La première édition parisienne du Comic Con s’est installée dans le Grande Halle de la Villette les 23, 24 et 25 octobre 2015. CineChronicle était bien sûr présent à la convention, retour sur un week-end geek symptomatique.
Pour cette première convention en France du Paris Comic Con, les visiteurs se sont déplacés en masse pour rencontrer les nombreuses personnalités prestigieuses lors des séances de signatures dans le cadre des différentes conférences. À commencer par la figure emblématique des comics, Franck Miller, l’invité d’honneur de cette édition parisienne.
Pendant trois journées, le public de tout âge a eu ainsi un vaste choix à sa disposition ; de la simple flânerie aux conférences variées et extraits présentés en exclusivité, en passant par les cosplays réjouissants et un inévitable shopping ciblé Star Wars et Marvel, grandes stars de l’évènement.
Mais plus encore, le Comic Con Paris a su parfaitement illustrer l’évolution de la pop culture face à l’avènement des technologies numériques. Ce secteur exponentiel voit ses modes de production et de consommation bouleverser entre « la télévision contre-attaque » et « le retour de la BD » face à l’empire Internet.
JESSICA JONES, L’ÉPISODE-PILOTE EN EXCLUSIVITÉ
Parmi les nombreuses stars américaines présentes, on retient particulièrement celles de Krysten Ritter (Jessica Jones) et Carrie-Anne Moss (Jeryn Hogarth), venues exposer l’une des nouvelles créations attendues de Marvel, Jessica Jones, adaptée du comic book éponyme, qui sera diffusée en exclusivité sur Netflix dès le 20 novembre 2015. La conférence a donné lieu à la première projection du pilote, l’occasion d’analyser ce premier épisode qui donne le ton pour la suite. Après un générique d’ouverture à l’encre colorée dans un style Sin City et aux mouvances floues dans les rues de New York, Jessica Jones nous montre très vite son attachement profond au film noir. Les codes sont respectés à la lettre, avec une différence de taille cependant : le détective privé désabusé et hanté par son passé, déambulant dans les bas-fonds de la ville, est une femme… non moins fatale. Le récit alterne entre deux mondes, le jour et la nuit. Si les journées sont capturées de manière assez classique et réaliste, la nuit se laisse pénétrer par la dimension surnaturelle des décors et des personnages, au moyen de cadrages étranges, d’éclairages en clair-obscur et de néons fluo. Le versant « super-héros » des personnages est en retrait dans ce pilote, visible uniquement lors de discrètes démonstrations de force. Jessica Jones se révèle être une femme désabusée par les affaires sordides qu’elle résout, avec une efficacité pourtant unique. Mais elle est surtout hantée par un passé qui la pousse à replonger dans l’alcool, avant de la rattraper au détour d’une affaire de prime abord banale. Fuir ou faire face à ses démons, tel est finalement son premier défi. On peut également supposer l’apparition de cross-over car selon le comicbook, Jessica Jones a étudié aux côtés de Peter Parker (Spider–Man) et a un lien avec Dardevil.
COMMENT JE SUIS DEVENU UN SUPER HÉROS, UN PROJET FRANÇAIS
Si les super-héros sont avant tout inscrits dans la culture américaine, la France n’est cependant pas en reste. Alors que LES SENTINELLES est en cours de développement depuis plus d’un an, un autre projet a été présenté ici : Comment je suis devenu un super-héros, produit par Alain Attal (Ne le dis à personne, Mon Roi) et réalisé par son fils Douglas Attal, dont c’est le premier long-métrage. Dans un Paris ravagé par une nouvelle drogue qui confère des pouvoirs éphémères, les forces de l’ordre n’ont d’autres recours que de faire appel à un groupe de super-héros qui s’étaient retirés de la lutte volontairement. L’idée de ce grand retour ne semble pas tous les enchanter, à l’instar de Titan, le héros désabusé. Si le scénario, coécrit par Gérald Bronner, l’auteur de la bande dessinée éponyme, et Cédric Anger, est terminé, Alain Attal est en quête d’autres financements. TF1, Pathé et Canal+ ont donné leur accord de principe pour participer à ce projet et l’équipe espère démarrer le tournage d’ici la rentrée 2016. Si rien n’est encore assuré, un court métrage de présentation nous a été dévoilé en exclusivité. Comment je suis devenu un super-héros se veut un polar d’action made in France, qui souhaite prouver à la scène internationale la capacité de l’industrie tricolore à pouvoir s’atteler à ce domaine en vogue, grâce à des entreprises comme le Studio 69 ou encore La Compagnie Générale des Effets Visuels.
