Synopsis : Quelque part à Bucarest, trois jours après l’attentat contre Charlie Hebdo et quarante jours après la mort de son père, Lary – 40 ans, docteur en médecine – va passer son samedi au sein de la famille réunie à l’occasion de la commémoration du défunt. L’évènement, pourtant, ne se déroule pas comme prévu. Les débats sont vifs, les avis divergent. Forcé à affronter ses peurs et son passé et contraint de reconsidérer la place qu’il occupe à l’intérieur de la famille, Lary sera conduit à dire sa part de vérité.
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Après avoir présenté La Mort de Dante Lazarescu au Festival de Cannes en 2005 où il remporta le prix Un Certain Regard, Cristi Puiu est de retour sur la croisette cette fois en Compétition officielle. Conçu comme un huis clos quasi total, Sieranevada développe un discours vivement critique à l’égard de la société de sa terre natale. Le cinéaste roumain fait de l’appartement de la famille Mirica un véritable théâtre de règlement de comptes familiaux. En partant d’un dialogue engagé sur les attentats de Charlie Hebdo et ceux du 11 septembre, le réalisateur met parallèlement en avant son point de vue idéologique sur l’histoire du communisme. Les différents protagonistes vont donc rapidement se prendre le bec en exprimant chacun leurs opinions dans un certain chaos. En effet, la masse des personnages présentés – la veuve, les fils, les filles, les tantes, etc – baigne dans une forme de confusion permanente et il faut garder les idées claires pour pouvoir identifier le rôle qu’ils jouent au sein de leur petite communauté. Intelligemment Puiu manie avec parcimonie l’humour noir pour aborder ses sujets (l’hommage mortuaire bien sûr, mais aussi la tromperie, le rituel du repas) et faire ainsi passer une pilule pas toujours facile à avaler. L’attente du prêtre censé venir bénir l’appartement apporte de surcroît une touche définitivement drôle à un univers qui ne s’y prête pourtant pas de prime abord. Le choix du huis clos adopté par le cinéaste lui impose une forme de monotonie à la fois artistique et esthétique, même si la mise en scène se révèle être efficace et soignée. La caméra scrute à merveille l’ensemble de la communauté familiale, renvoyant ainsi symboliquement au regard du défunt qui continuerait d’observer ses proches malgré son absence évidemment regrettée. L’ambiance tamisée et calfeutrée de l’appartement permet en outre de donner une forme mélancolique, voire nostalgique, à cette galerie de personnages rendant un hommage maladroit au père disparu. Si les intentions de Puiu s’avèrent limpides, Sieranevada souffre d’une longueur particulièrement excessive (3 heures) et d’un dispositif artistique certes pertinent mais véritablement monotone. On attend l’envolée narrative, autant que l’exaltation, mais celles-ci n’apparaissent jamais. Les acteurs ne semblent également jamais être prompts à transcender un récit mortuaire dont le titre reflète finalement la volonté de Puiu de vouloir à tout prix jouer la carte du symbolisme.
- SIERANEVADA écrit et réalisé par Cristi Puiu, ne dispose pas encore de date en salles.
- Avec Mimi Branescu, Dana Dogaru, Marian Ralea, Marin Grigore, Rolando Matsangos, Tatiana Iekel, Judith State, Ana Ciontea, Sorin Medeleni, Simona Ghita, Bogdan Dumitrache, Cătălina Moga, Valer Dellakeza, Ilona Brezoianu…
- Production : Anca Puiu
- Photographie : Barbu Balasoiu
- Montage : Letitia Stefanescu, Ciprian Cimpoi
- Décors : Cristina Barbu
- Costumes : Maria Pitea, Doina Raducut
- Musique : Bojan Gagic
- Distribution : Wild Bunch
- Durée : 2h53
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