Synopsis : Hymne à la Nature et à l’Univers, Voyage of Time s’interroge sur le rôle de l’Homme dans le futur. Après ces temps infinis, quel est le sens de notre passage sur Terre ?
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Revisiter la création du monde en une heure et demie, est-ce vraiment pertinent ? C’est du moins à quoi s’attèle Terrence Malick avec Voyage of Time, dont la projection unique du 4 mai prochain risque de créer une certaine attente parmi les cinéphiles français. Récit mythologique qui raconte une histoire sacrée et réelle, selon une définition célèbre de Mircea Eliade, Voyage of Time met en avant les exploits de la Terre, vue comme une Nature immanente qui viendrait remplacer un Dieu transcendant et omnipotent. On retrouve ces images premières qui portaient Tree of Life (2010) et son récit familial dans une dimension anthropologique et cosmologique englobante et fascinante, où le microscopique finit par côtoyer le macroscopique, brouillant ainsi les frontières de cadres spatio-temporels établis. Narrée par Cate Blanchett dans une version commerciale (Brad Pitt se chargeant de la version en IMAX), la voix-off délivre, comme une ode à la Nature, son message écologique dans une pure prose malickienne qui interroge sa richesse, son immanence et son silence. Mais la seule et unique réponse se situe dans ses images du monde, dans ces paysages mystérieux et fantastiques, le regard d’un enfant, le reflet d’un homme, cette perpétuelle rencontre entre l’Être et la Nature. Les images de Malick, et de son chef opérateur Paul Atkins, sont belles et variées, animées par une richesse formelle (qualité compositionnelle) et une richesse de contenu (faune et flore réunies) rares dans ce type d’exercice institutionnel.
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Véritable hommage à notre « Mère » à tous, Voyage of Time intrigue au-delà de son penchant écologique et de son caractère documentaire, sorte de version 2.0 de ce que peut produire la chaîne National Geographic. Évidemment, ce qui reste à la fin, ce n’est pas le bestiaire préhistorique reconstitué en CGI ou les mammifères marins, c’est sa manière de spiritualiser chacun des êtres vivants (organique, végétal, animal) qui peuplent la Terre. C’est de confronter la douceur et la plénitude de certaines images avec l’irruption d’une violence toute aussi incroyable et puissante dans d’autres. C’est cette idée que la frontière entre Nature et Culture – toutes ces images collectées furtivement par Malick dans différentes cultures à travers le globe depuis les années 1970 – est d’une porosité surprenante, presque palpable dans certaines d’entre elles. C’est également cette dialectique (nature/culture, immanence/transcendance) qui, chez Malick, repose sur la rencontre d’éléments contraires et se manifeste par des images mystérieuses à la douceur incandescente. Son esthétique envoutante semble d’une racine presque « sur-naturelle » tout comme l’est finalement l’activité créatrice de la Terre, à la fois magnifique et destructrice, fondant le Monde et l’Homme tels qu’ils sont aujourd’hui, à bout de souffle par moments, mais d’une ressource infinie et inimaginable.
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Véritable expérience suprasensible, Voyage of time possède une écriture fragmentaire, une forme presque de puzzle qui, malgré la chronologie scientifique qui est celle de l’évolution du monde, confère à ces images une évocation plus personnelle et intime liée aux affects enfouis en chacun d’entre nous. Par-delà l’universalité de son propos, Malick nourrit largement son documentaire d’images indécelables et indéfinissables autrement que par notre propre imaginaire.
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- VOYAGE OF TIME : AU FIL DE LA VIE (Voyage of Time : Life’s Journey) écrit et réalisé par Terrence Malick en salles le 4 mai 2017.
- Avec : Cate Blanchett
- Producteur : Brad Pitt, Dede Gardner, Nicolas Gonda,Sarah Green, Donald Rosenfeld, Andreas Roald,…
- Photographie : Paul Atkins
- Montage : Keith Fraase
- Direction Artistique : Ruth De Jong
- Musique : Ennio Morricone
- Distributeur : Mars Films
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