Livre/ Faire un film de Sidney Lumet : critique

Publié par Jacques Demange le 6 octobre 2016

Résumé : Comment choisit-on un scénario ? Qu’est-ce qui détermine le style d’un film ? Comment gérer un tournage en extérieur avec une centaine de figurants ? Que faire pour maintenir la concentration d’un acteur au bout de la dixième prise ? Étape par étape, Sidney Lumet aborde tous les aspects de la création cinématographique, de l’écriture à la post-production : le casting, les répétitions, le choix des décors et des costumes, le tournage et le montage, la conception de la bande-son…, jusqu’au moment fatidique de la première projection. Lumet offre avec ce livre le point de vue rare d’un cinéaste sur son propre travail et sur son art, nourri d’une longue expérience à Hollywood où il a tourné avec les plus grandes stars (de Katharine Hepburn à Al Pacino). À la fois mémoires professionnelles fourmillant d’anecdotes et guide pour apprenti réalisateur, Faire un film est une plongée saisissante dans les coulisses du cinéma.

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Faire un film de Sidney Lumet - covuerture

Faire un film de Sidney Lumet – covuerture

Publié pour la première fois en 1995, Faire un film dissimule par son titre la pluralité de son entreprise. Manuel destiné aux apprentis-réalisateurs, l’ouvrage de Sidney Lumet l’est assurément. Avec précision, l’auteur définit de nombreuses notions techniques, propose à son lecteur certains documents méthodologiques très détaillés (plans de tournage), revient sur la plupart des aspects de son métier en embrassant l’ensemble des étapes de la création d’un film. De la phase d’écriture à la distribution, Lumet décrit avec passion et lucidité la réalité d’une profession pas comme les autres. À l’appui de ses arguments, des exemples tirés de ses propres films. Voilà ce qui constitue la seconde qualité de cet ouvrage aux multiples facettes : la possibilité de découvrir ou redécouvrir l’oeuvre d’un des cinéastes américains les plus doués de sa génération. De 12 hommes en colère (1957) à 7h58 ce samedi-là (2007), Lumet a réalisé plus de quarante longs métrages dont un certain nombre furent dès leurs sorties considérés comme des chefs-d’oeuvre. Le réalisateur revient ainsi sur les coulisses de création de certaines de ses pièces maîtresses pour mieux en expliciter l’efficience émotionnelle. Le soin apporté aux décors du Crime de l’Orient-Express (1974), les modes de captation d’Un après-midi de chien (1975), les jeux de lumières de Daniel (1983), explicitent les enjeux formels de ces films. À l’inverse, les contraintes imposées par les décors urbains de The Wiz (1978) ou les difficultés d’adaptation sous-tendues par le projet des Yeux de Satan (1972) éclairent certaines maladresses de ces semi-échecs artistiques. Car avec Lumet, aucun choix de mise en scène n’est arbitraire, ceux-ci étant toujours conditionnés par l’argument développé par le film. Au fil des pages se révèle un tempérament classique (la structure du récit doit nécessairement commander à la forme du film) emporté par une attitude toute moderne (le refus constant de s’abandonner aux déterminismes psychologiques).

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Autre attrait de ce merveilleux ouvrage, l’humour avec lequel le réalisateur dépeint l’univers du cinéma hollywoodien. On sourit à la lecture de manies proches de la superstition dont font preuve certains membres de l’équipe technique, ou lorsque Lumet exprime ses doutes quant au véritable intérêt des projections-tests. Le ton peut parfois s’alourdir, le rire se teintant de jaune. C’est avec amertume et nostalgie que le cinéaste décrit l’évolution d’une industrie de plus en plus préoccupée par les bénéfices et de moins en moins intéressée par les valeurs artistiques des films qu’elle produit. C’est pourtant le plaisir de tourner qui l’emporte, Lumet décrivant avec engouement ses relations étroites avec de nombreux collaborateurs de création (décorateurs, chef opérateurs, scénaristes, acteurs). Le lecteur découvre alors l’humilité d’un auteur pour lequel le cinéma est d’abord affaire de rencontres et d’entente mutuelle, en dénotent les nombreuses anecdotes dont fourmillent les chapitres. Ajoutons en guise de conclusion que cet ouvrage incontournable profite de l’excellente traduction de Charles Villalon qui n’hésite pas à utiliser les notes en bas de page pour clarifier certaines références pas toujours connues du lectorat français.

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  • FAIRE UN FILM de Sidney Lumet disponible le 6 octobre 2016 aux éditions Capricci.
  • 288 pages
  • Traduction : Charles Villalon
  • 19 €

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