Hardcore Henry de Ilya Naishuller : critique

Publié par Yvan Lozac'hmeur le 11 avril 2016

Synopsis : Vous ne vous souvenez de rien. Votre femme vient de vous ramener à la vie. Elle vous apprend votre nom : Henry. Cinq minutes plus tard, vous êtes la cible d’une armée de mercenaires menée par un puissant chef militaire en quête de domination du monde. Vous parvenez à vous échapper mais votre femme se fait kidnapper. Vous voilà perdu dans un Moscou hostile. Ici tout le monde semble vouloir votre mort. Vous ne pouvez compter sur personne. Sauf peut-être sur le mystérieux Jimmy. Pouvez-vous lui faire confiance ? Arriverez-vous à survivre à ce chaos, sauver votre femme et à faire la lumière sur votre véritable identité ? Bonne chance Henry, vous allez en avoir besoin.

♥♥♥♥♥

 

Hardcore Henry - affiche

Hardcore Henry – affiche

Remarqué pour sa mise en scène du clip Bad Motherfucker du groupe Biting Elbows, entièrement filmé en caméra subjective, Ilya Naishuller s’est vu ouvrir les portes du 7e art et les bras des producteurs pour un projet de long métrage utilisant le même procédé. Si Hardcore Henry n’est pas le premier dans ce domaine – on retient La Dame du Lac de Robert Montgomery (1947) ou encore certaines séquences de Strange Days de Kathryn Bigelow (1995) -, il se révèle un prototype conçu dans l’air du temps, assumant pleinement son affiliation à la sphère du jeu vidéo FPS (first personal shooter). Le réalisateur russe a avoué s’être inspiré de Half life, jeu de tir des studios Valve. De ce point de vue, le spectacle ne déçoit pas ni ne surprend, comme s’il nous proposait une énième campagne solo d’un Call of Duty ou d’un Battlefield, la manette en moins. À l’instar de ces jeux auxquels on reproche souvent un récit trop linéaire et sans réel liberté de mouvement, on peut se sentir frustré de ne pas pouvoir bouger comme on le veut dans ce film d’action et de science-fiction où l’on incarne le héros. De même, la vue subjective se révèle encore assez tremblante en dépit des innovations ; on doit rapidement s’adapter. La technique, prometteuse, reste donc à parfaire. Quant au scénario, il est assez simple, forcément. Les personnages secondaires sont là pour pousser le héros vers un schéma narratif cathartique dont ni lui ni le spectateur ne peuvent pourtant sortir (héritage du FPS). Au-delà du traitement simpliste et un peu macho (sang, sueur et sexualisation outrancière de la femme), ce qui fait défaut à Hardcore Henry, c’est qu’il tente d’esquiver les contraintes du dispositif en caméra subjective. Ainsi, certains éléments comme la perte de la voix, l’absence de miroir pour découvrir le visage du personnage et les interférences informatiques de sa vue, sont présents pour résoudre des problèmes techniques. Hardcore Henry tâtonne encore donc. Mais les scènes de combats, de poursuites, d’escalades et de parkour s’enchaînent à vitesse grand v, donnant une impression de traque bien rendue.

.

Hardcore HenryHardcore HenryHardcore HenryHardcore Henry

.

Comme son titre l’indique, Hardcore Henry est ultime. C’était inévitable dans un Moscou où la mafia est à nos trousses ; sentiment démultiplié dès lors qu’on incarne ce héros en lutte contre des mercenaires qui ont enlevé sa femme (Haley Bennett), et que l’on doit vider chargeurs sur chargeurs et utiliser katanas, battes de baseball, tenailles et autres couteaux. On ne peut détourner les yeux ; la scène de combat final est, à cet égard, assez proche du mémorable bain de sang dans l’église de KINGSMAN (notre critique) : un véritable défouloir. Hardcore Henry joue également avec les frontières entre l’Homme et la Machine, à l’instar d’un Robocop de Verhoeven et d’un Existenz de Cronenberg. Le héros, mi-homme mi-cyborg après un combat contre un scientifique fou, doit veiller à son niveau de charge, brancher des jacks et ports USB dans son torse, régler ses optiques.