STAR WARS, UNE PRÉSENCE IMPÉRIALE
La mythique saga de George Lucas, pilier central de la culture geek, s’est retrouvée sans trop de surprise à une place d’honneur de la manifestation. C’est principalement chez Delcourt que des pans de l’univers étendu de Star Wars, laissés dans l’ombre par les films officiels, se préparent et se font jour. Le dessinateur Stéphane Roux et le responsable éditorial chez Delcourt Thierry Mornet, en compagnie de Patrice Girod, expert français de Star Wars, nous ont recommandés trois trilogies distinctes : Le cycle de Thrawn (Mike Baron, Olivier Vatine, Fred Blanchard, Timothy Zahn), L’empire des ténèbres (Tom Veitch) et L’empire écarlate (Randy Stradley, Mike Richardson). Considérées comme étant les épisodes VII, VIII et IX pour le monde de la BD, elles ont pour vocation de nous proposer une suite alternative, qui peut se substituer à la saga officielle. Un moyen de nous faire patienter jusqu’à la sortie du septième épisode LE RÉVEIL DE LA FORCE, le 16 décembre prochain.
RÉVOLUTION NUMÉRIQUE
En déambulant dans les allées, on remarque d’emblée que tous les stades des secteurs de la pop culture (création, production, distribution) sont en ébullition. Le cinéma est en pleine métamorphose, le numérique change la donne à tous les niveaux, et les autres acteurs doivent s’adapter. L’avancée des effets numériques continue de progresser et ouvre un champ de possibilités quasi infini aux créateurs. Tout un pan de l’industrie va devoir à suivre la voie du tout numérique ou bien disparaitre. « Finies les grandes maquettes à l’instar des mythiques AT-AT de l’Empire contre-attaque », nous a déclaré avec nostalgie Jeff Mann, le directeur d’ILM, qui fût l’un des maquettistes derrière de nombreux vaisseaux et véhicules des premiers épisodes. Pourtant ce revirement fait encore débat, surtout lorsqu’il s’agit d’effacer ce qui a été élaboré pour le remplacer par des images de synthèse. Si le cinéma se voit transformé par le numérique sans trop craindre pour ses jours, la télévision doit, quant à elle, se battre avec des adversaires redoutables : le web 2.0 et le sacrement du streaming, comme YouTube particulièrement représenté dans cette première édition. L’émergence de nouveaux acteurs hybrides, tels que la VOD et de nouvelles formes d’offres par les opérateurs, donneraient la possibilité à la petite lucarne de réfléchir sur sa propre métamorphose. L’un des points les plus animés fut d’ailleurs l’espace Canalsat qui, au moyen d’une communication bruyante, a tenté une véritable démonstration de force. La cible est résolument jeune, avec des produits comme Star Wars Rebels et la nouvelle série animée des Gardiens de la Galaxie, orientée sur le duo Groot/Rocket Racoon et dont un épisode a été diffusé.
Si les geeks représentent toujours une véritable manne, cette édition du Comic Con Paris, un peu timide mais variée, nous a fait rapidement comprendre que les sociétés se focalisent sur un public de plus en plus jeune. Assurer la pérennité du marchandising, éveiller et susciter l’intérêt des enfants, deviennent ainsi le leitmotiv de toute l’industrie qui ne cesse de bâtir des passerelles entre la culture geek et le monde de l’enfance, pour conquérir les générations à venir.
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