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L’industrie du cinéma serait-elle sur le point de connaître un bouleversement sans précédent aux États-Unis ? C’est ce que peut laisser penser le tout nouveau projet de vidéo à la demande de Sean Parker. Le cofondateur de Napster (service de musique en ligne) et ancien président de Facebook a en effet récemment créé, en association avec Prem Akkaraju, The Screening Room, une start-up dont l’ambition est de proposer des longs métrages en VOD dès leur sortie en salle.
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En France, l’ordre et les délais d’exploitation d’une œuvre cinématographique sont définis par arrêté ministériel ; c’est ce que l’on appelle la chronologie des médias. Pour ceux qui l’ignorent encore, chaque mode de diffusion (DVD, vidéo à la demande, chaînes payantes, etc) doit attendre un certain nombre de mois après la sortie d’un long métrage avant de pouvoir à son tour, le programmer. Aux États-Unis, il existe un système similaire. Mais celui-ci est loin de faire l’unanimité et beaucoup voudraient changer les choses.
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Sean Parker a donc décidé de s’y employer. C’est Variety qui a révélé l’information, il y a quelques jours. Le système proposé par le jeune entrepreneur américain est simple : 150 $ (134 €) pour la location d’un terminal et 50 $ (44 €) de plus pour profiter d’une oeuvre déjà à l’affiche, pendant 48 heures. Pour se donner bonne conscience et tenter d’amadouer producteurs et diffuseurs, Parker promet également que les utilisateurs de The Screening Room bénéficieront pour chaque séance achetée de deux entrées gratuites dans le cinéma de leur choix. D’après Variety, Disney n’a pas vraiment apprécié l’idée mais Universal et Fox seraient intéressés par le projet. Il en irait de même pour Sony. Jeff Blake, ancien vice-président du groupe, aurait d’ailleurs participé à la mise en place de la start-up. Concernant les réalisateurs et producteurs, Steven Spielberg, Peter Jackson, J.J. Abrams, Brian Grazer et Ron Howard soutiendraient aux aussi l’initiative et seraient même actionnaires du projet.
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Ce nouveau service sonnera-t-il le glas des salles obscures ? Non, si l’on en croit les intéressés. Il s’agit pour eux « d’attirer une audience plus âgés que les adolescents et jeunes adultes, (un public) qui ne peut pas aller au cinéma parce qu’il a des responsabilités familiales ». Une réponse qui laisse sceptique et néglige le fait que les salles obscures ne sont pas seulement des écrans de télévisions XXL. Lieu de socialisation, de culture et d’échange, elles sont l’anti-thèse des salons étriqués et des réseaux sociaux où l’on n’interagit avec son prochain que par écran interposé. On peut en outre s’inquiéter pour le nombre d’emplois qu’un tel projet détruirait, car un cinéma c’est avant tout des hommes.
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Reste que depuis 2007 plusieurs initiatives similaires à The Screening Room ont vu le jour. Il existe ainsi déjà VUDU ou encore Prima cinema, service ultra élististe qui pour 500 $ par film vous permet de profiter des dernières nouveautés sans quitter votre canapé. Aucun de ces services ne s’est imposé au niveau mondial. Rien ne garantit donc que la start-up de Sean Parker aura ce qu’il faut pour réussir là où ses aînés ont échoué.