.

Le récit soulève certaines questions sur le concept de clone, la projection de la conscience dans un corps étranger ou encore la relation du corps à l’esprit. On regrette toutefois de ne pas avoir quelques instants de répit pour y réfléchir. À ce titre, soulignons le jeu remarquable de Sharlto Copley, transformiste dévoué au jeu de ses multiples copies, qui livre une belle performance dans la peau de Jimmy, un allié d’Henry. La musique très rock’n’roll vient également en renfort et souligne les changements de rythme. Hardcore Henry, produit par Timur Beckmambetov, se révèle ainsi annonciateur du rapprochement entre le cinéma et le jeu vidéo. On se demande toutefois si ce type de représentation exploite vraiment son potentiel en salle obscure, si elle ne serait pas plus efficace en 3D ou projetée dans un casque de réalité virtuelle. Néanmoins, et malgré les défauts techniques certains, ce spectacle offert par Ilya Naishuller parvient quelque peu à nous emporter dans une folie visuelle exutoire.

.

.

.

  • HARDCORE HENRY réalisé par Ilya Naishuller en salles le 13 avril 2016.
  • Avec : Sharlto Copley, Danila Kozlovsky, Haley Bennett, Andrei Dementiev, Tim Roth, Daska Charusha, Svetlana Ustinova, Ilya Naishuller…
  • Scénario : Ilya Naishuller, Will Stewart
  • Production : Timur Bekmambetov, Ilya Naishuller, Inga Vainshtein, Ekaterina Kononenko
  • Photographie : Seva Kaptur, Feodor Lyass, Pavel Kapinos
  • Montage : Steve Mirkovich, Vlad Kaptur
  • Décors : Margarita Ablaeva
  • Costumes : Anna Kudevich
  • Musique : Dasha Charusha
  • Distribution : Metropolitan FilmExport
  • Durée : 1h34

.

Commentaires

A la Une

Beetlejuice Beetlejuice : Michael Keaton de retour dans la peau du bio-exorciste dans une première bande d’annonce

Il aura fallu attendre plus de 35 ans, mais voici enfin Beetlejuice Beetlejuice. La suite du classique de Tim Burton, avec Michael Keaton dans le rôle-titre, se révèle dans une première bande d’annonce.

Alien – Romulus : Le retour de la saga Alien dévoile sa première bande-annonce courte mais prenante

Alien – Romulus marque un retour aux sources avec ce septième opus, dont l’histoire se déroule entre les deux premiers volets de la franchise de science-fiction horrifique.

Furiosa : L’histoire se dévoile un peu plus dans une nouvelle bande d’annonce

La sortie de Furiosa : Une Saga Mad Max approche à grands pas et une nouvelle bande d’annonce nous laisse entrevoir un peu plus l’histoire.

Carrousel Studios : Omar Sy, Louis Leterrier et Thomas Benski lancent une société de production

Cette nouvelle société de production, cofondée par le trio, développera et produira des films et séries pour le marché mondial et s’entourera de talents émergents et confirmés. 

Scream 7 : Neve Campbell fera son grand retour dans le prochain opus de la saga horrifique

Neve Campbell absente du sixième opus retrouvera également le scénariste Kevin Williamson qui réalisera ce septième volet de la franchise.

Nos vidéos

Box OFFICE France

Titre Cette sem. Nbr Sem. Cumul
1 DUNE DEUXIEME PARTIE 560 780 3 2 945 105
2 UNE VIE 176 881 4 1 209 828
3 IL RESTE ENCORE DEMAIN 145 340 1 145 340
4 HEUREUX GAGNANTS 136 628 1 136 628
5 BOLERO 89 612 2 267 336
6 MAISON DE RETRAITE 2 86 021 5 1 397 402
7 BOB MARLEY : ONE LOVE 77 941 5 1 787 658
8 COCORICO 68 696 6 1 810 401
9 14 JOURS POUR ALLER MIEUX 58 195 2 184 873
10 SCANDALEUSEMENT VOTRE 51 921 1 51 921

Source: CBO Box office

Nos Podcasts