Synopsis : Léo est à la recherche du loup sur un grand causse de Lozère lorsqu’il rencontre une bergère, Marie. Quelques mois plus tard, ils ont un enfant. En proie au baby blues, et sans aucune confiance en Léo qui s’en va et puis revient sans prévenir, elle les abandonne tous les deux. Léo se retrouve alors avec un bébé sur les bras. C’est compliqué mais au fond, il aime bien ça. Et pendant ce temps, il ne travaille pas beaucoup, il sombre peu à peu dans la misère. C’est la déchéance sociale qui le ramène vers les causses de Lozère et vers le loup.

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Rester Vertical de Alain Guiraudie

Rien que le titre est significatif de la dynamique du nouveau long métrage d’Alain Guiraudie, enfin présent en compétition officielle au Festival de Cannes. Rester Vertical nous replonge ainsi dans l’univers décalé du cinéaste de L’INCONNU DU LAC (notre critique), prix de la mise en scène à Un Certain Regard en 2013, et du Roi de l’Evasion, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en 2009. Il signe une tragicomédie cinglante et cruelle abordant avec brio de nombreuses thématiques, qui sont les maux de la société contemporaine. La solitude, la paternité, la famille, les pulsions sexuelles, l’homosexualité toujours, les femmes aussi et surtout l’effondrement social se succèdent dans ce récit empreint de gravité, habilement mené comme une sorte de road trip existentiel. Guiraudie nous présente des personnages improbables, sortis de nulle part, dont les rapports entre eux sont complexes et ambigus. À commencer par l’acteur Damien Bonnard, qui incarne notre héros. D’abord filmé en vue subjective au volant de sa voiture, il apparaît ensuite ; on ignore qui il est et d’où il vient, mais il décide de s’arrêter sur cette route en interpelant sur le bas-côté un jeune éphèbe : ‘Vous n’avez jamais pensé à faire du cinéma?’. Le ton est donné, ou presque. Car on suit dès lors les errements de cet homme, un scénariste en manque d’inspiration, parti en quête des loups de Lozère, véritable menace pour les troupeaux dans cette campagne perdue française. Ce personnage semble toujours d’humeur égale, voire même impassible au monde qui l’entoure. Et pourtant, son existence sombre progressivement, dès sa rencontre avec une bergère (India Hair), avec qui il a un enfant, laquelle décide de les quitter, gagnée par le baby blues. Dès lors, les situations cocasses et surréalistes se succèdent : le père de cette dernière quelque peu déviant, les séances avec une phytothérapeute dans les bois, sonnant comme un retour à la nature purificatrice, l’apparition de son producteur qui veut récupérer le scénario qu’il attend inlassablement. Mais aussi les scènes purement frontales : l’accouchement en gros plan, la sodomie avec un vieil homme qui aime écouter Pink Floyd. Ainsi, entre perte de repère, déchéance sociale, mise en abyme et liberté des grands espaces, Alain Guiraudie brosse une galerie de portraits aussi étranges que fascinants dans ce monde où l’invraisemblable côtoie la réalité tragique. Rester Vertical n’a certes pas la flamboyance de L’Inconnu du Lac, mais il est question ici d’un conte sombre et métaphorique, centré sur des hommes – pour la plupart des figures paternelles – qui semblent tous comme des loups les uns pour les autres. Les multiples obsessions du cinéaste nous immergent ainsi davantage dans l’existence absurde de cet homme qui tente, tant bien que mal, de rester fort et debout face à une adversité toujours plus grandissante.

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• RESTER VERTICAL écrit et réalisé Alain Guiraudie en salles le 24 août 2016.
• Avec : Damien Bonnard, India Hair, Raphaël Thiéry, Christian Bouillette, Basile Meilleurat, Laure Calamy, Sébastien Novac…
• Production : Sylvie Pilat, Benoît Quainon
• Photographie : Claire Mathon
• Montage : Jean-Christophe Hym
• Décors : Toma Baqueni
• Costumes : François Labarthe, Adelaïde Le Gras
• Distribution : Les Films du Losange
• Durée : 1h40

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