À ceux qui nous ont offensés de Adam Smith : critique

Publié par Erwin Haye le 1 mars 2017

Synopsis : Les Cutler vivent comme des hors-la-loi depuis toujours dans une des plus riches campagnes anglaises, braconnant, cambriolant les résidences secondaires et narguant la police. Luttant pour faire perdurer leur mode de vie, Chad est tiraillé entre les principes archaïques de son père et la volonté de faire le nécessaire pour ses enfants. Mais la police, les traquant sans relâche, l’obligera peut-être à choisir entre sa culture et le bonheur des siens.

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A ceux qui nous ont offenses - affiche de Adam Smith

A ceux qui nous ont offenses – affiche de Adam Smith

« Chez ces gens-là, Monsieur, on ne s’en va pas … On prie, on triche, on compte. ». Ces quelques paroles de la musique de Jacques Brel, ici réarrangées pour l’occasion, se prêtent assez bien à la trame narrative du film d’Adam Smith. À ceux qui nous ont offensés met en scène le quotidien d’une famille de marginaux isolés de la société et expose les multiples affrontements idéologiques entre un père et son fils. Le patriarche veut faire de son descendant le digne héritier de son clan. Ce dernier refuse de reprendre un quelconque flambeau et compte s’en aller afin de commencer une nouvelle vie avec sa femme et ses enfants dans un monde plus « civilisé ». Tout commence dans les pages d’un journal feuilleté par Alastair Siddons. En parcourant la rubrique des faits divers, le scénariste tombe sur un récit incroyable et pourtant vrai. Il y a quelques années dans la région huppée des Costwolds au sud-ouest de l’Angleterre, une famille semait la terreur en cambriolant les maisons aux alentours de leur camp. Dans cette vaste affaire, le clan était accusé d’être responsable de près de 65% des crimes et délits commis dans ce comté ordinairement paisible de la campagne anglaise. Passionné par le contenu de cet article, Siddons confie à Adam Smith son désir d’adapter cette histoire sur grand écran. Réalisateur attitré des clips musicaux et des concerts filmés du groupe The Chemical Brothers et crédité à la mise en scène de quelques épisodes de séries produites par la télévision britannique (Doctor Who, Skins), Adam Smith signe son premier long métrage de fiction. Il est important de souligner le mot « fiction » car d’abord pensé comme un documentaire, À ceux qui nous ont offensés est avant tout un film d’action rythmé, touchant et captivant. De plus, agrémenté d’une dimension sociale et comportant des traits naturalistes.

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A ceux qui nous ont offenses

À ceux qui nous ont offensés

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Si la fiction stylise indubitablement le réalisme des actions, quelques éléments démontrent un mimétisme convaincant dans le jeu des acteurs. Pour une oeuvre portant sur la communauté des gens du voyage, le port du traditionnel et très cliché de la tenue survêtement-sandales-chaîne en or ne suffisait pas. Heureusement, en travaillant un accent et un dialecte propres à cette communauté et à cette région de l’Angleterre, les acteurs rajoutent un supplément d’âme qui nous fait davantage adhérer au récit. Une performance à remarquer, surtout pour Michael Fassbender (germano-irlandais) et Brendan Gleeson (irlandais), qui doivent également surmonter leur notoriété d’acteur connu et reconnu pour se glisser dans la peau de nomades provenant d’une province reculée de Grande-Bretagne. D’ailleurs, fidèles à leurs habitudes, ces deux derniers portent le film. La guerre des générations installée entre les deux personnages qu’ils incarnent est passionnante. Dommage cependant que la force du duo en vienne à phagocyter le rôle des personnages secondaires, à l’image de Lyndsey Marshal (Kelly Cutler), que l’on aimerait voir peser davantage dans l’histoire.

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A ceux qui nous ont offenses

À ceux qui nous ont offensés (Tresspass against us)

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Bien qu’assez académique, la mise en scène est efficace. Adam Smith a révélé que pour ce film, il s’était inspiré de Chat noir, chat blanc. Si l’on cherche encore le lien avec la comédie noire d’Emir Kusturica, qui évoque certes le même sujet mais dans un registre complètement différent, il faut néanmoins saluer la complémentarité entre le réalisateur et le scénariste. Les petites trouvailles scénaristiques d’Alastair Siddons viennent enjoliver la réalisation d’Adam Smith et inversement quand le cinéaste vient magnifier par ses images la poésie présente dans l’écriture du scénariste. Tom Rowlands, moitié du groupe The Chemical Brothers, se rajoute pour former un trio gagnant avec sa musique originale inspirée et surprenante. Avec un sujet aussi rude et sensible, Adam Smith et Alastair Siddons réussissent à poser un regard juste et sans préjugés sur une communauté souffrant, selon eux, d’une des « dernières formes de racisme acceptée en Grande-Bretagne ».

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A ceux qui nous ont offenses

À ceux qui nous ont offensés

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À travers le personnage de Chad Cutler, joué par Michael Fassbender, À ceux qui nous ont offensés montre le chemin de croix maladroit d’un homme qui veut s’intégrer à la société tout en gardant un attachement à ses racines. D’apparence libre, il est finalement pris dans un étau, entre deux feux, retenu par cette imposante figure paternelle qui l’a coupé du monde depuis toujours et poussé à la faute par les lois qu’il lui a dicté tout au long de sa vie. Refoulé par son père pour son progressisme, rejeté par une population qui le considère comme un sauvage, inadapté et dangereux pour la vie en société, Chad subit à ses dépends le sort des apatrides qu’aucune terre ne veut recueillir. Sa situation fait écho à la triste actualité, celle de ces milliers de personnes franchissant l’Europe à la recherche d’une terre plus hospitalière. En ce sens, À ceux qui nous ont offensés pose deux questions majeures, celles du degré d’acceptation et de la capacité d’acculturation d’un individu dans une société qui lui est nouvelle.

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  • À CEUX QUI NOUS ONT OFFENSÉS (Tresspass against us) réalisé par Adam Smith en salles le 1er mars 2017.
  • Avec : Michael Fassbender, Brendan Gleeson, Lyndsey Marshal, Georgie Smith, Rory Kinnear, Killian Scott…
  • Scénario : Alastair Siddons
  • Production : Andrea Calderwood, Gail Egan, Alastair Siddons
  • Photographie : Edu Grau
  • Montage : Kristina Hetherington, Jake Roberts
  • Décors : Nick Palmer, Steve Phillips
  • Costumes : Suzanne Cave
  • Musique :Tom Rowlands de The Chemical Brothers
  • Distribution : The Jokers Films
  • Durée : 1h38

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