h25

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